"Après les attentats, j'ai perdu 40 000 euros en 4 jours"

Reste que le cas d'Evelyne Maes est loin d'être isolé. Avec les concerts et les spectacles annulés, les salons professionnels reportés comme celui des Maires de France qui se tiendra finalement en mai prochain, les hôteliers parisiens font grise mine.

“Après les attentats, j’ai perdu 40 000 euros en 4 jours”

 

Un cordon de sécurité autour de l’hôtel Molitor qui hébergeait l’équipe d’Allemagne de football le 13 novembre dernier, jour des attentats.

"Après les attentats, j'ai perdu 40 000 euros en 4 jours"
Quinze jours après les attentats, le secteur parisien de l’hôtellerie peine à retrouver une vie normale. La faute aux nombreuses annulations (jusqu’à -40%) des touristes français comme étrangers. Et à la clientèle d’affaires qui diffère ses déplacements.

-40%, -30%, -25%… Ce ne sont pas les soldes mais la brutale chute de la fréquentation des hôtels parisiens après les attentats. Dès le samedi 14 novembre, les annulations se sont multipliées au standard des réceptions. Sur les 70 chambres de son établissement situé près de la Porte de Versailles (15e), Evelyne Maes n’avait plus que 30 chambres d’occupées le week-end des attaques.

Entre les annulations de dernière minute, et celles des fêtes de fin d’année, “j’ai perdu 40 000 euros en 4 jours”, calcule cette hôtelière présente dans la capitale depuis de nombreuses années. Comme ses collègues de l’Union des métiers et industries hôtelières (UMIH), principale organisation patronale de l’hôtellerie-restauration, elle jongle entre “quelques réservations” et “beaucoup d’annulations”.

“La fin d’année va être très compliquée”
Dans son hôtel de la rue de Vaugirard, Evelyne Maes souffre presque autant des annulations de sa clientèle d’affaires que des touristes. “Le week-end, c’est désespérément vide, les provinciaux qui montaient à la capitale pour un spectacle, qui restaient le week-end et repartaient le dimanche, on ne les voit plus.” Et c’est pareil chez ses collègues du quartier Saint-Lazare ou de la Gare du Nord. “On assiste à un phénomène de peur généralisée, la fin de l’année va être très compliquée”, anticipe la gérante, qui, pour faire face aux variations d’activité, a même demandé à une partie de son équipe de prendre des congés.

“Il faut les féliciter. Tout le monde est très compréhensif. Ils savent que l’on travaille quand on a des clients. Si je n’avais pas pu les mettre en congés, on aurait peut être dû recourir à du chômage technique. Ils font beaucoup d’effort”, note la gérante. Surtout qu’une bonne partie de son équipe habite en banlieue et fait parfois “deux à trois heures de transport par jour dans des conditions compliquées en ce moment”.

 

Reste que le cas d’Evelyne Maes est loin d’être isolé. Avec les concerts et les spectacles annulés, les salons professionnels reportés comme celui des Maires de France qui se tiendra finalement en mai prochain, les hôteliers parisiens font grise mine.

La COP 21, “une bouffée d’oxygène”
Dès lors, ils scrutent leurs écrans et observent le balai des chefs d’Etat et de gouvernement qui se succèdent au Bourget. Au-delà de l’évènement, c’est le signe qui sera envoyé à la planète qui importe. Si Paris peut accueillir des personnalités en toute sécurité, les touristes peuvent faire de même. D’ailleurs, ce mardi matin, Manuel Valls les a exhorté à revenir. “Venez à Paris, les conditions de sécurité sont assurées!”, a lancé le chef du gouvernement sur Europe 1. Un “message à tous ces touristes qui ont annulé ces derniers jours leur déplacement à Paris”.

"Après les attentats, j'ai perdu 40 000 euros en 4 jours"

INDICATEURS – “Comment évolue la situation des hôtels en France, jour après jour?”hospitality-on.com / Lexpress.fr

 

Et la COP 21 semble commencer à porter ses fruits. “Sur la seule journée du dimanche 29 novembre, par rapport au dimanche équivalent de 2014, le taux d’occupation parisien gagne plus de 6 points et le prix moyen bondit de quelque 58%”, assure le cabinet MKG qui mesure l’activité hôtelière dans la capitale. “Dans un contexte tristement perturbé, cet événement exceptionnel vient ponctuellement compenser les pertes considérables de chiffre d’affaires accumulées depuis deux semaines, sans parler des annulations des séjours de fin d’année”, explique Georges Panayotis, PDG de MKG, cité dans un communiqué.

Selon lui, “c’est une bouffée d’oxygène pour le marché parisien, qui est d’autant plus bienvenue qu’elle devrait durer plusieurs jours et que le climat économique de ces derniers temps était particulièrement morose pour les professionnels du tourisme”. Seulement, ce sont surtout les établissements haut de gamme (4, 5 étoiles et palaces) qui tirent leur épingle du jeu avec la COP 21. Pour l’hôtellerie économique et milieu de gamme, l’incertitude continue. “J’ai un groupe de 28 chambres qui n’est pas venu et n’a même pas pris la peine d’annuler, relève Evelyne Maes. Dans le secteur, on pense qu’on en a pour trois à six mois”. La dépression continue.

 

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