Paris : la chaise, élément important du succès des terrasses de café

Paris : la chaise, élément important du succès des terrasses de café

 

À Saint-Germain-des-Prés (Paris), la tradition des terrasses de café perdure. Ici, personne n’a oublié l’époque où Juliette Gréco et Jean-Paul Sartre défrayaient la chronique et où tout Paris se bousculait. Une tradition encore bien présente aujourd’hui. Tous les matins, l’écrivain Élie Ayache est le premier à venir prendre place dans ce café du quartier.

Paris : la chaise, élément important du succès des terrasses de café

Un succès qui remonte à 1840

Car ici, chaque client a son petit rituel. Le succès de ces terrasses doit beaucoup au confort des chaises de bistrot. Des chaises fabriquées souvent à Villemer (Seine-et-Marne). Dans les ateliers, les fibres de rotin constituent l’armature des chaises : elles sont façonnées à la main. Comptez 350 euros pièce, car elles nécessitent cinq heures de travail et passent entre les mains de huit artisans. Mais à quand remonte cette tradition ? C’est en 1840 que le Palais Royal disparait du centre de Paris et que les grands boulevards prennent le relais : un nombre incalculable de cafés avec terrasses voient alors le jour.

Depuis les années 1920, les chaises en rotin de la maison Gattin font partie du décor des bistrots français. Sous la houlette des frères Maugrion, elles continuent à tenir le haut du pavé.
Les fameuses chaises en rotin de nos bistrots
Légères, inusables, élégantes, les chaises en rotin tressé ont connu une grande vogue sur les terrasses de Paris dès le début du XXe siècle. Les artisans rotiniers étaient alors très nombreux en France. Aujourd’hui, le pays ne compte plus que deux ateliers dont celui de l’illustre Maison Gatti.

Depuis sa création en 1920 par Joseph Gatti, son équipe restaure et fabrique des assises destinées aux professionnels mais aussi aux particuliers sensibles à leur style rétro. Garant d’un savoir-faire minutieux, l’atelier a été repris en 1992 par Hervé et Benoît Maugrion. Les frères ont reçu l’enseignement de la dernière héritière Gatti qui leur a confié non seulement ses secrets de fabrication mais aussi la liste de son illustre clientèle, fidèle depuis des décennies.

Dans tous les quartiers de Paris, on repère ces sièges dont l’authenticité est signée par un macaron estampillé « Maison Gatti », fixé à l’arrière de chaque modèle.

Grâce à une palette de plus de 28 couleurs et 30 cannages, la plupart des enseignes ont pu acquérir des modèles exclusifs : du Georges V au Dôme en passant par le café de l’Opéra, on compte, rien que dans la capitale, plus de trois cents bistrots véritables ambassadeurs de ces chaises indétrônables.

Les commandes affluent aussi de l’étranger, friand de ces symboles d’une déco à la française. « Elles représentent l’ art de vivre à la parisienne et les Américains en raffolent », précise Hervé. Pourtant, la concurrence asiatique est rude mais pour les puristes aucune copie ne vaut la qualité et la résistance hors pair d’une Gatti.

Dès l’arrivée du printemps, l’atelier prend des allures de fourmilière car toutes les commandes affluent en même temps. Mais pour rien au monde les artisans de la Maison Gatti ne relâcheraient leur vigilance. Le même soin est apporté aux principes d’assemblages et de finitions qui ont fait la réputation de la maison.

Au fond de l’atelier, l’artisan extrait une tige en rotin encore fumante du four à vapeur et alors très malléable ; il la forme sur un moule d’assemblage et elle prend la forme désirée. Dans « L’atelier des femmes », sur un châssis en hêtre, le tressage du cannage commence. Les lanières se croisent et les motifs géométriques naissent au bout des doigts.

Paris : la chaise, élément important du succès des terrasses de café

Depuis les années 1950, le rotin a été remplacé par des lanières de rislan (fibres en polyamide d’origine végétale) plus souple et d’une grande longévité. Mais le rotin, importé de pays tropicaux, continue a être utilisé pour l’ossature de la chaise : le Malacca, ou le Manille, le Loonty ou le Sarawak pour les finitions. Les accoudoirs sont ainsi renforcés avec une bordure extérieure en lanière loonty, fixée une à une à chaque extrémité avec des petits clous dorés.

Ultime étape ? Le modèle est entièrement verni pour résister aux chocs et aux intempéries. Véritable travail d’orfèvrerie, chaque chaise nécessite ainsi cinq à huit heures de travail. Un savoir- faire si rare que la maison Gatti vient de recevoir officiellement le label « Entreprise du patrimoine vivant ».

Maison Gatti, 140, route de Fontainebleau, 77250 Villemer. Tél. : 01 64 29 11 84.

Maison GATTI

Maison et Travaux

 

 

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