Les hôteliers Veulent faire le Ménage chez Airbnb

Dans l'Hexagone, Airbnb propose de plus de 150.000 hébergements, contre 7000 seulement en 2012.

Les hôteliers Veulent faire le Ménage chez Airbnb

 

Il y a eu la victoire contre Booking. Place à la croisade contre Airbnb. L’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie liste des mesures visant à réglementer Airbnb et les autres plateformes de location collaboratives. Passage en revue de mesures dont certaines ont déjà été mises en place à l’étranger.

Les hôteliers Veulent faire le Ménage chez Airbnb
L’hôtellerie contre les plateformes en ligne, 2e round. Cette fois, la principale organisation du secteur hôtelier français s’en prend à Airbnb. Après une victoire juridique et législative contre Booking, Expedia et les autres centrales de réservation en ligne, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), exige une réglementation des activités du site collaboratif américain. Ses concurrents, comme Homelidays (maison-mère d’Abritel), sont également ciblés. Mais, symbole des bouleversements rencontrés dans le secteur, c’est surtout le site cofondé par Brian Chesky que l’organisation hôtelière française pointe du doigt. Pour le réguler, voici, dans les grandes lignes, les dispositions qu’ils réclament:

Immatriculation des loueurs
Il s’agirait de faire enregistrer les loueurs auprès des municipalités, y compris lorsqu’ils mettent leur résidence principale à disposition des voyageurs. Une disposition déjà mise en place à Barcelone. Cette mesure permettrait de détecter plus aisément les loueurs “professionnels” qui offrent des nuitées dans un ou plusieurs logements au-delà d’une durée assimilant leur activité à celle loueur de meublé touristiques.

L’Umih exige en outre que les plateformes soient obligées d’afficher le numéro d’immatriculation des hôtes ou encore que, si ces derniers sont eux-mêmes locataires, ils aient apporté la preuve écrite de l’accord des propriétaires du logement en location. Selon les chiffres de l’Umih, 20 % des annonces sur le site américain de réservations à Paris sont le fait de multipropriétaires et représentent un tiers du chiffre d’affaires généré par Airbnb. Ainsi Fabien proposerait à lui seul 142 appartements à Paris en location.Déclarations de revenus

individuelles

Corollaire de la mesure précédente qui vise à déterminer précisément qui loue quoi, ce point a évidemment pour but in fine de collecter davantage de taxes. Airbnb a accepté début 2015 de collecter la taxe de séjour à Paris, mais sans détailler comment les loueurs contribuent à la somme globale versée à l’administration fiscale. L’Umih estime en outre que la somme de “0,83” centimes d’euro par nuit, qu’ils ont évaluée, est bien inférieure dans certains quartiers à ce que remettent les hôtels. Ils demandent en outre à connaître le niveau de TVA versée par les loueurs qui y sont assujettis.

Les hôteliers espèrent pouvoir faire appliquer cette disposition même “aux personnes domicilées à l’étranger”. Une gageure, compte tenu de l’internationalisation des plateformes en ligne.

Limitation des durées de location
L’organisation estime que la durée minimale des locations devrait être de 7 jours, la durée maximale de 52 jours. Une mesure qui pourrait sans difficultés être contournée, par exemple en louant 7 jours puis en annulant des nuitées supplémentaires.

Aux Etats-Unis, Airbnb ne peut rien cacher au fisc
“D’autres villes dans le monde ont déjà pris des dispositions”, rappelle Laurent Duc, en charge de l’hôtellerie française au sein de l’organisation lors d’une conférence de presse ce 22 octobre. A New York, par exemple, la durée minimale pour louer un appartement sans y résider en même temps est de 30 jours.

“Ne parlons pas de San Francisco, la ville où est née Airbnb, qui demande une transparence totale de l’hébergement. (…) Aujourd’hui, la totalité des revenus collectés par une plateforme comme Airbnb est transmise au fisc américain, ce que nous demandons aujourd’hui “, ajoute-t-il.
De son côté Roland Héguy, président de l’UMIH justifie ainsi ces demandes:
Nous n’avons rien contre le modèle collaboratif, au contraire, nous l’avons soutenu dans le monde agricole avec la création des chambre et des tables d’hôte. Mais là cela va beaucoup plus loin parce que le phénomène dépasse le collaboratif et le partage et devient de l’industrialisation. Il y a des investisseurs qui se sont engouffrés dans la brèche et mettent à disposition des plateformes des dizaines et des dizaines d’appartements”.
Airbnb surveillé par le site “Inside Airbnb”
A l’appui de leurs demandes, l’Umih produit une étude tirée des mesures effectuées sur le site “Inside Airbnb”, créé par Murray Cox, un internaute qui se décrit comme “activiste de la technologie”, et qui répertorie en temps réel le nombre précis d’annonce présentes sur Airbnb.

Il en conclut qu’au cours des derniers mois, ce sont environ 35.000 annonces qui ont été mises en ligne à Paris intra-muros (Airbnb évoque de son côté le chiffre de 50.000, lequel chiffre s’applique plutôt à la région parisienne dans son ensemble). Surtout, l’Umih dénonce des annonces “mensongères” en donnant des exemples de loueurs qui proposent plusieurs dizaines – voire centaines – de logements différents dans la capitale, alors qu’ils se présenteraient comme des hôtes occasionnels.

Ils produisent notamment la fiche d’un Parisien, un certain “Michel” qui proposerait plusieurs appartements ainsi. Il se trouve en l’occurrence que cette fiche distribuée par l’organisation hôtelière contient une erreur de traduction. En anglais, il est écrit dans l’annonce:

“I staged these apartments witha lot of antique furniture” (“J’ai décoré ceS appartementS avec de nombreux meubles antiques”).

Mais dans la version française, un paragraphe plus bas, il est écrit:

“j’ai décoré cet appartement avec des objets et meubles anciens”.

Néanmoins, d’autres exemples de loueurs “multiples” qui se présentent comme des hôtes “toujours disponibles” sont également cités par l’Umih.

Contre une concurrence jugée déloyale, pas d’offensive juridique comme ce fut le cas contre Booking, mais une opération lobbying. Pour mettre en oeuvre de telles mesures -qu’ils souhaitent cumulatives et s’apparentent à une “loi Airbnb” -, l’organisation compte sur une éventuelle loi Macron 2 ou bien sur la loi numérique préparée par la secrétaire d’Etat Axelle Lemaire.

 

La Tribune

 

 

 

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