L’honneur lavé du patron de Buffalo Grill après treize ans de procédure judiciaire

Mais aujourd’hui, c’est un cinglant démenti que lui apportent ses successeurs. « Pas de charges suffisantes », écrivent-ils noir sur blanc en conclusion de l’ordonnance de non-lieu.

L’honneur lavé du patron de Buffalo Grill après treize ans de procédure judiciaire

 

On l’accusait d’avoir importé de la viande britannique en pleine crise de la vache folle. Bilan : non-lieu.

L’honneur lavé du patron de Buffalo Grill après treize ans de procédure judiciaire

 

Au bout du fil, la voix est blanche. « J’ai du mal à réaliser que mon calvaire s’achève », confie à Capital le fondateur de Buffalo Grill Christian Picart.

Suspecté d’avoir importé de la viande bovine britannique en pleine crise de la vache folle, ce businessman de 77 ans, a clamé son innocence des années durant. Mais c’était sans compter sur l’incroyable lenteur du système judiciaire français. En treize ans, son dossier n’a jamais quitté l’étape de l’instruction. « Que de temps perdu ! » raille cet autodidacte qui a construit le premier Buffalo en 1980.

Fin 2002, Christian Picart a été mis en examen, avec trois dirigeants (Francis Coutre, Nicolas Viguié et René-Gérard Bouillon ) d’une de ses filiales, le grossiste en viande Districoupe. « C’était très brutal, se remémore-t-il amèrement. Deux de mes directeurs ont écopé de quatre mois de détention provisoire et je n’y ai échappé que parce que j’étais résident en Suisse ». Tous ont alors été poursuivis pour homicide involontaire.

« Deux victimes de la maladie de Creutzfeldt-Jakob avaient fréquenté la chaîne au cours des mois précédents, et le parquet avait de forts soupçons » se justifie la juge d’instruction en charge de l’enquête de 2002 à 2013, Marie-Odile Bertella-Geffroy.

Persuadée que Buffalo Grill avait menti sur la qualité et l’origine de ses viandes, la magistrate n’a pas lâché le dossier jusqu’à son départ du pôle de santé publique de Paris en 2013.

Mais aujourd’hui, c’est un cinglant démenti que lui apportent ses successeurs. « Pas de charges suffisantes », écrivent-ils noir sur blanc en conclusion de l’ordonnance de non-lieu.

Ce ne serait rien si la longue procédure enfin terminée n’avait pas failli mettre le groupe de 286 restaurants (à l’époque des faits) par terre. « À cause de la médiatisation du dossier, l’action était passée de vingt-quatre à un euros en quelques jours, regrette l’ancien patron. Et nous aurions mis la clef sous la porte si notre principal fournisseur ne nous avait pas fait crédit pendant six mois », ajoute-t-il.

Fatigué par la guérilla judiciaire, Christian Picart s’est résigné à vendre son bébé au fonds Colony Capital en 2005. Montant de la transaction: 200 millions d’euros. « Une somme rondelette, mais ce n’était pas si cher payé quand on sait qu’on faisait 500 millions de chiffre d’affaires trois ans auparavant », peste le fondateur.

Pour autant, il n’en a peut-être pas fini avec la justice. « Nous envisageons de porter plainte auprès de la Cour européenne des droits de l’homme pour violation du délai raisonnable qui est de six ans maximum selon la jurisprudence » explique son avocate, Nathalie Roret.

François Miguet

© Capital.fr

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