Les robots menacent potentiellement les métiers de l’hôtellerie-restauration

L'apparition des robots dans le secteur de l'hôtellerie et de la gastronomie était au cœur, mercredi, de la journée annuelle de l'association faîtière Hotel & Gastro Union. La question des emplois est au centre des préoccupations.

Les robots menacent potentiellement les métiers de l’hôtellerie-restauration

 

L’apparition des robots dans le secteur de l’hôtellerie et de la gastronomie était au cœur, mercredi, de la journée annuelle de l’association faîtière Hotel & Gastro Union. La question des emplois est au centre des préoccupations.

 

Les robots menacent potentiellement les métiers de l'hôtellerie-restauration

Les robots pourraient faire leur apparition dans les métiers de l’hôtellerie et la gastronomie (ici un hôtel au Japon).

Descendre à l’hôtel et être accueilli par un robot n’est plus une perspective qui relève de la science-fiction. Même s’il n’en existe encore aucun dans les établissements suisses, les robots pourraient à l’avenir occuper certaines tâches. Et cela ne laisse pas indifférents les professionnels: selon un sondage représentatif, 65% des apprentis de la branche disent craindre pour leur emploi.

Concurrence ou complémentarité

“Les apprentis qui travaillent dans l’administration des hôtels, le ménage, ou la boulangerie voient plutôt les robots comme une concurrence, alors que les apprentis qui travaillent dans la restauration, comme cuisiniers par exemple, les voient comme une complémentarité,” explique Roger Lütolf, directeur marketing de la faîtière des métiers de l’hôtellerie et de la gastronomie.

Capacités encore trop limitées

Un métier créatif ou basé sur le relationnel risque moins d’être robotisé. Pour Roland Siegwart, prof de robotique à l’EPFZ, le champ d’action des robots reste à ce jour très limité: “Les robots ne sont pas capables d’analyser la situation, de comprendre vraiment le monde, ils ne peuvent pas faire des mouvements très précis parce qu’ils n’ont pas les capteurs pour réaliser des actions comme les humains”, explique-t-il. “Ils peuvent transporter les bagages dans la chambre ou mixer un drink si c’est très bien organisé. Mais si c’est un peu chaotique, ça ne fonctionne plus.”

A l’avenir, ce seront surtout les établissements de bas de gamme qui pourraient faire appel à des robots pour des tâches de nettoyage ou d’accueil. Mais l’hôtellerie suisse ne va pas se passer de sitôt de l’humain, qui possède encore d’énormes avantages sur les machines.

“On délégue désormais l’aspect relationnel aux robots”

Portant son regard d’anthropologue sur cette possible évolution dans le Journal du matin, Daniela Cerqui s’interroge d’emblée sur la question du pourboire, “qui met l’accent sur le côté humain.” L’idée de donner un pourboire à un robot, “j’imagine qu’elle n’effleurerait pas grand monde à l’heure actuelle”, dit-elle.

La professeure de l’Université de Lausanne souligne l’importance de la question du facteur humain. “On a d’abord délégué aux robots toutes sortes de tâches qui relevaient de la force physique. Puis petit-à-petit avec la robotique et l’intelligence artificielle, on a tendance à déléguer des tâches intellectuelles à la machine. Et depuis peu, on a cet aspect relationnel qu’on délègue.”

Et cette tendance ne se développera pas forcément que dans les hôtels ou restaurants de bas de gamme. “C’est un scénario possible, mais il y en a d’autres”, remarque Daniela Cerqui. “On peut imaginer qu’on considérera que le luxe c’est là où tout humain a disparu, avec toutes les erreurs que peuvent faire les humains. Et peut-être que le luxe, ce sera justement d’avoir éliminé tous les humains et n’avoir plus que des robots rationnels autour de nous pour être certains que le service soit impeccable.” Mais “c’est inquiétant!”, reconnaît-elle.

 

 

RTS.CH

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