Les hôteliers se réjouissent, Booking.com fait grise mine

Les hôteliers se réjouissent, Booking.com fait grise mine

Le secteur hôtelier français va pouvoir proposer des tarifs libres et négociés, grâce à la loi Macron, sans se soucier des tarifs accordés aux plateformes de réservation sur Internet.
Stéphane Bazin, le patron d’AccorHotels, a mené la bataille face aux géants de la réservation, comme Booking.com (AFP/Eric Piermont)

Les hôteliers se réjouissent, Booking.com fait grise mine

Il y a quelques jours, une cliente cherche à réserver une nuit dans un hôtel lillois, l’Hermitage Gantois, pour un week-end en juillet. Son premier réflexe : pianoter sur le site de Booking.com. Mais elle décide finalement de téléphoner pour réserver directement, et là, surprise, on lui offre un petit déjeuner 50% moins cher que le tarif proposé par Booking.com. Une négociation qui n’est possible que depuis avril dernier et qui devrait être encore facilitée par la loi Macron.

Un amendement salutaire

Sale temps donc pour Booking.com et autres Expedia et hotels.com, alors qu’ils ont été longtemps des passages obligés pour les consommateurs tandis que les hôteliers les considéraient comme un mal nécessaire pour remplir leurs établissements. Car les députés viennent d’adopter un amendement au projet de loi Macron interdisant la clause de parité tarifaire, ce qui permet donc aux hôteliers d’afficher sur leurs canaux, en ligne et hors ligne, par exemple sur leur propre site un prix inférieur à celui des plateformes de réservation en ligne. « Je remercie nos parlementaires (…) et le gouvernement pour avoir pris ces mesures qui interdisent les clauses abusives pratiquées par les agences en ligne qui ont asphyxié économiquement nos hôteliers depuis de nombreuses années, mettant à mal leur capacité d’investissement et de recrutement alors que le tourisme est un secteur clé de l’économie française », s’est aussitôt réjoui Didier Chenet, président du Groupement national des indépendants hôtellerie et restauration.

Une première victoire en avril…

Ce vote fait suite à une première victoire contre Booking.com – qui détient les deux-tiers du marché en France – et consorts en avril dernier. Après une procédure de près de deux ans menée par les syndicats hôteliers auxquels s’était joint le géant Accor, l’Autorité de la Concurrence avait tranché : Booking.com devait renoncer à la majeure partie des clauses tarifaires et de disponibilité jusqu’alors imposées aux professionnels. Depuis, tout en utilisant ses services, les hôteliers peuvent proposer sur d’autres plateformes de réservation ou directement sur place, par téléphone ou par mail, des tarifs inférieurs à ceux qui sont présentés sur les sites de réservation. Par ailleurs, les hôtels sont libres de choisir le nombre de chambres confiées aux bons soins de Booking et de ses concurrents. « Nous avons aujourd’hui un équilibre satisfaisant, pouvait affirmer Bruno Lasserre, président de l’Autorité de la Concurrence, avec un accord gagnant/gagnant. »

… mais insuffisante pour le gouvernement

Un progrès, mais qui était insuffisant pour le gouvernement. D’ailleurs, il y a une semaine, lors du premier anniversaire des Assises du Tourisme, Laurent Fabius, ministre des Affaires Etrangères en charge du tourisme, résumait : « Un problème majeur demeure : celui de la marge de manœuvre dont disposent les hôtels dans leur politique promotionnelle sur leur propre site internet afin d’attirer de nouveaux clients ».

Cette fois, Booking.com, qui s’était contenté en avril de « prendre acte » de la décision de l’Autorité de la Concurrence, se montre nettement plus fâché. « Cela risque de conduire à une guerre des prix exacerbée, opaque, affectant les marges des hôtels et au final la qualité de l’offre », estime Carlo Olejniczak, directeur régional pour la France, l’Espagne et le Portugal de Booking.com. « Les hôteliers risquent de souffrir», prédit un porte-parole de Booking.com. « Booking.com est un outil formidable qui doit nous faire venir de nouveaux clients, reconnait Jérémie Trigano, de Mama Shelter. Mais, par ailleurs, il achète notre marque, ce qui est moins correct ». Ceux qui devraient se réjouir sont les clients.

Francine Rivaud

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