Comment reconnaître une pâtisserie industrielle d'une pâtisserie artisanale?

Il est toujours assez difficile de pouvoir différencier à coup sûr une pâtisserie industrielle d'une artisanale. La profession cherche depuis de nombreuses années à établir un code de......

Comment reconnaître une pâtisserie industrielle d’une pâtisserie artisanale?

Paris-Brest, crème brûlée, tarte au citron, fraisier… Comment déceler les pâtisseries artisanales des industrielles?Paris-Brest, crème brûlée, tarte au citron, fraisier… Comment déceler les pâtisseries artisanales des industrielles? 

 Comment reconnaître une pâtisserie industrielle d'une pâtisserie artisanale?

La tarte au citron ou la religieuse au chocolat que vous achetez chez votre boulanger-pâtissier sont-elles du fait maison ou industrielles? Voici les astuces et conseils pour déceler l’industriel de l’artisanal.

Votre boulanger-pâtissier ne fait peut-être pas ses gâteaux. S’il existe une omerta sur la question, de nombreux observateurs s’accordent à dire que plus de 30% des pâtisseries vendues en France seraient d’origine industrielle. Si ces produits ne présentent aucun danger pour la santé de leurs consommateurs, il y a tromperie sur la marchandise car ceux-ci payent un produit industriel au prix de l’artisanal. Voici quelques astuces pratiques pour s’y retrouver et essayer de séparer le bon grain de l’ivraie, l’industriel de l’artisanal.

Un procédé qui n’a rien de nouveau
Cette pratique n’est pas une nouveauté: dès les années 1970, certains pâtissiers se sont procurés des produits finis ou semi-finis parce qu’ils n’avaient pas les compétences ou assez de personnes pour les produire eux-mêmes. Depuis ces dernières années, d’autres facteurs -comme le coût de la main d’oeuvre, le manque de salariés qualifiés, la réduction du temps de travail ou les changements dans les demandes des consommateurs- ont considérablement augmenté le nombre d’artisans faisant appel aux fournisseurs industriels. Depuis ces vingt dernières années, les observateurs les plus sérieux estiment que la demande a été multipliée par dix. De plus en plus de commerçants ont pris la mauvaise habitude de s’approvisionner auprès d’industriels spécialisés dont le nombre ne cesse d’augmenter (Fedipat, Coup de Pâte, Délifrance, Four à idées ou l’Européenne des desserts).

Quelle obligation légale?
Si, depuis 1998, les boulangers doivent obligatoirement façonner et cuire leurs pains sur le lieu de vente pour s’afficher comme une boulangerie, il n’existe aucune obligation particulière pour bénéficier de l’enseigne de pâtisserie. On peut facilement acheter des entremets finis, des pâtisseries à assembler ou des gâteaux déjà prêts à l’emploi. La seule obligation est d’avoir un diplôme de pâtissier.

Trois sortes de pâtisseries
Trois principales sortes de pâtisseries sont disponibles. On trouve tout d’abord le fait maison, où tous les ingrédients sont conçus par l’artisan. Cela ne représente pas plus de 1% des pâtisseries hexagonales. Pour se faire, il faut effectivement bénéficier d’un personnel très qualifié, d’un choix de matières premières de qualité supérieure et d’un savoir-faire rare. Bien entendu, les pâtisseries vendues par de tels artisans le sont à un tarif beaucoup plus élevé que dans une boutique de quartier, mais c’est le prix à payer pour un entremets de qualité exceptionnelle. De plus, les créations originales et inédites sont une garantie supplémentaire de consommer un produit artisanal.
D’autres commerçants choisissent d’assembler leurs pâtisseries en kit en achetant des fonds de tarte crue ou précuite, des préparations à base de poudre à crème ou blanc d’oeuf (les “mixes”). Il ne reste plus qu’à déposer des éléments de finition et cuire l’ensemble au four. On trouve aussi chez des grossistes pour professionnels comme Metro des ensembles prêts à garnir, des pots de garnitures chocolatées ou citronnées sans parler de pâtisseries individuelles sous vide.

Enfin, il existe une pâtisserie totalement surgelée qu’on se procure auprès des enseignes industrielles dans des cartons de 10 à 30 pièces, que l’on stocke dans un congélateur et que l’on sort simplement quelques heures avant de mettre en vente dans sa vitrine. Si certains industriels utilisent des matières nobles, beaucoup d’autres ont moins de scrupules et proposent des ingrédients inattendus comme des conservateurs, additifs ou colorants de synthèse pour allonger la conservation des produits finis. Si leur présence est parfois justifiée, c’est leur grand nombre qui pose problème dans un gâteau supposé artisanal.

