ENQUÊTE – “On se sent abandonnés” : les pharmaciens en première ligne face aux violences

L’Ordre national des pharmaciens a recensé 366 agressions déclarées en 2022. C’est moins que le pic de 600 agressions atteint pendant la pandémie de Covid-19, mais tout de même 17% de plus qu’en 2019.

Dans une pharmacie parisienne dont le propriétaire témoigne dans le reportage en tête d’article, les comportements violents de la part de clients sont presque quotidiens. Les images de vidéosurveillance montrent par exemple une cliente renversant les présentoirs de produits en insultant le pharmacien. Celui-ci n’a pas porté plainte, considérant le combat perdu d’avance. “C’est triste mais le matin, je ne dis pas qu’on arrive la boule au ventre, mais on croise les doigts en espérant que tout va bien se passer”, s’inquiète-t-il. Seuls 35% des pharmaciens victimes d’une agression déposent plainte.https://b9a1692b410d27a677f98bbb17f96b38.safeframe.googlesyndication.com/safeframe/1-0-40/html/container.html?n=0

“Certains confrères baissent les bras parce que c’est trop. Certains sont en burn-out, (…) et au bout d’un moment c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, quand il y a une agression”, explique Carine Wolf-Thal, la présidente du conseil de l’Ordre national des pharmaciens.

20% des agressions ont lieu dans des communes de moins de 5000 habitants

Dans une autre pharmacie, en banlieue parisienne, un braquage a eu lieu au printemps. Un homme armé a volé 300 euros dans la caisse. C’est le deuxième braquage qu’a connu le propriétaire en dix ans de carrière. “Je ne me vois pas mettre un sas comme dans une banque pour pouvoir entrer, ou ne faire entrer que les gens sur rendez-vous. Ce serait contraire à ma profession”, estime-t-il.

L’une des explications à ces agressions est la pénurie de médicaments, qui concerne de nombreux produits depuis plusieurs mois. Le propriétaire d’une pharmacie qui a été menacé par un client parce qu’il n’y avait pas de dose de vaccin contre le Covid disponible a déposé cinq plaintes au cours des deux dernières années. “Ce serait pas mal d’avoir une formation obligatoire sur le self-défense, sur la désactivation d’un conflit, mais rien n’est mis en place. On se sent profondément abandonnés”, témoigne-t-il.

Les officines de campagne sont touchées également : une agression sur cinq déclarée se produit dans une commune de moins de 5000 habitants. Sur l’ensemble des agressions recensées, plus de 95% sont sans gravité, rapporte tout de même l’Ordre national des pharmaciens.


Source Julie BRINGER | Reportage TF1 : François-Xavier Ménage

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