De toutes les formules de subvention et défiscalisation des investissements en rénovation énergétique, le dispositif des Certificats d’Economie d’Energie (CEE) n ‘est pas le plus connu. Et pourtant, son marché devrait peser plus de 4 milliards d’euros en 2021 selon une récente étude de Pwc Strategy&.
Il est vrai que ce mécanisme est l’un des plus avantageux pour ses bénéficiaires, particuliers et entreprises. Au point de provoquer des fraudes de la part d’entreprises prestataires (lire à ce sujet l’article édifiant de l‘Usine nouvelle). Le rendement énergétique réel des CEE est également questionné. L’Ademe a lancé en 2019 « un bilan approfondi factuel du dispositif », de manière à « confronter les économies constatées sur le terrain avec les volumes de CEE générés. »
Rappelons le principe des CEE. La loi POPE de 2005 fait obligation aux fournisseurs d’énergie (électricité, gaz, fuel, etc.), appelés les « obligés » (du producteur Total au distributeur Leclerc…), de réaliser chaque année des économies d’énergie d’environ 1,5 %. Comment ? En incitant leurs clients utilisateurs d’énergie, particuliers ou professionnels, les « non obligés », à réaliser des travaux d’efficacité énergétique. Travaux qu’ils vont financer en rachetant à ces clients des Certificats d’Economie d’Energie (CEE) correspondant aux volumes d’énergie économisés.
Le prix moyen des CEE n’a cessé d’augmenter
La valeur de ces CEE est basée sur un prix exprimé en c€/kWh cumac (centimes d’euro par kilowatt-heure cumulé actualisé). Prix qui varie en fonction des transactions entre offreurs et demandeurs. Et qui ne cesse d’augmenter, comme on le constate sur le registre national Emmy des CEE . En novembre 2014, le prix moyen pondéré d’un CEE atteignait 0,334 centime d’ euros pour un volume total de transactions de 8 857 GWh Cumac. En novembre 2020, il atteint 0,835 centime d’euros pour un volume de 16 289 GWh Cumac. (1 GWh équivaut à 1 million de kWh, soit 3,6 TJ (Térajoule).
Troisième maillon clef du dispositif, des entreprises tiers mandataires peuvent réaliser des actions éligibles à la collecte de CEE. Parmi eux, des délégataires officiels (sur lequel est déléguée l’obligation d’un obligé). La direction de l’hôtel San Regis a choisi à ce titre la société GEO PLC Hellio, spécialiste de l’efficacité énergétique et du financement par CEE. Hellio avait pour partenaire technique l’entreprise de travaux d’isolation ERTI.
Calorifugeage et isolation des points singuliers
Les CEE émis ont donc subventionné le programme d’isolation du réseau d’eau chaude du San Regis. Il aurait du lui coûter plus de 11 000 euros. Mais selon Hellio, l’hôtel, finalement, n’aurait rien déboursé.
Le calorifugeage consiste à isoler thermiquement les tuyaux d’eau chaude, avec un isolant « calorifuge ». Au San Regis, il portait exclusivement sur le réseau de chauffage collectif et d’eau chaude sanitaire situé dans les parties communes et les caves non chauffées.
En complément, ERTI a également isolé les points singuliers. En posant des matelas amovibles de laine minérale revêtus d’un tissu technique sur les parties non calorifugées en chaufferie et sous-station. A savoir les vannes, les robinets, les réducteurs et les compteurs.
Ces travaux n’ont duré que 4 jours. En incluant une phase de dépose de l’ancien isolant et l’évacuation des gravats. Puis la mise en place des coquilles isolantes et l’habillage en PVC. Et enfin la pose des matelas isolants, démontables en chaufferie pour faciliter la maintenance.
Outre une baisse du coût chauffage, l’ intervention permettra d’offrir davantage de confort. La clientèle disposera d’une eau chaude instantanément et à température constante.
Les CEE peuvent financer une trentaine d’opérations différentes
GEO PLC Hellio n’est pas le seul délégataire à intervenir dans le secteur tertiaire. Citons également, entre autres, Eqinov, intervenu auprès du JW Marriot de Cannes (261 chambres) pour la rénovation de son système de climatisation. « L’établissement a acquis un équipement garantissant la production de froid et la récupération de chaleur pour un besoin d’eau chaude sanitaire et de chauffage. Un investissement couvert à 80 % avec un temps de retour sur investissement quasi immédiat », explique son directeur technique Lamine Arouf.
Hellio se prévaut néanmoins d’avoir réalisé en 12 ans 277 opérations de rénovation énergétique dans les hébergements touristiques. Dont 125 dans les hôtels. L’enveloppe globale de CEE versés dépasserait les 17 millions d’euros pour 30 types d’opérations différentes. Isolation, chauffage, éclairage, systèmes hydro économes…