Agroalimentaire : employés cherchent reconnaissance salariale
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- Par Sudouest.fr avec AFP
- Publié le 27/02/2022 à 8h49
Salués jusqu’au sommet de l’État pour avoir continué à produire au plus fort de la crise sanitaire, les salariés de l’agroalimentaire espéraient une reconnaissance sur leur fiche de paie. Mais la revalorisation se fait attendre.
Devant un centre commercial géant du XVe arrondissement de Paris, Tatiana Fournier, employée depuis 11 ans par le géant de la viande Bigard, est venue manifester aux côtés d’autres salariés « essentiels » à la bonne marche du pays pendant le pic de l’épidémie, pour réclamer des augmentations à l’appel de la CFDT.null
« Ce qu’on veut aujourd’hui, c’est que nos salaires soient vraiment revalorisés, parce que les salariés ont répondu présent, même s’ils sont venus travailler avec la boule au ventre », explique-t-elle, faisant valoir leur mobilisation dès le début de la pandémie, en dépit des inconnues sur le Covid-19.null
Salaires très bas
« Dans toutes les industries agroalimentaires, on a des salaires qui sont très, très bas », explique Richard Roze, secrétaire fédéral FO qui défend les travailleurs de la viande. Pour la charcuterie industrielle, après revalorisation du Smic en octobre dernier et avant les négociations annuelles obligatoires, « les sept premiers coefficients de la grille étaient en-dessous du Smic ». Une situation d’autant plus difficile à vivre que les conditions de travail sont souvent pénibles.null
Le sujet est connu des responsables politiques. La ministre de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher elle-même reconnaissait fin 2021 que « la question des salaires est un point bloquant » pour les embauches, d’autant que les conditions de travail sont « plus dures » que dans d’autres secteurs de l’industrie.
40 000 postes vacants
Outre le contexte inflationniste, l’effort fourni par les salariés depuis le début de la pandémie a exacerbé la grogne sociale et accru le nombre de conflits : « Je dirais que c’est un tiers de plus », estime Maryse Treton, secrétaire de la fédération Fnaf-CGT.
Cette poussée, confirmée par le secteur, s’est encore fait sentir lors de la vague du variant Omicron. « Elle a créé des absences, dues à des contaminations ou des cas contacts », amenant les entreprises à « demander à des collaborateurs de faire des heures supplémentaires », selon Jean-Bernard Guyot, chef de projet pour l’Association bretonne des entreprises agroalimentaires (Abea).
Des primes pour compenser
« Beaucoup de gens ont eu recours aux primes Pepa » (prime exceptionnelle de pouvoir d’achat), pour récompenser la mobilisation des salariés, souligne Jean-Philippe André, président de l’Ania, principale association des industriels de l’alimentation.
S’il confirme que des primes ont souvent été versées, Richard Roze de FO déplore que « dans les négociations de salaires de branche, on couvre à peine l’inflation ». Pour faire mieux, « encore faut-il pouvoir maintenir ses marges », dit M. André, qui déplore que les supermarchés leur aient imposé des tarifs en baisse de négociation en négociation « ces huit dernières années ».
L’enjeu est crucial dans un secteur qui a créé 20 000 emplois ces dix dernières années, à rebours de la tendance générale dans l’industrie, mais peine à pourvoir ces offres. Selon un dernier recensement effectué à l’automne, « on devait être à 40 000 postes vacants », glisse M. André.
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