Poser des questions
En entrant dans une boutique, il faut d’abord interroger la vendeuse (ou le vendeur) sur l’origine des produits vendus sur place. Si la réponse paraît évasive ou hésitante, la suspicion est de mise. Lorsque vous êtes dans une petite boutique et que l’offre de gâteau est extrêmement large, vous pouvez légitimement vous poser certaines questions. N’hésitez pas non plus à demander à votre interlocuteur le nombre de pâtissiers travaillant dans le laboratoire. Plus ils sont, plus il y a de chances que tout soit fait maison.

L’impression de déjà-vu
Si vous remarquez des produits similaires dans différentes boulangeries pâtisseries, il est probable qu’elles proviennent du même fournisseur industriel. Un rapide coup d’oeil sur Internet parmi les catalogues des plus grandes marques (Fedipat, Coup de Pâte, Délifrance, Four à idées ou l’Européenne des desserts) vous permettra de vous familiariser avec leurs produits.

La régularité
Vous devez ensuite attentivement observer les gâteaux: s’ils sont trop réguliers, voir quasi identiques, il y a de fortes chances que ce soit des productions non artisanales. Méfiez-vous également du saupoudrage de sucre glace sur les tartes qui permet souvent de masquer des fruits congelés. Malheureusement, certains industriels ont récemment trouvé une parade en créant des gourmandises volontairement irrégulières pour encore mieux essayer de tromper les consommateurs. Pour compliquer les choses, quelques artisans choisissent sciemment de panacher leur offre entre fabrication maison et gâteaux industriels.

Déceler bon et mauvais surgelé
Il existe un indice pour repérer à coup sûr des produits surgelés: l’artisan a l’obligation d’informer le client en apposant quelque part sur sa vitrine un logo de pingouin, d’igloo ou de flocon de neige. Même si la réglementation l’impose, bien peu de pâtisseries apposent ce logo de façon visible.

De plus, si le surgelé fait encore trop souvent peur au public, quasiment tous les artisans congèlent une partie de leur production pour éviter les pertes et rationaliser leur production. Ils le font simplement selon des conditions drastiques et avec des technologies de pointe qui permettent de sauvegarder au maximum les goûts des différents éléments. Des produits comme les macarons ou des mousses doivent être obligatoirement bloqués au froid un moment lors de leur production. Les véritables artisans sont aussi capables d’expliquer précisément à leur clientèle l’ensemble de leur processus de fabrication.

Terminaux de cuisson
Vous pouvez facilement éviter des chaînes de boulangeries et pâtisseries comme la Brioche Dorée, la Croissanterie ou la Mie Câline, qui sont des terminaux de cuisson se contentant souvent de décongeler des produits industriels ou d’assembler quelques pâtisseries sur place qui ne demandent aucun savoir-faire particulier.

Les astuces par gâteau
Philippe Conticini, orfèvre pâtissier et cofondateur de la Pâtisserie des Rêves, nous donne aussi quelques pistes encore plus concrètes: “Sur les éclairs au chocolat ou au café, il faut regarder précisément le glaçage, s’il paraît littéralement ‘posé’ sur la pâte à chou ou extrêmement brillant et scintillant, il est impossible que ce soit l’oeuvre d’un professionnel. Pour le millefeuille, il doit être épais, irrégulier et un peu grossier. Si la crème pâtissière est jaune, ce n’est pas normal. On doit aussi apercevoir des points noirs dans la crème qui correspondent à la gousse de vanille. En ce qui concerne le baba au rhum, plus la pâte semble serrée, colorée, avec le moins de bulles possible, plus on s’approchera d’une qualité artisanale. Lorsqu’on a ce gâteau en bouche, on doit aussi ressentir une sensation de densité et une belle mâche [riche en textures, NDLR].”

Il est toujours assez difficile de pouvoir différencier à coup sûr une pâtisserie industrielle d’une artisanale. La profession cherche depuis de nombreuses années à établir un code de bonne conduite pour les artisans, histoire que chaque client puisse précisément savoir ce qu’il va acheter chez son boulanger pâtissier de quartier. Mais ce label est bien loin de voir le jour.

 

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