Votre employeur peut surveiller vos activités sur le net

Une entreprise peut facilement analyser les sites consultés par ses salariés de façon peu intrusive. « On peut déjà collecter des statistiques générales intéressantes via un proxy, c'est-à-dire le serveur mis en place pour assurer la bonne marche du réseau Internet », explique Bruno Cracco, consultant en informatique et innovation chez Bengs.

Votre employeur peut surveiller vos activités sur le net

 

Les salariés français passeraient 63 minutes par jour sur Internet au bureau pour des raisons non professionnelles. Leurs employeurs peuvent toutefois en savoir un peu plus sur leur activité en ligne…

Votre employeur peut surveiller vos activités sur le net

Certains chiffres font réfléchir. Selon une récente étude de l’éditeur de logiciels Olféo, les salariés français passeraient 58 % de leur temps sur Internet au bureau sur des sites « non professionnels », soit une perte de 63 minutes par jour.
De quoi susciter quelques velléités de contrôle ? « Je ne compte plus le nombre d’employeurs qui veulent surveiller l’activité de leurs collaborateurs », commente Alain Stevens, consultant spécialisé en sécurité informatique, qui multiplie les mises en garde. « Techniquement, on peut tout faire et tout savoir, jusqu’à quels mots ont été tapés par le salarié sur son clavier. Or c’est totalement illégal. »

Principalement en cause : les « key loggers » faciles à trouver et à installer et qui permettent d’enregistrer toutes les actions effectuées par les salariés sur leur poste informatique sans qu’ils s’en aperçoivent. « Depuis 2012, la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés) a reçu plusieurs plaintes de salariés qui dénoncent l’installation, réelle ou supposée, sur leur poste informatique de (ces) dispositifs », dévoilait la Cnil dans une note en 2013. Régulièrement sollicité par des salariés, l’organisme multiplie les mises en demeure au nom de l’atteinte à la vie privée et rappelle aux employeurs qu’ils s’exposent à des peines pouvant aller jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 300 000 € d’amende.

Des motivations liées à la sécurité

Toute surveillance est-elle pour autant illicite ? Non. « Il ne s’agit pas forcément de démasquer des collaborateurs qui perdraient trop de temps sur certains sites, précise Alain Stevens. Certains employeurs sont motivés par la protection industrielle ou la crainte qu’un salarié ne s’adonne à des pratiques comme le téléchargement illégal dont il pourrait être pénalement responsable. » « Un ordinateur et une connexion Internet sont présumés avoir un usage strictement professionnel, rappelle l’avocat Eric Rocheblave, spécialisé en droit du travail. Mais il faut trouver un équilibre entre le respect de la vie privée du salarié et la nécessité de contrôler l’usage des outils que l’employeur met à disposition. »

Une entreprise peut facilement analyser les sites consultés par ses salariés de façon peu intrusive. « On peut déjà collecter des statistiques générales intéressantes via un proxy, c’est-à-dire le serveur mis en place pour assurer la bonne marche du réseau Internet », explique Bruno Cracco, consultant en informatique et innovation chez Bengs. La direction aura alors accès à un “historique” global de sites consultés, mais sans pouvoir les attribuer à un ordinateur en particulier. « Par ailleurs, beaucoup d’éditeurs de logiciels anti-virus proposent aussi ce genre de prestations qui peuvent fournir des statistiques très détaillées. » Mais pour aller plus loin, l’employeur devra alors respecter quelques règles. « Le comité d’entreprise doit être informé et consulté et les salariés prévenus », prévient Eric Rocheblave. L’entreprise doit aussi demander une autorisation à la Cnil… et prouver que ses procédés sont justifiés par un « intérêt légitime ». Idem si l’employeur souhaite « fouiller » dans l’ordinateur de son employé, pour consulter l’historique des navigations Internet par exemple. Il ne pourra collecter ces données à des fins disciplinaires que s’il en avertit la Cnil, et le salarié au préalable.

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