Licenciements en masse dans l’hôtellerie : “Rester ouvert est très compliqué”

Licenciements en masse dans l’hôtellerie : “Rester ouvert est très compliqué”

Emmanuel Sauvage, co-fondateur et directeur général du groupe d’hôtels Evok, vice-président de la branche hôtel du GNI, Groupement national des indépendants de l’hôtellerie-restauration, en Île-de-France, était l’invité de Patrick Roger le 11 janvier dans l’émission “C’est à la une” sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 8h10.

 

Les grands hôtels, fort d’un millier de chambres, ne peuvent pas faire face à la crise actuelle du secteur. Une crise appelée à durer. AFP

Des milliers d’emplois supprimés, des hôteliers aux abois… Les hôtels s’apprêtent à licencier en masse.

“La crise continue, et elle continuera plus longtemps”

Pourquoi une telle situation dans les hôtels ? Contrairement aux bars et restaurants, ils ne sont pas obligés de fermer leurs portes. “Nous n’avons pas eu de fermeture administrative, ni au mois de mars, ni maintenant, explique Emmanuel Sauvage, co-fondateur et directeur général du groupe d’hôtels Evok. Cette crise dans le tourisme est beaucoup plus longue. Elle a commencé avant que le coronavirus ne soit ici. Dès le mois de janvier, il n’y avait plus de Chinois. Le mois de février a été très dur, et cette crise a commencé au mois de mars.”

“La crise continue, et elle continuera plus longtemps, estime-t-il. Forcément, cela ne va pas repartir du jour au lendemain. Qui dit pas de fermeture administrative dit pas de prise en charge des pertes d’exploitation par les assurances, contrairement aux restaurateurs, au second confinement. Il n’y a aucune aide, finalement, du gouvernement et de l’État sur le secteur du tourisme. Nous avons de très gros loyers, de très gros remboursements d’emprunt. Cette crise est très dure. Les hôteliers se sentent un peu délaissés.

“Nous avons décidé de rester ouverts depuis le 25 mai”

Quid du chômage partiel ? “C’est un peu la seule mesure de prise en charge pour le tourisme. Pour un groupe hôtelier, nous avons touché en tout 10.686 euros à aujourd’hui. En termes de perte d’exploitation, vous pouvez imaginer par rapport aux 700 salariés que l’on pouvait employer. Le problème est que le chômage partiel est pris en charge pour le moment, mais cette crise va durer, rappelle le vice-président de la branche hôtel du GNI, Groupement national des indépendants de l’hôtellerie-restauration, en Île-de-France. On ne va pas repartir dès le début avec les taux d’occupation antérieurs.”

Des licenciements directs viennent d’être annoncés dans le secteur. “Ce sont des hôtels de grande capacité, de mille chambres chacun, décrypte Emmanuel Sauvage. Remplir des hôtels de cette capacité-là va être extrêmement compliqué. La capacité hôtelière parisienne n’était pas forcément saturée, mas déjà assez forte. Même en temps normal, il était déjà, contrairement à ce qu’on pourrait croire, difficile de remplir les hôtels.” Vaut-il mieux carrément fermer ? “Nous avons décidé de rester ouverts depuis le 25 mai. Nous sommes de petits hôtels, entre 12 et 60 chambres. Pour un hôtel de 1.000 chambres, impossible d’ouvrir dans ces conditions. Grâce à l’activité partielle, nous avons pu optimiser le nombre de personnels par rapport au nombre de chambres louées. Nous arrivons à être ouverts sans perdre plus d’argent qu’en étant fermés. Mais c’est très compliqué à faire.”

Sous-traitants et «extras» de l’hôtellerie-restauration sont à la peine.

Premières victimes des conséquences de la pandémie, ils sont des dizaines de milliers à avoir perdu leur emploi. Nombreux sont ceux qui songent à changer de profession.

Ils sont en première ligne dans la crise qui frappe l’hôtellerie de plein fouet. Les sous-traitants et « extras », ces personnels appelés en renfort en fonction des besoins des établissements, qui seraient plusieurs dizaines de milliers à avoir perdu leur emploi depuis le début de la crise sanitaire, selon les syndicats de l’hôtellerie.

« Le linge est à l’arrêt, les entreprises de voituriers n’ont plus d’activité, confirme, pour sa part, Franck Trouet, délégué général Paris – Ile-de-France du Groupement national des indépendants (GNI) de l’hôtellerie-restauration. Quant aux extras, qui sont des gens qui ont vraiment choisi leur métier et la manière de l’exercer, ils souffrent vraiment des conséquences de la pandémie. La plupart d’entre eux ont consommé au début de la crise sanitaire leur droit à l’assurance chômage, et maintenant, ils sont au RSA. L’inquiétude est d’ailleurs si grande dans leurs rangs, que nombre d’extras ont décidé de s’orienter vers une autre carrière professionnelle. C’est à se demander comment les hôteliers feront pour recruter quand la reprise s’amorcera… »

Les extras, qui ne bénéficient même plus du statut d’intermittents, ont été les premiers, au début de la crise sanitaire, à devoir renoncer à leur emploi. Enzo, qui exerçait comme maître d’hôtel dans plusieurs hôtels parisiens, en sait quelque chose. Au RSA après avoir épuisé ses indemnités chômage, le trentenaire doit se faire aider par ses parents : « Heureusement qu’ils règlent mon loyer, sinon je n’aurais même plus un toit sur la tête ! Je suis passé de 3500 euros par mois à presque rien… Et j’ai des crédits en cours. Je réfléchis très sérieusement à une reconversion professionnelle : aucun espoir de pouvoir retravailler comme maître d’hôtel avant longtemps ! »

 

Source Sud Radio

Source Le Parisien

 

 

 

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