Thierry GAILLAC, Président de la Commission Tourisme de la CCI de Bordeaux

Dans un entretien accordé à Hospitality ON, Thierry Gaillac, Président de la Commission Tourisme de la Chambre du Commerce et de l'Industrie de Bordeaux, met en avant l'importance pour une destination d'avoir un observatoire du tourisme et de l'hôtellerie. Il détaille notamment les actions mises en place à partir de l'analyse de ces données.

Thierry GAILLAC, Président de la Commission Tourisme de la CCI de Bordeaux

Dans un entretien accordé à Hospitality ON, Thierry Gaillac, Président de la Commission Tourisme de la Chambre du Commerce et de l’Industrie de Bordeaux, met en avant l’importance pour une destination d’avoir un observatoire du tourisme et de l’hôtellerie. Il détaille notamment les actions mises en place à partir de l’analyse de ces données.

Thierry GAILLAC, Président de la Commission Tourisme de la CCI de Bordeaux

De quel constat est née la volonté de mettre en place un observatoire touristique et hôtelier ?

La volonté de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux de mettre en place un observatoire est née du fait que les données étaient trop éparpillées entre les statistiques de l’Insee, les chiffres de l’Office du Tourisme et les observatoires réalisés par certains hôteliers. Il n’y avait ainsi pas de véritable analyse ni de tri des données et le besoin d’un observatoire était évident. Il fallait également qu’il soit comparable à ceux effectués dans les autres métropoles.

Comment avez-vous mobilisé les acteurs de l’hôtellerie et du tourisme ?

Une grande partie des acteurs du secteur était déjà mobilisée. Très présente à Bordeaux avec près de 80% du parc, l’hôtellerie de chaînes reportait en effet déjà ses performances mensuelles. De plus, l’ensemble des hôteliers était convaincu de l’utilité d’un tel observatoire et beaucoup souhaitaient même aller plus loin, avec des analyses par catégorie, par zone, par typologie de clientèle et par origine, comme nous le faisons aujourd’hui avec MKG Hospitality. La demande émanait de toute la profession, mais également des institutionnels qui avaient besoin de chiffres pour faire des constats sur les périodes passées.

Quelles conclusions avez-vous pu tirer de cet observatoire sur la situation du secteur ?

De manière générale, nous avons dans un premier temps constaté que la saisonnalité était très marquée à Bordeaux, avec une période difficile entre les mois de novembre et mars, notamment dans l’hôtellerie haut de gamme. Nous avons également observé une évolution de la clientèle des établissements, davantage tournée vers le tourisme de loisirs que d’affaires, et que la notoriété de la destination avait fortement progressé auprès de ces clients. Enfin, il ressort de l’observatoire que le prix moyen de l’hôtellerie bordelaise est plutôt en dessous de celui des autres métropoles.

Comment utilisez-vous les analyses permises par l’observatoire statistiques ?

Les données mensuelles analysées par l’observatoire nous confortent dans nos prises de décisions. Nous avons par exemple fait le choix de lancer la destination sur les marchés lointains, comme la Chine et le Brésil, qui sont assez rémunérateurs, qui collent plutôt bien avec l’image de la destination et qui sont à même de booster l’hôtellerie haut de gamme. Les chiffres de l’observatoire montrent par ailleurs, qu’avec l’Amérique du Nord, les marchés lointains représentent plus de 10% de la clientèle de l’hôtellerie haut de gamme de Bordeaux. Ce sont des marchés prometteurs qui connaissent actuellement une forte croissance.

La Chambre a également décidé de soutenir activement Bordeaux Gironde Investissement, l’organisme chargé de la promotion de la destination auprès des entreprises, et le Bordeaux Convention Bureau, chargé de l’organisation de congrès sur le territoire. Nous avons en effet pris conscience du fait que la part corporate du tourisme de Bordeaux était un peu légère, notamment dans l’hôtellerie moyen et haut de gamme, et générait à priori moins de séjours que dans les villes industrielles un peu plus établies comme Lyon, Lille ou Toulouse. Nous avons ainsi tout intérêt à soutenir l’attractivité de notre territoire pour les entreprises. En ce qui concerne les congrès, nous nous sommes rendus compte des effets bénéfiques de l’accueil d’évènements sur le secteur et nous sommes plus convaincus que jamais de son importance pour l’équilibre de l’attractivité touristique de la ville et pour désaisonnaliser la destination.

L’observatoire nous permet ainsi d’alerter les collectivités locales sur le besoin d’une remise à jour du Parc des Expositions, qui commence à être très vieillissant et risque de nous faire perdre l’organisation de congrès nationaux s’il n’est pas rénové dans les années qui viennent. Il doit notamment se doter d’une plénière de près de 4 000 places.

Les chiffres nous informent également sur les projets futurs d’implantation. Deux quartiers bordelais sont en pleine transformation, celui de la gare avec l’accueil de la ligne à grande vitesse et les Bassins à Flot, et vont générer la création de nouvelles chambres d’hôtel. Il est donc important que les investisseurs soient avertis des catégories où le marché est porteur, ou pas, et des zones géographiques qui ne fonctionnent pas dans la communauté.

Enfin, cela nous permet de pousser l’aéroport à ouvrir des lignes directes vers certaines destinations, comme l’Allemagne où nous sommes assez faibles avec un vol saisonnier sur Munich.

Quelles sont vos perspectives à venir en termes de tourisme et d’hébergement marchand ?

Les perspectives en matière de tourisme de loisirs à Bordeaux sont plutôt bonnes. La notoriété de la ville ne cesse de progresser depuis une quinzaine d’années. La destination devrait être en vue au cours des prochaines années avec de nouveaux équipements à venir comme le Musée des Civilisations du Vin, dont l’ouverture est prévue pour le printemps 2016, le Grand Stade, qui va ouvrir en mai 2015, une future salle de spectacles et l’arrivée de la ligne à grande vitesse. Les professionnels sont optimistes mais il faut faire attention à ce que le tourisme ne soit pas que de loisirs. Nous devons compléter ce marché par l’implantation de nouvelles entreprises sur notre territoire, pour générer des déplacements dans les hôtels.

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