Hôtellerie-restauration : trois graphiques pour comprendre pourquoi la main-d’œuvre manque tant

Hôtellerie-restauration : trois graphiques pour comprendre pourquoi la main-d’œuvre manque tant


Le secteur de l’hôtellerie-restauration a perdu 237 000 salariés entre février 2020 et février 2021. Dans des données publiées ce mercredi 29 septembre, la Dares, l’un des principaux fournisseurs de données statistiques sur le travail, montre que ce phénomène s’est accentué avec la crise du Covid-19.

Hôtellerie-restauration : trois graphiques pour comprendre pourquoi la main-d’œuvre manque tant



Près d’un million de personnes travaillaient dans le secteur de l’hôtellerie-restauration en février 2021, contre 1,3 million un an auparavant, soit une baisse de 237 000 salariés, survenue durant les longs mois de crise sanitaire. Avant l’arrivée du Covid-19, le secteur observait plutôt une croissance de ses effectifs, avec 50 000 travailleurs supplémentaires par an, entre 2018 et 2020, selon une publication de la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) parue ce mercredi 29 septembre

Réallocation des salariés du secteur de l’hébergement-restauration (H-R)

Un recul lié essentiellement aux difficultés d’embauche

Selon la direction des recherches, cette diminution du personnel s’explique principalement par « le moindre recrutement de nouveaux salariés ». Entre février 2020 et février 2021, mois de référence fixé par l’étude, quelque 213 000 personnes sont entrées sur le marché. À titre de comparaison, le nombre des nouveaux entrants annuels s’élevait à 400 000 personnes entre 2019 et 2020 et entre 2018 et 2019. Soit une diminution de moitié au cours de l’année écoulée.

Les perturbations liées à la pandémie et les épisodes de confinements n’ont sûrement pas aidé à séduire de nouveaux salariés, mais cela n’explique pas tout le phénomène. En termes d’attractivité, les rémunérations du secteur « ne sont pas à la hauteur », juge la ministre du Travail Élisabeth Borne, le 3 septembre au micro de France Inter.

Le salaire mensuel brut moyen dans le secteur de l’hôtellerie-restauration s’élève à 1 810 €, contre 2 460 € en moyenne dans les autres branches.

Interrogée le 19 septembre par Radio J, au sujet des tensions qui planent sur le secteur, la ministre du Travail a évoqué des avancées attendues dans les prochains mois. « J’attends de ce secteur qu’il puisse nous présenter une feuille de route, avec un calendrier, et qu’il y ait des avancées concrètes pour les salariés du secteur, très rapidement, très clairement, avant la fin de l’année », a ainsi indiqué Élisabeth Borne.

De fortes difficultés de recrutement avec la levée des restrictions sanitaires en 2021

Fin juin 2021, avec le redémarrage de l’activité et la levée progressive des contraintes sanitaires, les difficultés de recrutement bondissent dans le secteur : 3 salariés sur 10 travaillent dans des entreprises qui signalent un manque de personnel et 1 salarié sur 10 dans des entreprises qui attribuent cette situation au départ non anticipé de salariés placés en activité partielle3. De fait, en juillet 2021, les démissions et licenciements pour motif personnel (qui comprennent les licenciements pour abandon de poste) y sont élevés pour un début d’été (graphiques 2a et 2b).

Dans le même temps, l’emploi dans le secteur se redresse fortement au deuxième trimestre 2021 (+118 300 emplois entre mars et juin) et le nombre de demandeurs d’emploi dans les métiers de l’hôtellerie-restauration s’établit en juillet 3 % en deçà de son niveau d’avant crise.

Au final, entre février 2020 et février 2021, 21 000 salariés de plus que l’année précédente ont quitté l’hébergement-restauration pour un autre secteur et 25 000 ont cumulé pendant la période de fermeture leur indemnité d’activité partielle avec un autre contrat débuté après le deuxième confinement. Ainsi, 46 000 salariés étaient potentiellement indisponibles au moment de la réouverture des hôtels et restaurants. Au-delà de ces deux phénomènes, l’hébergement-restauration est surtout confronté au besoin de recruter les 200 000 salariés qui rejoignent généralement son secteur et qui n’ont pas pu le faire compte tenu de la crise sanitaire.


1 – Les sorties de l’emploi salarié privé recouvrent le non-salariat, les emplois dans la fonction publique, le chômage et les sorties du marché du travail (retraite, arrêt d’activité pour raisons personnelles, décès, etc.).

2 – Source : Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) – SI APART.

3 – Source : Dares, Activité et conditions d’emploi de la main-d’oeuvre (Acemo) pendant la crise sanitaire Covid-19 : résultats de l’Enquête flash – juillet 2021 (entreprises de 10 salariés ou plus).

 

Parallèlement à cela, 450 000 salariés ont quitté la profession entre février 2020 et février 2021. Une valeur en hausse de 71 000 personnes par rapport à l’année 2019-2020, au cours de laquelle 379 000 personnes ont cessé de travailler dans le secteur.

Parmi les 450 000 sortants, 149 000 personnes ont rejoint, entre-temps, un autre secteur privé. Le reste a quitté le champ de l’emploi salarié, précise la Dares. « Dans ce contexte, à l’été 2021, les difficultés de recrutement se sont nettement accrues. »

Des démissions plus élevées que les deux années précédentes
En juillet, 33 800 salariés du secteur ont démissionné de leur poste. Un chiffre élevé pour un début d’été. Comparativement, 21 200 démissions avaient été données sur le même mois en 2020, et 29 800 en 2019.

Toujours d’après la Dares, les chiffres sont également plus importants du côté des licenciements pour motif personnel, qui comprennent les licenciements pour abandon de poste. 14 900 salariés ont été concernés en juillet 2021. En juillet 2020, ce phénomène concernait 10 300 personnes, et 12 400 en 2019.

Source Ouest France 

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