Dans les pharmacies, une pénurie de médicaments mais surtout de personnel

Le manque de pharmaciens inquiète le secteur, alors que le métier connaît de très fortes difficultés de recrutement

Dans les pharmacies, une pénurie de médicaments mais surtout de personnel

  • Les pharmaciens sont à la deuxième place dans la liste des métiers où le taux de difficultés de recrutement est le plus élevé, selon une récente étude par Pôle Emploi.
  • Un phénomène qui s’est accentué avec la crise sanitaire, période éprouvante pour les professionnels de santé qui a aussi largement fait changer le rapport au travail, constate-t-on dans le secteur.
  • Alors que de nombreuses officines doivent s’organiser face à la pénurie de candidat, l’ordre des pharmaciens estime qu’un travail de reconquête est à faire auprès des jeunes.

« La situation est horrible. On manque cruellement de personnel. » Derrière son comptoir de la pharmacie des musées, dans le 3e arrondissement de Paris, Alexandre Mylle semble désespéré. Le professionnel de santé, qui a repris cette petite officine il y a trois ans, recherche en vain un nouveau collaborateur pour remplacer son adjoint qui partira le mois prochain. Malgré une annonce soignée, postée à maintes reprises sur divers sites d’emploi depuis plusieurs mois, les candidatures sont rares. « Et je n’ai affaire qu’à des personnes peu fiables, déplore le pharmacien. Je ne sais pas comment je vais tenir, sachant que j’ai déjà mis un an à recruter le précédent. A cette période, j’ai dû travailler au moins 70 heures par semaine… »null

Aux quatre coins de la France, les pharmacies font face à une pénurie de médicaments, mais aussi de personnels, à en croire le nombre d’annonces marquées « urgent » qui circulent sur les réseaux sociaux. Il faut dire que selon une récente enquête publiée par Pôle emploi, les pharmaciens sont à la deuxième place dans la liste des métiers où le taux de difficultés de recrutement est le plus élevé, derrière les couvreurs et zingueurs. « C’était une tendance que l’on voyait déjà dans les milieux ruraux, mais qui s’est nettement aggravée, constate Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. La crise sanitaire a été une période très éprouvante pour les professionnels de santé dont l’ensemble des métiers de la pharmacie (en officine, biologiste, hospitalier…). Comme pour d’autres secteurs, elle a aussi largement fait changer le rapport au travail. »

« Les jeunes ne veulent plus s’installer »

Nombre insuffisant de candidat, profils inadéquats, conditions de travail… Voilà les principales raisons souvent mises en avant par les recruteurs en France et qui se retrouvent dans la pharmacie, notamment d’officine, qui sont aussi des commerçants. « Les plages horaires sont importantes avec parfois une ouverture le samedi, il faut gérer les difficultés d’approvisionnement, la pression parfois forte de la patientèle, les problèmes du quartier, le stationnement… », énumère Dominique Moreau, gérant depuis 20 ans de l’agence Arcane, spécialisée sur le recrutement en pharmacie. Lui aussi a vu la situation se dégrader, alors qu’il reçoit en ce moment une dizaine de nouvelles demandes par semaine émanant d’employeurs de la région PACA. « Les jeunes qui s’investissent dans ces longues études ne veulent ensuite plus s’installer, s’enfermer, poursuit-il. Plutôt que des CDI, l’intérim est donc beaucoup plus porteur en ce moment, pour sa souplesse et sa liberté. »https://56e40ec0edf405bca8fe40185698147c.safeframe.googlesyndication.com/safeframe/1-0-40/html/container.html?n=0

Un moyen pour les rares candidats, forcément plus gourmands, d’être mieux rémunérés alors que l’épineuse question du salaire entre aussi en jeu. A Paris, Alexandre Mylle a bien failli trouver la bonne personne pour le poste, jusqu’à ce qu’il parle rémunération. « Elle sortait tout juste de la fac et me demandait un coefficient 750 [un salaire auquel un pharmacien peut prétendre après un certain nombre d’années d’expérience], mais moi, en tant que gérant d’une petite entreprise, je ne peux pas suivre, ce n’est pas possible ! » « C’est sûr que l’on ne peut pas faire des miracles… », observe Carine Wolf-Thal, alors que le salaire moyen d’un pharmacien adjoint est d’environ 3.500 euros net par mois.

