Combien peut gagner un chef étoilé ?

Dans le sillage des émissions diffusées à la télévision, le chef cuisinier est devenu une célébrité de premier plan. Entre restaurant, livres de recettes, activités médiatiques et monétisation de son image, certains parviennent à dégager un chiffre d’affaires conséquent.

Combien peut gagner un chef étoilé ?

Si les chefs de restaurants «classiques» ou de bistrots peuvent gagner jusqu’à 3.000 euros par mois, ceux arborant une étoile ou étant particulièrement à la mode peuvent négocier un montant bien supérieur. Dans certains palaces, où la cuisine est parfois siglée 3 étoiles Michelin, le salaire peut grimper jusqu’à 20.000 euros nets par mois, détaille ainsi le site Bourdorama.

Reste que pour les cuisiniers «stars», ce sont surtout les activités annexes qui rapportent le plus. Devenir l’un des visages d’une émission de télévision est particulièrement rentable. Le numéro un dans ce domaine, Cyril Lignac, qui multiplie les programmes, toucherait ainsi environ 250.000 euros par an pour cela. Du côté de Top Chef, Philippe Etchebest aurait touché 85.000 euros, Hélène Darroze 60.000 euros, Michel Sarran 50.000 euros et Paul Pairet 35.000 euros lors de la dernière saison, a révélé Public. Les écarts s’expliquent notamment par l’ancienneté des chefs dans le programme.

LES LIVRES DE RECETTES, LE BON FILON

Mais les salaires perçus pour leur travail en cuisine ou pour leur participation à un programme télévisuel ne sont pas les seules sources de revenus. Certains sont devenus de véritables marques qui font vendre. De fait, les livres de recettes peuvent devenir des poules aux oeufs d’or en librairie. Chef médiatique numéro un en France, Cyril Lignac aurait ainsi récolté 5,6 millions d’euros en dix ans, avec la publication de 43 livres différents, indique Boursorama.

Le site révèle par ailleurs que des maisons d’édition peuvent dépenser jusqu’à 50.000 euros pour s’attacher les services d’un grand chef, lui reversant ensuite 10 à 15% de prix de vente de chaque livre (les droits d’auteur sont en général de 6% dans l’édition).

DES CHEFS DEVENUS INFLUENCEURS

Cette starification permet aussi aux chefs de développer des partenariats avec des marques, pas forcément liées au monde de la gastronomie. Vêtements, automobile, horlogerie… la liste est longue. Les chefs sont par ailleurs nombreux a avoir investi les réseaux sociaux pour faire fructifier leur image. Ces nouveaux «influenceurs», à l’image d’un Juan Arbelaez qui totalise 364.000 abonnés sur Instagram, multiplient ainsi les publications et les vidéos rémunérées par les marques (dont les tarifs à l’unité peuvent varier de 2.000 à 5.000 euros et les contrats à long terme s’avérer encore plus rémunérateurs).

Enfin, certains chefs deviennent «consultants» auprès d’un autre restaurant ou d’une chaîne, en participant à la création de la carte, à la formation des équipes ou à l’aménagement de la salle, de la cuisine, etc. Les plats confectionnés pour les compagnies aériennes ou ferroviaires entrent également dans ce cas. Toujours selon nos confrères, un grand chef peut négocier de 100.000 à 150.000 euros pour ces collabs.

Paradoxalement, ce n’est donc pas derrière leurs fourneaux que les grands chefs gagnent le plus d’argent.

Les salaires des jurés de Top Chef dévoilés: jusqu’à 60.000 euros par saison

Le magazine Public a dévoilé les salaires des jurés de la douzième édition de Top Chef, diffusée au printemps 2021. C’est Philippe Etchebest, présent depuis 2014, qui toucherait le plus gros cachet avec 85.000 euros par saison. Viennent ensuite Hélène Darroze (60.000 euros) et Michel Sarran (50.000 euros). Paul Pairet ferme la marche avec 35.000 euros. Ce salaire correspond à 12 jours de tournage répartis sur un mois et demi, pour 16 épisodes.

Qui sont les chefs les plus «bankables»?

Selon un classement établi par l’agence Advent, spécialiste de la mesure et du conseil en marketing d’influence, pour Les Echos Week-End, Cyril Lignac est le chef le plus influent, devant Paul Bocuse et Joël Robuchon (pourtant tous deux décédés!) Viennent ensuite Alain Ducasse , Philippe Etchebest, Thierry Marx, Jean-François Piège et Hélène Darroze, seule femme du classement. 5 membres ou ex-membres du jury de Top Chef figurent donc dans ce Top 10.

