Hôtellerie & Covid-19 : catastrophe évitée, la trésorerie comme enjeu

Hôtellerie & Covid-19 : catastrophe évitée, la trésorerie comme enjeu

Parmi la pléthore d’études sur l’impact de la crise sanitaire sur le secteur de l’hôtellerie, celle proposée In Extenso, Extendam et Bpifrance sort du lot : elle suit la situation de 9 hôtels depuis le printemps 2020.
Hôtellerie & Covid-19 : catastrophe évitée, la trésorerie comme enjeu

Le cabinet In Extenso Tourisme, Culture et Hôtellerie révèle ce jour les résultats d’une étude inédite menée en collaboration avec Extendam et Bpifrance, portant sur la situation économique de l’hôtellerie française à l’aube d’une reprise espérée pour les prochains mois. Ce travail repose sur l’analyse détaillée de neuf hôtels de dimension, localisation ou gamme différentes (voir ci-dessous), qui ont fait l’objet d’un suivi de leurs performances d’exploitation et de leur situation financière depuis mars 2020. Il est prolongé par une analyse prospective visant à mettre en évidence les difficultés et enjeux auxquels le secteur hôtelier va être confronté à court et moyen termes.

 

Une catastrophe évitée à court terme

L’analyse faite depuis le printemps 2020 a permis de mesurer l’impact des mesures prises
par l’Etat et ses partenaires pour amortir le choc de la crise : dispositif exceptionnel
d’activité partielle, fonds de solidarité, Prêt Garanti par l’Etat, etc. Ainsi, dans la majeure
partie des cas les pertes d’exploitation ont été limitées et la trésorerie nette préservée. De nombreux hôtels ont par ailleurs bénéficié du report de leurs échéances d’emprunts et de
concessions de leur banque ce qui a également donné de l’oxygène à leur trésorerie.
Parmi les établissements observés, les deux hôtels parisiens ont particulièrement souffert
en 2020, d’abord en raison de l’effondrement record des chiffres d’affaires dans la capitale.
Ensuite, le cas du Boutique hôtel témoigne de la difficulté des exploitants qui ont dû
continuer d’honorer leur loyer. Quant à l’hôtel de Luxe parisien, il illustre la difficulté de
compresser les charges dans des modèles où l’excellence exige des moyens opérationnels
importants.

« L’intervention de l’Etat et des partenaires financiers a été cruciale pour la survie de
nombreux établissements hôteliers durant la crise. L’amélioration des indicateurs d’activité
espérée pour les prochains mois ne doit toutefois pas occulter les risques de défaut de
trésorerie à moyen terme. », Olivier Petit, Associé chez In Extenso Tourisme, Culture et
Hôtellerie.

 

Une reprise disparate selon la typologie des hôtels

La réouverture des lieux de convivialité, la levée de la plupart des restrictions aux
déplacements et l’accélération des campagnes de vaccination sont de bon augure pour
2022, mais le retour à la normale mettra plus ou moins de temps selon les typologies
d’hôtels et de marchés.

Ainsi, après avoir fait preuve d’une bonne résistance en 2020 et 2021, les hôtels de loisirs
dont la clientèle est essentiellement française ou européenne devraient retrouver leurs
niveaux habituels d’activité en une à deux années. La reprise devrait également être
relativement rapide pour les hôtels d’affaires d’entrée de gamme.

A l’inverse, l’hôtellerie Haut de gamme et Luxe, notamment à Paris et sur la côte d’Azur,
se remettra plus lentement du fait de son exposition aux marchés internationaux. Un retour
à la normale sur ces marchés peut difficilement être espéré avant fin 2023 voire 2024.

« La reprise du secteur hôtelier se fera à plusieurs vitesses. Dans tous les cas, et avant de retrouver les volumes d’affaires d’avant crise, l’enjeu est de parvenir à préserver sa trésorerie tout en mobilisant l’ensemble de ses ressources pour redémarrer son activité dès maintenant », Bertrand Pullès, Directeur Général Adjoint d’Extendam.

Recommandations :

‐ aux hôteliers : capitaliser sur les marchés de proximité, préserver les prix moyens
(éviter une guerre des prix), surveiller et piloter attentivement la trésorerie,
‐ aux institutionnels : favoriser autant que possible le retour des clientèles européennes
(dans un premier temps), la dynamique culturelle et événementielle des territoires
ainsi que la reprise du marché des congrès et salons, maintenir un dispositif d’aides
pour les établissements dont la reprise d’activité sera plus lente.

La trésorerie « nerf de la guerre »

La trésorerie va devoir faire l’objet d’une vigilance de tous les instants dans les mois à
venir car, avant un retour à des performances générant des flux de trésorerie positifs, le
risque est de voir des exploitations fragilisées par des chiffres d’affaires insuffisants alors
que les aides auront disparu et qu’il faudra rembourser les dettes historiques et les PGE.
La pression financière sera d’autant plus forte pour les hôteliers locataires qui ont dû
consacrer une partie de leur trésorerie ou de leur PGE au paiement de leur loyer. Sur ce
point, la crise aura mis en évidence le poids parfois trop élevé des loyers, notamment à
Paris et au cœur des grandes villes françaises, et la nécessité de recourir davantage à des
modèles plus équilibrés tels que les baux à loyer variable.

« Comme elles l’ont fait pendant la crise, les banques vont continuer à jouer leur rôle de
partenaire des hôteliers à l’heure de la reconquête. Pour trouver les solutions les plus
adaptées, il est cependant important d’anticiper les problématiques potentielles et de
prendre les devants. », Pedro NOVO, Directeur Exécutif Export – Coordinateur Plan Tourisme, Bpifrance.

Recommandations :

‐ aux hôteliers : surveiller et piloter attentivement la trésorerie (pour anticiper la
nécessité de recourir à des mesures correctives, si nécessaire), communiquer avec les
partenaires financiers de l’entreprise pour mettre en place une stratégie de
remboursement adéquate, sans remettre en question les réinvestissements
nécessaires au maintien de la qualité des produits.
‐ aux exploitants et bailleurs : parvenir à des accords équilibrés permettant d’honorer
les loyers sans fragiliser les exploitations, par exemple via un allègement raisonnable
des loyers en 2021-2022 suivi d’un rattrapage lorsque la reprise sera effective.
‐ aux partenaires financiers : étudier les opportunités de restructuration de la dette des
entreprises pour assainir durablement leur modèle économique.

 

Source Déplacements Pros

 

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