  • Les pharmaciens sont à la deuxième place dans la liste des métiers où le taux de difficultés de recrutement est le plus élevé, selon une récente étude par Pôle Emploi.
  • Un phénomène qui s’est accentué avec la crise sanitaire, période éprouvante pour les professionnels de santé qui a aussi largement fait changer le rapport au travail, constate-t-on dans le secteur.
  • Alors que de nombreuses officines doivent s’organiser face à la pénurie de candidat, l’ordre des pharmaciens estime qu’un travail de reconquête est à faire auprès des jeunes.

« La situation est horrible. On manque cruellement de personnel. » Derrière son comptoir de la pharmacie des musées, dans le 3e arrondissement de Paris, Alexandre Mylle semble désespéré. Le professionnel de santé, qui a repris cette petite officine il y a trois ans, recherche en vain un nouveau collaborateur pour remplacer son adjoint qui partira le mois prochain. Malgré une annonce soignée, postée à maintes reprises sur divers sites d’emploi depuis plusieurs mois, les candidatures sont rares. « Et je n’ai affaire qu’à des personnes peu fiables, déplore le pharmacien. Je ne sais pas comment je vais tenir, sachant que j’ai déjà mis un an à recruter le précédent. A cette période, j’ai dû travailler au moins 70 heures par semaine… »

Aux quatre coins de la France, les pharmacies font face à une pénurie de médicaments, mais aussi de personnels, à en croire le nombre d’annonces marquées « urgent » qui circulent sur les réseaux sociaux. Il faut dire que selon une récente enquête publiée par Pôle emploi, les pharmaciens sont à la deuxième place dans la liste des métiers où le taux de difficultés de recrutement est le plus élevé, derrière les couvreurs et zingueurs. « C’était une tendance que l’on voyait déjà dans les milieux ruraux, mais qui s’est nettement aggravée, constate Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. La crise sanitaire a été une période très éprouvante pour les professionnels de santé dont l’ensemble des métiers de la pharmacie (en officine, biologiste, hospitalier…). Comme pour d’autres secteurs, elle a aussi largement fait changer le rapport au travail. »

« Les jeunes ne veulent plus s’installer »

Nombre insuffisant de candidat, profils inadéquats, conditions de travail… Voilà les principales raisons souvent mises en avant par les recruteurs en France et qui se retrouvent dans la pharmacie, notamment d’officine, qui sont aussi des commerçants. « Les plages horaires sont importantes avec parfois une ouverture le samedi, il faut gérer les difficultés d’approvisionnement, la pression parfois forte de la patientèle, les problèmes du quartier, le stationnement… », énumère Dominique Moreau, gérant depuis 20 ans de l’agence Arcane, spécialisée sur le recrutement en pharmacie. Lui aussi a vu la situation se dégrader, alors qu’il reçoit en ce moment une dizaine de nouvelles demandes par semaine émanant d’employeurs de la région PACA. « Les jeunes qui s’investissent dans ces longues études ne veulent ensuite plus s’installer, s’enfermer, poursuit-il. Plutôt que des CDI, l’intérim est donc beaucoup plus porteur en ce moment, pour sa souplesse et sa liberté.

Un moyen pour les rares candidats, forcément plus gourmands, d’être mieux rémunérés alors que l’épineuse question du salaire entre aussi en jeu. A Paris, Alexandre Mylle a bien failli trouver la bonne personne pour le poste, jusqu’à ce qu’il parle rémunération. « Elle sortait tout juste de la fac et me demandait un coefficient 750 [un salaire auquel un pharmacien peut prétendre après un certain nombre d’années d’expérience], mais moi, en tant que gérant d’une petite entreprise, je ne peux pas suivre, ce n’est pas possible ! » « C’est sûr que l’on ne peut pas faire des miracles… », observe Carine Wolf-Thal, alors que le salaire moyen d’un pharmacien adjoint est d’environ 3.500 euros net par mois.

Source Le Parisien

Partgagez

Plus d'articles

Ecrivez-nous