Les travailleurs indépendants et auto-entrepreneurs de la branche enfin saisis sur le vif !

Photo : Halpoint – Adobe Stock.

Les Urssaf comptabilisent près de 200 000 travailleurs indépendants dans l’H&R. La branche, qui compte par ailleurs 1,2 million de salariés, employait ainsi  fin 2019 près de 1,4 millions d’actifs opérant dans 120 000 établissements.

159 500 indépendants, dont 42 500 auto-entrepreneurs, exercent dans l’un des secteurs de la Restauration et des Débits de boissons. Un effectif qui a peu augmenté depuis 10 ans (+ 1,6 % seulement). Il aurait même diminué sans la forte progression des auto-entrepreneurs (+ 20 %). Un statut officiellement créé le 1er janvier 2009, dont l’attractivité ne se dément pas depuis. Au point de représenter actuellement près d’1 indépendant sur 4 dans les cafés et restaurants.

Au fil des ans, dans la branche, de nombreux travailleurs indépendants dits classiques s’orientent vers ce statut, simple à obtenir et moins gourmand en capital. Le doublement, à partir de 2018, du plafond autorisé de chiffre d’affaires à 170 000 euros pour les auto-entrepreneurs H&R a également favorisé cette conversion.

30 000 travailleurs indépendants, dont 9 500 auto-entrepreneurs, exercent dans les Hébergements. C’est 1 % de plus qu’en 2009. Mais dans ce secteur aussi, le nombre de travailleurs indépendants classiques diminue chaque année (de 2,2 % en moyenne). Au profit des auto-entrepreneurs, qui représentent désormais près d’1 indépendant sur 3. On remarquera également un pourcentage d’auto-entrepreneurs économiquement actifs (ceux qui ont déclaré un CA strictement positif) beaucoup plus élevé (87 %) que dans la Restauration (62 %).

 

Ces indépendants qui sont aussi salariés dans le secteur privé…

L’Acoss a statistiquement aussi mis en évidence le développement des « polyactifs » dans de nombreux secteurs d’activité. Ces indépendants là cumulent en parallèle une activité de salarié dans un autre secteur. Plus d’1 auto-entrepreneur sur 5 (21,4 %) sont également salariés. Contre seulement 6,5 % des travailleurs indépendants classiques.

Dans la Restauration Débits de boissons, ces polyactifs sont également proportionnellement plus nombreux chez les auto-entrepreneurs :  18 %. Ils ne sont que 6 % chez les indépendants traditionnels.

La tendance aux polyactifs demeure à ce jour plus marginale dans l’Hébergement. Elle totalise malgré tout 8 % des auto-entrepreneurs et 7 % des indépendants classiques.

 

Les indépendants plus féminisés et plus âgés dans l’Hébergement

Les femmes investissent davantage les métiers de l’hospitalité. Dans l’Hébergement, près d’1 indépendant sur 2 (49,8 %, soit 14 902 femmes) est une indépendante… Elles deviennent même majoritaires parmi les auto-entrepreneurs (60 %). Dans les cafés et restaurants, en revanche, qu’ils soient indépendants classiques ou auto-entrepreneurs, les hommes prédominent toujours, avec 65 % des comptes Urssaf.

Si les indépendants exerçant dans les hébergements sont plus féminisés, ils sont également plus âgés. 1,7 % seulement d’entre eux ont moins de 30 ans et 10 % moins de 40 ans. Alors que 30,6 % ont plus de 60 ans et 69 % plus de 49 ans. Ces indépendants étant souvent propriétaires de leurs affaires, le ticket d’entrée pour créer ou reprendre un fonds de commerce dans l’hébergement est beaucoup plus élevé.

A contrario, en Restauration Débits de boissons, 7 % des indépendants ont moins de 30 ans et 27 % moins de 40 ans. Le renouvellement des générations intervient plus tôt. 45 % seulement des restaurateurs et cafetiers ont plus de 49 ans et 16 % plus de 60 ans.

 

Les revenus des indépendants classiques trois fois plus élevés que les auto-entrepreneurs

Une lecture rapide de l’étude Acoss mettra en évidence de fortes disparités entre secteurs d’activité. Tout en haut de l’échelle, le revenu moyen d’un indépendant exerçant dans la médecine spécialisée s’élevait à plus de 130 000 euros par an en 2018, soit 10 833 euros par mois. Tout en bas, celui d’un agriculteur ne dépassait pas 13 380 euros, soit 1 115 euros par  mois.

Les niveaux de revenus apparaissent plus homogènes dans l’Hébergement Restauration, du moins pour chaque type d’indépendants. Les indépendants classiques exerçant dans l’Hébergement déclaraient en 2018 aux Urssaf une rémunération annuelle de 20 006 euros, progressant chaque année de 1,2 % en moyenne depuis 2008.  Leurs collègues restaurateurs ou cafetiers faisaient état de 21 018 euros, avec une croissance annuelle de 2 %.

Mais l’apparence est trompeuse, car on raisonne là en revenus moyens. Par définition, ils masquent des écarts, très importants dans le cas présent. A la fois au sein même de chaque secteur. Et entre les deux secteurs H & R.

Ainsi, chez les indépendants de la Restauration Débits de boissons, 25 % se situent à 3 429 euros par an en moyenne (premier quartile). 50 % déclarent environ 13 952 euros par an (revenu médian). 25 % atteignent  26 898 euros (troisième quartile).  Et 10 % culminent à 46 705 euros et plus.

 

Des revenus du travail inférieurs aux salaires des cadres de la branche

L’échelle des revenus est encore plus pentue chez les indépendants de l’Hébergement. Le premier quartile (25 % d’entre eux) ne dépasse pas 517 euros, soit 2 400 euros de moins que dans la Restauration. Le revenu médian plafonne autour de 10 255 euros. Le troisième quartile grimpe à 25 027 euros, 2 000 euros en dessous de celui des restaurateurs cafetiers. Enfin, les 10 % d’indépendants hébergeurs les mieux lotis atteignent 47 660 euros par an.

Dernière comparaison, celle entre indépendants traditionnels et auto-entrepreneurs. Leur différence de revenu est abyssale. Dans l’Hébergement, le rapport est de 1 à 3,1 entre le revenu annuel moyen d’un indé classique (20 096 euros) et d’un auto-entreprenant (6 505 euros). Dans les Bistrots Restaurants, il est même de 1 à 4 entre celui d’un tradi (21 038 euros) et celui d’un auto ( 5 370 euros). On comprend mieux pourquoi près d’1 sur 5 auto-entrepreneur touche un autre revenu, sous forme de salaires cette fois.

On rappellera, à toutes fins utiles, que les revenus des travailleurs indépendants pris en compte par l’Acoss sont les revenus de leur travail. Et non les revenus de leur capital. On ne dispose pas d’études publiques dans ce domaine.

Toute chose étant égale par ailleurs, une autre comparaison frappe. Et mettra à mal les clichés…  Savions-nous que les revenus moyens annuels de la majorité des indépendants, divisés en 12 mensualités, sont généralement inférieurs au salaire net moyen mensuel Equivalent Temps Plein d’un cadre ou d’un salarié d’une profession intermédiaire…? (lire notre récent article sur le portrait social de la branche).