Quand la Samaritaine de Bernard Arnault se lézarde

Mauvaise surprise pour le patron de LVMH: le complexe de commerces et hôtels de luxe qu’il imaginait en plein Paris est retoqué par le tribunal. Mais Bernard Arnault contre-attaque.

Quand la Samaritaine de Bernard Arnault se lézarde

La Samaritaine est un grand magasin situé en bords de Seine au niveau du Pont-Neuf dans le 1er arrondissement de Paris. Il est le plus important en surface de vente avec ses 48000m². Son slogan est resté dans la mémoire collective “On trouve tout à la Samaritaine”.

Mauvaise surprise pour le patron de LVMH: le complexe de commerces et hôtels de luxe qu’il imaginait en plein Paris est retoqué par le tribunal. Mais Bernard Arnault contre-attaque.

Quand la Samaritaine de Bernard Arnault se lézarde

Pour démarrer l’année, Bernard Arnault essuie un sacré revers sur le dossier de la Samaritaine, dont il avait fait sa priorité. La Cour administrative d’appel de Paris a confirmé aujourd’hui l’annulation du permis de construire du 17 décembre 2012, qui autorisait le vaste projet de rénovation de ce grand magasin fermé depuis 2005. “Indépendamment de la qualité architecturale de l’édifice envisagé, la Cour considère que le permis attaqué ne satisfait pas au règlement du plan local d’urbanisme de Paris”, précise l’arrêt du 5 janvier.

Pour la Cour, qui a examiné ce projet en formation plénière, réservée aux cas exceptionnels, ce projet “d’architecture résolument contemporaine, se caractérisant notamment par une façade de grande dimension couverte d’un habillage de verre sérigraphié de point blancs et doté d’ondulations verticales, ne s’intégrait pas suffisamment dans la section de la rue de Rivoli“. Cette décision fait figure de coup de théâtre, car le 16 octobre elle avait accepté de suspendre les effets du jugement du tribunal administratif de première instance dans l’attente de l’examen au fond, et avait autorisé la reprise du chantier.

Architecte favorable

Une décision qui avait redonné espoirs aux équipes de Bernard Arnault. D’autant plus que le 5 décembre, le rapporteur public avait rendu un avis très détaillé, pendant plus d’une heure, dans lequel il assurait, très catégorique, que “le projet ne tranche pas avec l’existant”, rappelant que le quartier “n’est pas homogène” puisque “constitué d’immeubles très disparates des XIXe et XXe siècles”. Ce même rapporteur avait encore rappelé que l’architecte des Bâtiments de France avait donné un avis favorable au projet, alors qu’une partie de l’actuel bâtiment est inscrite aux Monuments historiques. Mais la Cour d’appel n’a suivi ni l’un ni l’autre.

Le permis de construire que les services de la mairie de Paris ont validé en décembre 2012 est donc caduc. Le projet conçu par le cabinet japonais Sanaa, lauréat du prix Pritzker –l’équivalent du Nobel en architecture–, qui prévoyait plus de 20.000 mètres carrés de commerce (dont 2.000 réservés à l’horlogerie de luxe et 500 à une boutique Louis Vuitton), un hôtel Cheval Blanc, des bureaux, une centaine de logements sociaux et une crèche, ne verra pas le jour de sitôt. Mais LVMH veut encore y croire.

Ultime recours

Le groupe a d’ailleurs immédiatement décidé de saisir le Conseil d’Etat, suivi par la mairie de Paris. Le permis sera présenté tel quel. Mais cet ultime recours prendra encore des mois, le temps que cette haute juridiction examine le dossier et statue. En attendant, le chantier sera stoppé. Difficile d’imaginer maintenant une ouverture fin 2017 comme l’espérait encore Bernard Arnault en octobre dernier: “Il s’agit d’un projet qui devrait se terminer, si tout va bien, fin 2017 et qui va employer plus de 3.000 personnes”.

Mais il en faut davantage pour qu’il renonce. “S’il s’était arrêté aux premiers recours, la fondation Vuitton n’aurait jamais vu le jour”, rappelle son entourage. Bernard Arnault va surveiller ce dossier comme le lait sur le feu. A ce jour, le groupe a déjà prévu d’investir pas moins de 460 millions d’euros (hors frais de justice). C’était déjà plus que la Fondation Vuitton.

Thiébault Dromard

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