Insulter son patron? Pas forcément une faute grave

Insulter son patron? Pas forcément une faute grave

 

La cour de cassation a invalidé le licenciement pour faute grave d’un salarié qui, par téléphone, avait traité de son patron de “balourd”. Il pensait être en ligne avec un ami. En fait, il parlait au patron en question.

Insulter son patron? Pas forcément une faute grave
Selon la cour de cassation (Cass.soc. 28 janvier 2015), un salarié qui tient des propos irrespectueux envers son patron ne commet pas une faute grave, s’il pense en fait converser tranquillement avec un ami au téléphone, sans témoins.

C’est l’histoire d’une gaffe. Une grosse gaffe. Celle d’un salarié, menuisier, qui, croyant appeler un ami, se met à évoquer son employeur en de gracieux termes : “il ne sait pas encore s’il aura le camion, mon balourd de patron”. Mauvaise fortune, fausse manip’, à l’autre bout du fil, c’est en fait le “balourd de patron” qui reçoit en pleine face le nom d’oiseau. Et comme il se trouve en repas d’affaires et qu’il a actionné l’option haut-parleur de son téléphone, les convives entendent l’insulte en direct.

Le retour de bâton ne se fait pas attendre : mise à pied, licenciement pour faute grave. Portée devant les tribunaux, l’affaire va faire jurisprudence (Cass.soc, 28 janvier 2015). L’arrêt de la cour d’appel valide d’abord le licenciement en retenant le caractère insultant des propos du salarié. Rien d’étonnant. Même si l’ancienneté du salarié, son état de santé ou le comportement de l’employeur pouvant parfois être prise en compte pour atténuer le jugement, les magistrats considèrent généralement que des propos injurieux ou irrespectueux envers l’employeur prononcés en sa présence, en celle de collègues ou de clients de l’entreprise, constituent une faute grave donnant lieu à licenciement.

Mais, en l’espèce, la cour de cassation va se désolidariser des juges du fond et casser l’arrêt de la cour d’appel. Pour la haute instance, le fait que le salarié ait cru s’entretenir avec un ami enlève à ses propos le caractère “d’insulte adressée à l’employeur”. Qu’il est bon d’avoir des potes pour vous tirer d’affaire…

Marianne Rey

 

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