Un salarié peut-il refuser de venir travailler pour cause d'Attentat?

Mieux vaut donc pour le salarié être capable de justifier par des faits précis son usage du droit de retrait.

Un salarié peut-il refuser de venir travailler pour cause d’Attentat?

 

Les premiers tirs ont été entendu à 4h30 mercredi matin dans le centre-ville de Saint-Denis. Le centre-ville de Saint-Denis, est paralysé. Plusieurs écoles resteront fermées et l’université appelle ses étudiants à ne pas venir. Le droit du travail garantit aussi la sécurité des salariés en leur donnant un droit de retrait.

Un salarié peut-il refuser de venir travailler pour cause d'Attentat?

Le Raid est intervenu ce matin dès 4h30 à Saint-Denis. Une action qui a entraîné une fusillade et a bloqué une partie du centre-ville. Même si l’assaut a officiellement pris fin peu avant midi, les écoles du centre de Saint-Denis resteront fermées et l’université Paris 8 a appelé ses étudiants à ne pas venir (mais restera ouverte). Certains salariés peuvent être tentés par eux même de ne pas se déplacer sur le lieu de travail. Ils souhaitent exercer ainsi leur «droit de retrait», comme l’on fait mardi, les salariés de la Tour Eiffel.
Défini par l’article L4131-1 et L4131-3 du Code du travail, le droit de retrait permet au salarié qui «a un motif raisonnable» de penser qu’une situation «présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé» de «se retirer d’une telle situation», tout en lui garantissant qu’«aucune sanction, aucune retenue de salaire» ne lui sera appliquée. Le droit de retrait peut donc se faire sans autorisation de son employeur. Ce qui ne veut pas dire que le salarié qui souhaite l’utiliser n’a pas d’obligations au regard de la loi.
Peu de formalisme

La première d’entre-elle: prévenir son employeur ou son représentant du personnel. Selon l’article L4131-1 «Le travailleur alerte immédiatement l’employeur de toute situation de travail dont il a un motif raisonnable de penser qu’elle présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé ainsi que de toute défectuosité qu’il constate dans les systèmes de protection.» Il ne s’agit pas cependant d’une demande d’autorisation de s’absenter, le salarié peut avertir ses supérieurs a posteriori. La jurisprudence sur la question indique qu’une justification orale suffit, et qu’il est même possible, dans certains cas, de ne pas se justifier quand le droit de retrait semble évident au regard des circonstances.
«Globalement, même en cas de risque minime, ce droit s’applique»
Eric Rocheblave, avocat
Deuxième obligation, qui elle aussi paraît évidente, avoir un «motif raisonnable». Problème: il n’y a pas de définition juridique précise de «motif raisonnable». C’est d’ailleurs la principale source de contestation devant les tribunaux. Pour Éric Rocheblave, avocat au barreau de Montpellier et spécialiste du droit du travail, l’acceptation du droit de retrait reste assez large surtout si plusieurs signaux d’alertes sont envoyés par les autorités. «Dans le cas de Saint-Denis, on est dans une situation d’alerte rouge sur le territoire, une intervention de la police, des écoles qui annoncent leur fermeture, il n’y a donc pas réellement de doutes à avoir. Globalement, même en cas de risque minime, ce droit s’applique», affirme l’avocat.
D’autant plus, précise-t-il que «les gens n’abusent guère en général du droit de retrait. En fait, il faut vraiment que la justification devant les tribunaux soit farfelue pour que le droit de retrait ne soit pas retenu».
Mieux vaut donc pour le salarié être capable de justifier par des faits précis son usage du droit de retrait. Mais là encore, il n’y a pas de formalisme notamment face à l’évidence: un salarié de Saint-Denis pourra très probablement ne pas se rendre à son travail ce mercredi sans prévenir son employeur, et sans retenue de salaire possible, en invoquant a posteriori le droit de retrait.

Interview d’Eric Rocheblave Avocat

Le Figaro 

Partgagez

Plus d'articles

Ecrivez-nous