Thomas Cook fait faillite, 10 000 clients français en attente d’être rapatriés

Thomas Cook fait faillite, 10 000 clients français en attente d’être rapatriés

 

L’opération de rapatriement de civils la plus importante depuis la seconde guerre mondiale s’organise, lundi, pour les quelque 600 000 clients du groupe britannique en vacances.

 

Thomas Cook fait faillite, 10 000 clients français en attente d’être rapatriés

Une agence Thomas Cook, à Londres, en juillet 2019.

Le voyagiste britannique Thomas Cook a annoncé sa faillite lundi 23 septembre à l’aube, après l’échec d’un marathon de discussions avec ses créanciers et son actionnaire chinois, Fosun. Il va entrer en « liquidation immédiate ».

Les autorités vont devoir organiser le rapatriement massif de quelque 600 000 touristes dans le monde, dont 150 000 pour le Royaume-Uni, deux fois plus que lors de la faillite de la compagnie aérienne britannique Monarch Airlines il y a deux ans, soit l’opération la plus importante pour des civils depuis la seconde guerre mondiale. Près de 10 000 clients de Thomas Cook France sont actuellement en vacances.

« Malgré des efforts considérables, les discussions entre les différentes parties prenantes du groupe et de nouvelles sources de financement possibles n’ont pas débouché sur un accord », explique le communiqué. Le patron du voyagiste, Peter Fankhauser, a précisé que « bien qu’un accord ait été déjà largement approuvé, une requête pour des fonds supplémentaires ces derniers jours a présenté une difficulté qui s’est révélée insurmontable ».

 

L’actionnaire « déçu »

La compagnie aérienne allemande Condor, qui fait partie du Groupe Thomas Cook, a annoncé lundi matin maintenir ses vols malgré la faillite de sa maison mère, mais demande un prêt d’urgence au gouvernement allemand. « Condor continue d’opérer en tant que société allemande. Pour éviter un manque de liquidités chez Condor, un prêt relais garanti par l’Etat a été demandé. Le gouvernement fédéral examine actuellement cette question », a déclaré la compagnie, qui dispose d’une quarantaine d’appareils.

« Je tiens à m’excuser auprès de nos millions de clients, nos milliers d’employés, fournisseurs et partenaires qui nous soutiennent depuis des années », a déclaré le patron de Thomas Cook, tout en déplorant un « jour profondément triste pour une entreprise pionnière du voyage organisé ». De son côté par voie de communiqué, l’actionnaire Fosun s’est dit « déçu que Thomas Cook Group n’ait pas été en mesure de trouver une solution viable pour sa proposition de recapitalisation ».

Le tour-opérateur indépendant le plus vieux du monde met ainsi fin à près de deux siècles d’activité. Environ 22 000 employés du groupe vont perdre immédiatement leur emploi, dont 9 000 au Royaume-Uni.

Concurrence acharnée

Une source proche du dossier avait expliqué samedi que des administrateurs tenteraient de sauver « les parties du groupe qui peuvent l’être » pour que les créanciers retrouvent un peu de leur mise. Quant aux actionnaires, ils perdent tout. Le titre du groupe avait fondu ces derniers mois à mesure que les problèmes de Thomas Cook s’amplifiaient ; il ne valait plus que quelques pence dimanche.

Le pionnier des tour-opérateurs, très lourdement endetté, a vu son horizon s’assombrir ces dernières années à cause de la concurrence acharnée des sites Internet de voyage à bas prix et de la frilosité de touristes inquiets du Brexit notamment. Il avait annoncé une perte abyssale de 1,5 milliard de livres (1,7 milliard d’euros) pour le premier semestre, pour un chiffre d’affaires de quelque 10 milliards de livres.

Son destin s’est joué en quelques jours : des créanciers lui ont récemment demandé de trouver 200 millions de livres de financements supplémentaires pour qu’un plan de sauvetage déjà accepté de 900 millions de livres, et mené par le groupe chinois Fosun, premier actionnaire, soit validé. Les réunions se sont enchaînées tout le week-end pour tenter de trouver un investisseur privé auprès de fonds spéculatifs ou d’investissement, ou auprès du gouvernement, en vain.

 

« Cet imbroglio aurait pu être évité »

L’affaire a pris un tournant volontiers politique, d’autant que la banque RBS a elle-même été sauvée par le gouvernement à grands frais après la crise financière de 2008. « C’est un imbroglio qui aurait pu être évité. Les ministres doivent aller de l’avant et prendre leurs responsabilités pour venir en aide aux passagers et aux employés », s’est indigné Brian Strutton, secrétaire général du syndicat de pilotes Balpa (British Airline Pilots Association – « Association des pilotes de ligne britanniques »), ajoutant que le gouvernement n’avait pas tiré les conclusions de la faillite de la compagnie Monarch il y a deux ans.

La faillite devrait créer une onde de choc dans le tourisme européen. Tout au long du week-end, des clients, se demandant comment ils allaient rentrer chez eux, ont déversé leurs frustrations sur les réseaux sociaux. Sans parler de ceux qui, comme cette Britannique, ont dépensé des fortunes pour un voyage de rêve à venir. Chloe Hardy devait se marier en Grèce au début d’octobre. A cette occasion, sa famille, son fiancé et elle ont dépensé 45 000 livres, affirme-t-elle. « On ne sait pas si on pourra voler et encore moins se marier comme prévu. Nos familles, amis et nous sommes dévastés », a-t-elle confié à l’Agence France-Presse.

Thomas Cook fait faillite, 10 000 clients français en attente d’être rapatriés

La faillite de Thomas Cook a bloqué des dizaines de touristes en Tunisie

Plusieurs dizaines de touristes Britanniques ont été empêchés de partir de l’établissement hôtelier qui les hébergeait en Tunisie.

Retenus dans leur hôtel jusqu’à ce qu’ils paient. Plusieurs dizaines de touristes britanniques ont été empêchés de partir de l’établissement hôtelier qui les hébergeait en Tunisie, ce dernier voulant s’assurer que leur séjour avait bien été payé. Pour certains, le paiement avait été effectué non pas auprès de l’hôtel, mais auprès du voyagiste Thomas Cook, déclaré en faillite ce lundi 23 septembre. 

Comme l’a repéré Sud Ouest, plusieurs médias britanniques ont relayé des dizaines de témoignages de touristes bloqués dans l’enceinte de la résidence hôtelière Les Orangers à Hammamet en Tunisie. Le portail a été fermé et bloqué pour que les clients ne puissent plus sortir tant que leur paiement n’avait pas été validé.

 

Source Le Monde 

 

 

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