Cyril Lignac, un chef très médiatique

C’est l’arrivée de Cyril Lignac sur le petit écran en 2005, avec l’émission Oui Chef!, qui a dopé la notoriété des cuisiniers. Cette tendance a explosé cinq ans plus tard avec Top Chef. S’il est aujourd’hui le chouchou des téléspectateurs français, Cyril Lignac est surtout un homme d’affaires aguerri. Selon les estimations du site Capital, sa fortune serait passée de 4,5 millions d’euros en 2013 à 10 millions d’euros en 2020. Le chef le plus télégénique du PAF (une douzaine d’émissions au compteur) toucherait 250.000 euros par saison grâce à la télévision.

À la tête de 150 personnes, il possède quatre restaurants, un bar à cocktails, cinq pâtisseries et une chocolaterie. Son business le plus lucratif demeure toutefois l’édition: en 10 ans, Cyril Lignac a publié 43 livres pour un total de 5,6 millions d’euros de recettes. Les trois tomes de «Fait maison», sortis en 2020, auraient déjà généré plus de 11,5 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Face à ce marché en plein essor, les maisons d’édition font les yeux doux aux chefs. Certaines seraient prêtes à débourser jusqu’à 50.000 euros pour s’offrir une célébrité. Cette dernière touche ensuite 10 à 15% sur le prix du livre. De quoi de garantir un revenu confortable.

Des partenariats très lucratifs

La cuisine occupe une place significative dans le paysage médiatique. Selon Quentin Bordage, directeur général de la société Brand and Celebrities, la demande pour les profils de chefs est en forte hausse dans le secteur publicitaire. «La cuisine véhicule des valeurs d’excellence, d’authenticité, d’expertise et d’innovation qui vont pouvoir être associées à de nombreuses autres marques au-delà du domaine culinaire explique-t-il. Plus du tiers des partenariats que l’on monte avec des chefs aujourd’hui concernent des secteurs contre-intuitifs tels que l’énergie, le prêt-à-porter, le luxe et l’automobile». C’est notamment le cas de Philippe Etchebest avec Land Rover ou de Jean-François Piège avec les montres Piaget.

Les tarifs pour une publicité avec un chef évolueraient entre 15.000 et 25.000 euros. Il faudrait compter au-delà de 150.000 euros pour qu’un Meilleur Ouvrier de France ou un trois étoiles Michelin s’affiche à la télévision pour une marque agroalimentaire. Les réseaux sociaux ouvrent de nouveaux horizons pour ces influenceurs: comptez en moyenne 2.000 euros pour un post Instagram , 5.000 euros pour une vidéo, parfois jusqu’à 15.000 euros pour un partenariat. Le chef Juan Arbe¬laez (ex-candidat de Top Chef), très présent sur Instagram pendant le confinement, a déjà travaillé avec Lacoste, Quiksilver, Biocoop ou Weight Wat¬chers. À la tête de sa propre société de production, il aurait enregistré environ 80.000 euros de chiffre d’affaires en 2020 rien qu’avec des vidéos commandées par des entreprises.

Le consulting, une activité rémunératrice

Un dîner de gala avec un chef multi-étoilé peut se négocier entre 15.000 et 30.000 euros. Les tarifs s’envolent pour du consulting de restaurant: le ticket d’entrée pour s’offrir les conseils d’un grand chef s’échelonne entre 100.000 et 150.000 euros (conseil sur le matériel et l’aménagement, création des cartes, formation des équipes), auxquels s’ajoute un pourcentage sur le chiffre d’affaires pouvant aller jusqu’à 10%. Le très demandé Jean Imbert aurait été rémunéré 125.000 euros pour sa collaboration avec le luxueux club de sport parisien Blanche.

Une enseigne de fast-food aurait proposé 100.000 euros à un ancien candidat de Top Chef pour imaginer une offre de menu enfant et le faire savoir sur ses réseaux sociaux. 100.000 euros, c’est également le tarif moyen pour signer les plats du TGV ou la carte de la première classe d’une compagnie aérienne. C’est ce qu’auraient déboursé les quatre concessionnaires pour s’offrir des plats et sandwiches signés Marc Veyrat sur les aires d’autoroutes.

Ces contrats représenteraient en moyenne 15 à 20% des revenus annuels des chefs, voir même 50% pour certains cuisiniers propriétaires de leur restaurant gastronomique – une activité peu rentable. C’est donc paradoxalement hors de sa cuisine qu’un chef gagne le plus d’argent.

Les records d’audience des émissions de cuisine

Les émissions culinaires continuent de doper les audiences des chaînes. Mercredi 9 juin 2021, la finale de Top Chef a réuni 3,2 millions de téléspectateurs sur M6, soit 17,8% de part d’audience (PDA). En moyenne, la 12e saison a rassemblé 3,28 millions de personnes chaque semaine, soit 15,8% de PDA et 28,8% sur les femmes responsables des achats de moins de 50 ans (FRDA-50), son public cible. Le 30 décembre 2020, le dernier épisode de la 9e saison du Meilleurs pâtissier, toujours sur M6, a rassemblé 3,8 millions de téléspectateurs (17% de PDA). Un record historique pour une finale.

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