Le tribunal de commerce de Marseille auditionne lundi et mardi les candidats à la reprise du groupe hôtelier. Ce dernier fait l’objet d’offres de reprise globale, impliquant des poids lourds de l’investissement immobilier et des « pros » de l’hôtellerie, alors que la justice enquête sur sa déconfiture.

Le règlement de l’épineux dossier Maranatha entre dans une nouvelle phase : les candidats à la reprise du cinquième groupe hôtelier français, placé en  redressement judiciaire à l’automne dernier par le tribunal de commerce de Marseille, seront entendus lundi et mardi par la justice consulaire. Au coeur du dossier : un parc de 52 hôtels de catégories moyen ou haut de gamme, mais aussi un passif d’au moins 700 millions d’euros, et quelque 6.000 investisseurs représentés par près de 200 sociétés.

Convoitises

En dépit de sa complexité,  la galaxie Maranatha a, comme attendu, suscité bien des convoitises avec notamment cinq offres fermes de reprise globale au terme de la phase de dépôt, le 11 juillet au soir. Si les protagonistes concernés étaient déjà sur les rangs, l’épilogue de cette même période a donné lieu à quelques changements significatifs.

Trois des candidats déclarés se sont finalement regroupés autour d’une offre commune, chacun visant un actif spécifique de Maranatha : il s’agit du groupe hôtelier familial Paris Inn, qui cible sa société d’exploitation ; d’Apollo, un géant américain du capital-investissement, lequel s’intéresse aux six établissements de prestige Les Hôtels du Roy ; enfin de la société de gestion 123 IM qui convoite le pôle dit « historique » de Maranatha.

En parallèle, Colony NorthStar a confirmé son intérêt pour l’ensemble du groupe, avec l’appui d’AccorHotels en tant qu’opérateur, et non plus co-investisseur également comme il avait été initialement envisagé. En outre, deux autres duos figurent toujours dans la course, l’un composé de Tikehau Capital et de Gilles Douillard, un professionnel de l’hôtellerie-restauration, l’autre d’Attestor Capital et de Loxi Hospitality, un spécialiste de la gestion d’actifs immobiliers hôteliers et conseil à l’investissement.

Nouvelle étape clef pour la reprise de Maranatha

Par ailleurs, Algonquin, un investisseur et opérateur hôtelier, et Benson Elliot, une société britannique de capital-investissement versée dans l’immobilier, ont fait cause commune, une fois de plus, les deux partenaires ayant déjà fait des acquisitions de concert. Ce dossier complexe, qui fait de surcroît l’objet d’une enquête judiciaire, a donc mobilisé de sacrés « clients ».

Elément clef

Dans ce contexte, le portefeuille Les Hôtels du Roy apparaît toujours plus comme un élément clef. Cale Street, une société d’investissement dans l’immobilier adossée au fonds souverain du Koweit, détient une créance de 275 millions d’euros (près de 300 millions avec les intérêts) et compte récupérer sans tarder sa mise. D’où la conclusion d’un protocole d’accord séparé avec certains candidats. Un scénario auquel Attestor n’a pas souscrit pour mieux traiter les investisseurs-épargnants.

De fait, ces derniers auront leur mot à dire puisque le projet de reprise retenu par le tribunal de commerce devra être validé par les assemblées générales des sociétés portant les actifs. Et le dossier est d’autant plus complexe que la brigade financière de Marseille « planche » sur le système Maranatha lequel a donné lieu à  diverses levées de fonds pour développer rapidement son parc .

Banqueroute

Or, comme l’indique une ordonnance du 6 juillet du tribunal de commerce, le parquet a non seulement fait savoir que « les investisseurs ne pourront pas être lésés » mais aussi « que des éléments de qualification de l’infraction de banqueroute et de complicité de banqueroute sont susceptibles d’être recherchés dans ce dossier. » En substance, l’apport de Cale Street pourrait être passé au crible.

Christophe Palierse
@cpalierse