Une Bretonne sacrée meilleure chef du monde

Celle qui a grandi en région parisienne, à Versailles et Meudon, avoue volontiers que ses parents d’adoption, d’origine bretonne, lui ont apporté ce goût pour la gastronomie.

Une Bretonne sacrée meilleure chef du monde

La plus américaine des Françaises vient d’obtenir le titre de meilleure femme chef du monde aux World’s 50 Best Awards. Avec deux étoiles pour son premier restaurant, l’Atelier Crenn à San Francisco, elle a ouvert il y a un an Le Petit Crenn, en hommage à ses origines bretonnes, toujours à San Francisco.

 

La chef d’origine bretonne Dominique Crenn vient de recevoir la récompense de meilleure chef femme au monde. (Photo : FlickR)

La chef d’origine bretonne Dominique Crenn vient de recevoir la récompense de meilleure chef femme au monde. (Photo : FlickR)

Cheveux noirs, courts. Dynamique, franche. Un léger accent américain lorsqu’elle parle français. C’est Dominique Crenn, 51 ans, la plus américaine des chefs françaises. La première femme à avoir obtenu deux étoiles au Michelin aux États-Unis pour son restaurant de San Francisco, Atelier Crenn, ouvert en 2011.

Elle dit d’elle qu’elle ne savait pas peindre et que la cuisine lui a donné l’opportunité de s’exprimer : « Dans mon restaurant, vous mangez des poèmes. »

Après Hélène Darroze et Anne-Sophie Pic

C’est donc sans surprise qu’elle a obtenu, mercredi 27 avril, le prix de la meilleure femme chef au monde, attribué par les World’s 50 Best Awards. Elle rafle donc la mise après d’autres françaises comme Hélène Darroze en 2015 et Anne-Sophie Pic en 2011.

Une Bretonne sacrée meilleure chef du monde

Dominique Crenn en compagnie du chef Jacques Sorci, lors d’une soirée à New York. (Photo : Ben Gabbe/AFP)

Celle qui a grandi en région parisienne, à Versailles et Meudon, avoue volontiers que ses parents d’adoption, d’origine bretonne, lui ont apporté ce goût pour la gastronomie. « Mon père était un politicien respecté. À 8 ans, je lui ai dit : « Ouah, tu vas avec le président, des gens connus… Quel succès ! » Il m’a arrêtée net : « Ce n’est pas ça le succès, mais ce que tu donnes aux gens ». Je n’ai pas compris sur le coup. »

Avec le meilleur ami de son père et son père, elle fait le tour des restaurants étoilés dès son plus jeune âge. Son palais est rapidement initié. Elle n’hésite pas non plus à souligner le goût de sa mère pour l’art culinaire.

 

Un triskel tatoué sur l’avant-bras

Celle qui s’est fait tatouer un triskel (symbole d’origine celtique) sur l’avant-bras gauche a d’ailleurs ouvert, l’an dernier, un deuxième restaurant en hommage à sa mère et sa grand-mère et dont le menu fleure bon le Sud-Finistère. Le Petit Crenn, toujours à San Francisco, mise sur le beurre salé, les crêpes, le poisson et les petits légumes frais. Un clin d’œil aux plats dont elle se régalait petite dans la maison familiale de Locronan.

« La cuisine de ma mère et l’humilité de la Bretagne font partie de mon ADN et j’aime y retourner, comme un retour dans le passé, lorsque j’étais enfant », raconte-t-elle au magazine gastronomique Fine Dining Lovers.

Une Bretonne sacrée meilleure chef du monde

Dominique Crenn lors de sa participation à l’émission All Star Chef Classic. (Photo : Rebecca Sap/AFP)

Malgré son envie d’être chef, dès l’âge de 8 ans son parcours sera semé d’embûches. Ses parents d’abord. Ils souhaitent qu’elle fasse des études : « En tant que bonne fille, j’ai fait des études… »

Elle a pourtant bien tenté d’entrer dans une école de cuisine en France, mais on lui a rapidement fait comprendre qu’elle n’était pas à sa place. « Quand je me suis présentée dans les écoles, on m’a dit : c’est un monde d’hommes. Ça m’a énervée. »

 

Au culot, au restaurant Stars

Sa licence d’économie en poche, elle atterrit finalement à San Francisco. Sa volonté aura raison des préjugés et son exil outre-Atlantique y sera sans doute pour beaucoup. « La première chose que j’ai faite, c’est de chercher qui était le meilleur chef sur place. »

Une Bretonne sacrée meilleure chef du monde

Dominique Crenn en plein travail. (Photo : Ben Gabbe/AFP)

Au culot, elle se présente devant Jeremiah Tower, chef à l’époque au Stars. Elle y restera une dizaine d’années, avant de s’exiler à Jakarta en Indonésie. Un an plus tard, retour aux États-Unis. Avant d’ouvrir son propre restaurant, elle fera ses classes, entre autres, au restaurant Luce où elle gagnera sa première étoile.

« Quand elle parle, elle fait mouche. C’est une main de fer dans un gant de velours », disait d’elle Philippe Etchebest dans la saison 7 de l’émission de télévision Top Chef sur M6, à laquelle elle avait participé.

Respectée par la profession, elle se réjouit d’avoir obtenu ce prix qui lui sera remis en juin à New York. Elle espère tout de même qu’un jour ce trophée perde, dans son intitulé, le mot « femme » : « Pour l’instant, nous avons besoin, en tant que femmes, de ce prix, admet-elle dans le magazine gastronomique Grub Street. J’espère que dans quelques années, et j’en suis certaine, il n’existera plus qu’un prix du meilleur chef au monde. En attendant, c’est important de faire savoir qu’il y a des femmes chefs qui font de belles choses ! »

Ouest france

Partgagez

Plus d'articles

Ecrivez-nous