Mon collègue s'épanche sur sa vie privée, que faire?

A longueur de journée, votre collègue s'étale sur ses histoires personnelles et vous ne pouvez plus le supporter? Conseils d'expertes en risques psychosociaux pour dire stop.

Mon collègue s’épanche sur sa vie privée, que faire?

Certaines personnes vont très loin dans le mélange entre vie privée et vie professionnelle. Il peut être difficile de faire face.Certaines personnes vont très loin dans le mélange entre vie privée et vie professionnelle. Il peut être difficile de faire face.

Mon collègue s'épanche sur sa vie privée, que faire?

A longueur de journée, votre collègue s’étale sur ses histoires personnelles et vous ne pouvez plus le supporter? Conseils d’expertes en risques psychosociaux pour dire stop.

Dans certaines entreprises, formalistes, la vie privée n’entre pas ou peu. D’autres, à l’instar des start-up, favorisent plus volontiers le mélange des genres. “La place qui lui est faite est variable selon les structures et les personnes, confirme Maria Ouazzani, responsable du pôle d’accompagnement psychologique et social chez Psya, cabinet de prévention des risques psychosociaux. C’est au collaborateur de trouver un équilibre entre la culture de son entreprise et sa propre subjectivité.”

S’adapter, certes, mais jusqu’où? Certaines personnes dépassent les limites et dévoilent leur intimité à un point qui peut gêner leurs interlocuteurs. “La première question à se poser est la suivante: ces échanges viennent-ils enrichir la relation de travail, en créant un climat plus convivial, une confiance plus grande entre des personnes, ou au contraire la freinent-ils, voire la détériorent-ils?”, interroge Maria Ouazzani.

Pourquoi moi?
“Il est conseillé de prendre du recul par rapport à la situation pour ne pas tomber dans l’exaspération, indique Anne-Marie Cariou, directrice associée chez Stimulus, cabinet de prévention des risques psycho-sociaux. Il faut chercher à comprendre pourquoi ce collègue me parle tant de sa vie privée. Le fait-il avec tous les membres de l’équipe ou bien seulement avec moi? Si je suis son oreille privilégiée, y aurait-il dans mon attitude des signes qui le poussent à se confier: écoute attentive, bienveillance, empathie? Ai-je moi-même tendance à parler facilement de mes problèmes?”

De mon côté, en quoi sa manière de s’épancher me dérange-t-elle? Cela me fait-il simplement perdre du temps ou bien cela me met-il mal à l’aise? “Dans le premier cas, vous pouvez lui proposer un déjeuner ou de boire un verre après le boulot pour discuter, afin de bien marquer la différence entre temps de travail et temps personnel”, suggère Maria Ouazzani, chez Psya. Si son comportement vous dérange parce qu’il vous semble déplacé, vous pouvez agir en trois étapes.

1. Mettre des distances

La première est de ne pas entrer dans son jeu et de lui signifier son désintérêt. Comment? En évitant de relancer, de poser des questions qui entraînent de nouvelles confidences ou de donner des conseils. Puis en recentrant le dialogue sur le contenu du travail dès que c’est possible. “Si votre collègue sent que ses propos ne suscitent pas d’intérêt chez vous, il y a des chances qu’il n’aille pas plus loin”, prévoit Maria Ouazzani.

2. Refléter le comportement de l’autre

Si cela ne suffit pas, vous pouvez passer à une attitude plus active: “J’entends que tu as des difficultés personnelles en ce moment et je remarque que cela prend beaucoup de place dans ta vie, même au travail.” Et c’est tout. Dire ainsi les choses n’est ni un reproche ni un jugement, mais un constat objectif que la personne aura moins de risques de prendre comme tels.

3. Exprimer son malaise

Si rien ne change, il faut dire clairement votre gêne à votre collègue, meme si c’est compliqué. “Les personnes ont souvent peur d’être maladroites et de blesser leur interlocuteur en abordant des points délicats, observe Anne-Marie Cariou. Pour éviter d’être dans le jugement, il convient de parler de soi et de son ressenti. Par exemple: ‘Je remarque que tu me parles souvent de sujets très personnels, et cela me met mal à l’aise.’ On peut aussi commencer par nommer cet embarras: ‘Cela me gêne beaucoup d’aborder ce sujet avec toi, il faut pourtant que je le fasse…’ Cette manière de faire met les deux interlocuteurs au même niveau, on se parle de personne à personne, sans juger.”

Le risque: que votre collègue se vexe
Bien sûr, il est possible que votre collègue réagisse: “pour moi, c’est une preuve de confiance de te parler ainsi, tu préfères qu’on ne se dise plus rien du tout?” “Ne vous laissez pas déstabiliser, montrez que vous avez perçu son émotion et revenez à votre ressenti’, conseille Anne-Marie Cariou: ‘Je vois bien que c’est vraiment important pour toi mais pour moi, c’est très gênant. C’est moi qui le vis ainsi.’ L’alerter sur son comportement lui permettra peut-être de mieux se protéger.”

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