Pierre Desproges, les chroniques culinaires: quand l’alimentation est l’ingrédient principal des artistes et des écrivains

Pierre Desproges, les chroniques culinaires: quand l’alimentation est l’ingrédient principal des artistes et des écrivains

“Un cassoulet sans vin rouge, c’est aussi consternant et incongru qu’un curé sans latin.” Reconnaîtriez-vous cette plume? Et si maintenant on vous dit qu’on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui? Bien vu, il s’agit de Pierre Desproges. On l’ignore peut-être, mais en plus d’être drôle, Desproges était aussi “nouillophile” et grand amateur de cuisine et de vin. Et il a même beaucoup écrit à ce sujet.

De 1984 à 1985, il a en effet prêté sa plume à la revue française Cuisine et Vins de France. Des chroniques culinaires à la Desproges, c’est-à-dire avec une bonne dose d’humour décalé, un zeste d’absurde, et un résultat anticonformiste. Charlie Hebdo a voulu rassembler ces chroniques et les accompagner d’illustrations de ses dessinateurs. La recette est plutôt réussie, et s’appelle Encore des nouilles, un livre qui paraît ce jeudi 18 septembre aux éditions Les Échappés.

Dans ce petit recueil, Desproges va d’aventures culinaires en histoires complètement farfelues, et nous donnent même quelques “recettes”. (Avez-vous déjà tenté le “Cheval-Melba“?)

Pierre Desproges, les chroniques culinaires: quand l'alimentation est l'ingrédient principal des artistes et des écrivains

La gastronomie a toujours eu une place importante chez les écrivains, mais aussi dans la culture dans son ensemble. Normal, partout, tout le monde mange. Ne dit-on pas que quand l’appétit va, tout va?

Quand on songe à la gastronomie dans la littérature, on pense à Gargantua et Pantagruel, ces géants héros de l’oeuvre de Rabelais. Banquet par ci, dégustation par là… “Le Gargantua ne se contente pas de parler de nourriture, il en regorge”, écrit Michel Hansen, auteur de “Viandes et nourriture dans le ‘Gargantua’ ou les métamorphoses du banquet”, paru dans le Bulletin de l’Association d’étude sur l’humanisme, la réforme et la renaissance. Dans ses livres, Rabelais semble donner autant d’importance à la lecture et à la nourriture: “Il faut manger jusqu’à s’en faire éclater la panse de même que, comme dit Gargantua à son fils dans le Pantagruel, il faut lire tous les livres”, souligne Hansen.

Dans un ouvrage intitulé La littérature gourmande, de François Rabelais à Marcel Proust, l’écrivain Philippe Di Folco recense ces beaux morceaux de littérature qui font, soit de l’oeuvre entière, soit d’une partie, de la nourriture une matière première. Parmi celles-ci, le Traité des excitants modernes (1838) de Honoré de Balzac, le “souper chez Mademoiselle Rachel” d’Alfred de Musset, les fameuses Petites Madeleines de Marcel Proust dans A la recherche du temps perdu.

Alexandre Dumas a même publié en 1872 son Grand Dictionnaire de la cuisine, dans lequel il définit avec humour tous les ingrédients de la cuisine. Au hasard, les lardons: “Petits morceaux de lard dont on se sert pour larder.” Côté recettes, Marguerite Durasn’était pas en reste. Son fils, Jean Mascolo, a publié après sa mort un recueil de ses recettes préférées, La cuisine de Marguerite. Vous pouvez par exemple lire la Recette de l’omelette vietnamienne, sur le site d’Arte.

Pierre Desproges, les chroniques culinaires: quand l'alimentation est l'ingrédient principal des artistes et des écrivainsLa raison gourmande

L’appropriation de la nourriture comme matière de travail est loin d’être l’apanage de la littérature. De Plutarque à Deleuze en passant par Nietzsche et Diderot, l’alimentation a toujours intéressée de très près la philosophie. Michel Onfray, auteur de La Raison gourmande, définit même l’homme parce qu’il mange. Dans un entretien avec Philosophie Magazine, il explique: “Manger, c’est nourrir une mécanique avec laquelle on pense. On peut la charger ou l’alléger, on peut punir sa chair en l’engraissant, en l’alcoolisant, en l’intoxicant avec des substances dangereuses pour la santé (…) ou la célébrer en faisant de l’acte naturel et obligatoire qu’est la nutrition un geste esthétique et culturel qui donnera du plaisir (…). Chercher à comprendre le monde dans lequel on vit, explique-t-il, passe par l’appréhension de la cuisine.

Evidemment, le cinéma n’est pas en reste, et les synopsis de films ayant pour objet principal un plat, un restaurant ou un chef sont plus que nombreux, comme vous pouvez le constater dans le diaporama ci-dessous (liste bien loin d’être exhaustive):

Quand la nourriture s’infiltre au cinéma

Côté art (visuel), parions que le premier nom qui vient à l’esprit est celui d’Arcimboldo, le peintre milanais célèbre pour ses portraits composés notamment de végétaux.

La nourriture a désormais une place toute particulière dans l’art contemporain, notamment car elle est utilisée pour dénoncer le gaspillage, la société de consommation, notre animalité… (Il vous reste d’ailleurs deux jours pour aller voir l’exposition “L’art fait ventre” au Musée Montparnasse à paris.) Et quand il n’est pas dans les musées, l’art culinaire se retrouve maintenant directement dans nos assiettes. Voici quelques artistes dont nous vous avons déjà parlé sur Le HuffPost. Histoire de ne pas vous laisser sur votre faim.

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