May Chow, l'étoile montante de la «fast good» asiatique

C'est très cliché de croire que les Chinois boivent tous du Xiao Qing et mangent du crabe! En réalité, les vins chinois sont tous les mêmes et très communs. On ne retrouve pas toute la diversité en goûts et en intensité des raisins français. Vos vins sont tellement plus riches!

May Chow, l’étoile montante de la «fast good» asiatique

 

Remarquée lors de l’édition 2016 du Festival du Vin de Bordeaux en juin, la jeune chef asiatique a épaté par sa prestation vitico-culinaire inédite. Mariant la cuisine hongkongaise avec les vins français, elle avait osé le choc des cultures gastronomiques.

May Chow, l'étoile montante de la «fast good» asiatique

May Chow, la jeune chef cuisinier devant son restaurant de Hong Hong.

Étoile montante de la gastronomie hongkongaise, May Chow fait partie des figures phares de la cuisine asiatique depuis qu’elle a ouvert son propre restaurant Little Bao à Hong Kong en 2013. Délices culinaires et créativités, elle a offert il y a un mois aux visiteurs sur les quais du Festival du Vin à Bordeaux un aperçu de sa philosophie «fast good». Passionnée par les vins français, elle ne cesse aujourd’hui d’aiguiser son sens aigu des saveurs. Alors qu’elle s’apprête à ouvrir un troisième gastro-pub à Bangkok, May Chow nous confie les secrets de sa cuisine hongkongaise et son amour pour le vin français. Sans compromis.

Pourquoi le vin et la «fast good» font-il si bon mélange?
May Chow – Déguster du vin français devrait être à la fois un moment plaisant et sérieux. C’est pourquoi, je m’engage à instituer le vin comme une boisson de prestige, symbole de partage et de joie de vivre. Pour moi, il n’y a pas de meilleure définition de la «fast good» que de profiter de la vie comme le font les Français!

Quelle carte de vin offrez-vous dans votre gastro-pub Little Bao?
Nous proposons une carte des vins concise et efficace qui reste fidèle à la philosophie du lieu. Je souhaite offrir des vins de qualité qui soient accessibles à tous les palais et adaptés aux différentes saveurs des plats typiques de Hong Kong – particulièrement épicés et acides. J’ai une prédilection pour les Bordeaux rouges doux, frais et minéraux de Francois Thienpont, du Domaine Jean Gamary et de Louis Latour Grand Ardeche. Mais, dans mon nouveau restaurant Second Draft (NDLR: ouvert en Juin 2016), j’ai été plus ambitieuse avec une large sélection de vins biodynamiques produits par quelques-uns de vos vignerons encore peu connus mais dont la réputation ne cesse de croître en Asie. J’adore le Chenin Blanc de Garovin Lunatic 2014, le Yann Bertrand – Fleurie «Coup de Foudre» 2014 et Château Cassini 2012 de Bordeaux.

Pourquoi est-ce si difficile de trouver des vins français qui s’accordent aux plats chinois?
La manière d’appréhender les ingrédients et la nourriture en général est différente dans la cuisine chinoise. Personnellement, je suis très attachée à conserver un style «family food» avec des tables de huit personnes, des repas de huit à dix plats différents servis en même temps. La valse des saveurs est permanente! Mais, les Chinois aiment les contrastes et leurs papilles sont très gourmandes. Par conséquent, c’est vrai qu’il est difficile de trouver la bouteille qui accompagnera un tel repas. Garder cette spécificité culinaire hongkongaise est primordial pour moi. Et je trouve très amusant de jouer avec les particularités des différents types de vins qui pourraient accompagner chaque plat.

Qu’est-ce qu’apporte en plus la dégustation d’un vin français au cours d’un repas chinois?
C’est très cliché de croire que les Chinois boivent tous du Xiao Qing et mangent du crabe! En réalité, les vins chinois sont tous les mêmes et très communs. On ne retrouve pas toute la diversité en goûts et en intensité des raisins français. Vos vins sont tellement plus riches! En ce moment, je sers dans mon restaurant des nouilles shanghaiennes avec des fleurs fraîches, du crabe, des concombres et du gingembre. Ce plat se marie parfaitement avec du Chenin Blanc – Lunatic 2014. Je préfère associer les bons vins français avec des plats de Canton ou de Chiu Chow qui sont élégants et légèrement parfumés. Par contre, accompagner avec un bon vin français un plat typique du Sichuan très épicé et poivré est un vrai challenge!

Comment décrivez-vous la culture du vin à Hong-Kong?
Le marché hongkongais est assez sophistiqué et plutôt bien desservi en matière de vins. Les habitants d’ici sont très ouverts d’esprit et n’hésitent pas à goûter toutes sortes de vins. Ma génération sait apprécier la gastronomie française et surtout la culture viticole bordelaise. Cependant, je suis convaincue que la majorité de mes compatriotes aiment tous les types de vins. Chaque année, un festival autour du vin accueille 20.000 participants. Cet enthousiasme prouve que les Hongkongais connaissent et savent apprécier le vin. Parmi eux, certains prennent même la chose très au sérieux et s’improvisent sommeliers – comme si c’était un passe-temps! L’absence de taxe à Hong-Kong incite aussi la population à expérimenter le vin. Peu à peu, j’observe donc une petite révolution du côté des habitudes des jeunes cool et branchés du quartier de SoHo qui sont curieux de découvrir l’univers du vin.

Pour quelles occasions prochaines reviendrez-vous en France?
Il y a toujours de bonnes raisons de se rendre à Paris ou à Bordeaux. Mais pour moi, ces occasions seront toujours motivées par ma passion pour le vin et la gastronomie! Pour le moment, je me concentre sur l’ouverture d’un nouveau spot à Bangkok…

LittleBao 66 Staunton Street, SoHo Hong Kong

Le Figaro

 

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