Disneyland avec les « salariés de l’ombre » vous ne les verrez plus de la même façon

8.000 propositions d’emplois chaque année, dont 1.000 CDI et 7.000 CDD… Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Disneyland avec les « salariés de l’ombre » vous ne les verrez plus de la même façon

 

La Maire de Paris s’est rendue mercredi dans les coulisses du célèbre parc d’attraction, où elle a pu s’entretenir avec quelques-uns des 15.000 employés de la gigantesque « usine à rêves ».
Anne Hidalgo s’est rendue pour la première fois dans les coulisses de Disneyland, où elle a rencontré plusieurs employés.

Disneyland avec les « salariés de l’ombre » vous ne les verrez plus de la même façon

Une once de fébrilité, à peine perceptible, pointait mercredi dans l’entrepôt de Marne-la-Vallée. De la chaudronnière aux ébénistes, du verrier aux peintres-décorateurs, tous les employés étaient sur le qui-vive hier pour accueillir la maire de la capitale, Anne Hidalgo. Bienvenue à Disneyland Paris, le pays où tous les salariés doivent incarner le rêve et la magie… Y compris dans les endroits interdits au public. En tout, plus de 6.500 mètres carrés d’usines à quelques minutes à peine de l’hôtel le plus luxueux du site. Des coulisses que le parc ouvre très rarement, par crainte d’espionnage industriel et par respect pour le travail de ses employés.

L’exception a pourtant été faite pour Anne Hidalgo: l’entrepôt de maintenance, qui concilie fabrication artisanale et industrielle d’objets, a accepté de lui ouvrir ses portes. Plus de mille personnes, appartenant à une centaine de corps de métiers différents –dont une trentaine très insolites- travaillent quotidiennement sous les immenses plaques de tôles. «C’est important pour Paris et sa région que l’activité du parc se porte bien. Disneyland est un bastion de l’emploi, avec plus de 55.000 emplois directs, indirects et induits », a insisté Anne Hidalgo en admirant le travail des petites mains invisibles de la fabrique.

« Speed recruiting »
8.000 propositions d’emplois chaque année, dont 1.000 CDI et 7.000 CDD… Les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’énorme machine ne pourrait fonctionner sans un management réglé au cordeau, calqué sur le modèle des parcs américains. C’est pourquoi la direction du groupe lance chaque année, depuis l’ouverture du site francilien, des opérations de recrutement à grande échelle. En février 2014, le géant Disneyland accueillait ainsi un millier de candidats sur deux jours au Karé de Boulogne-Billancourt. Objectif ? Leur faire passer, par binômes, des entretiens d’embauche de trente minutes, chrono en main. « L’entretien par deux permet de déstresser les candidats et de fluidifier les échanges avec le recruteur… La discussion peut rebondir plus facilement », explique Elizabetta Marigliano, responsable de la communication de Disneyland Paris. Trois semaines après leurs entretiens, les candidats reçoivent une proposition d’emploi… ou une lettre de refus.

Pour les recruteurs, adeptes du « speed recruiting », chaque opération débouche sur la signature de centaines de CDD. « Le niveau de formation des salariés de la maintenance va du bac professionnel au BTS, parfois au-delà… Mais globalement le niveau moyen se hisse plutôt au niveau du BTS », précise Patrice Vigean, responsable de l’atelier « Central Shop » de l’usine de maintenance. Question salaire, ils touchent, en fonction de leurs compétences ou domaines d’expertise, a minima le SMIC augmenté de 2% avec un treizième mois. Et une perspective d’augmentation et de prime d’ancienneté. En mars dernier, un mouvement social éphémère composé d’une dizaine de syndicalistes de l’UNSA, avait bloqué pendant quelques minutes l’entrée de la dernière attraction, Ratatouille, pour réclamer une prime de 200 euros. La direction du groupe avait alors assuré que « tout était mis en œuvre pour limiter les perturbations des visiteurs ». Elle n’a pas précisé ensuite l’issue des négociations.

« 15.000 cast-members»
Qu’ils deviennent peintres ou femmes de chambre, responsables en ressources humaines ou voltigeurs, les nouveaux arrivants ne seront pas considérés, dans l’entreprise, comme des salariés mais comme des membres de la troupe. Et c’est ce qui séduit Eric Peigné, verrier du parc depuis 17 ans. « Disneyland, c’est vraiment un microcosme ; nous exerçons des métiers où l’on échange beaucoup, où l’on s’enrichit en permanence en croisant nos savoirs faire… », Précise-t-il en désignant un de ses vitraux à l’effigie de Gepetto, le célèbre marionnettiste de Pinocchio, qui a nécessité des compétences en verrerie mais aussi en soudure.

« Ce qui est bien, c’est que l’entreprise nous demande vraiment d’être polyvalents : nous devons savoir peindre, sculpter, coudre, tailler des plumes ou de la fourrure… », concède Claude Le Gallou, le créateur des masques du parc. Pas le temps de s’ennuyer pour l’artisan qui se lève chaque matin à quatre heures et commence ses ouvrages à six heures trente.

Des contrats intergénérationnels
En 2013, le groupe s’est engagé avec le contrat de générations –qui valorise la transmission du savoir-faire en recrutant des jeunes et des seniors en CDI- à avoir au moins 5% d’employés en alternance ou en bac professionnel dans la masse salariale. Au mois de mars, le plus grand parc d’attraction d’Europe a décidé de consacrer deux jours pour donner des informations sur le régime de l’alternance. Bilan des courses ? 300 alternants travaillent actuellement sur le parc, tous secteurs confondus, que ce soit dans la maintenance ou dans la communication.

Un système donnant-donnant où chacun semble trouver son compte. « Mon rythme de travail, imposé par mon école, se découpe chaque mois entre deux semaines de cours et deux d’atelier », détaille Amélie Gramond, la seule femme chaudronnière du parc. « Cela permet de lier du théorique au côté créatif des attractions… ». Elle a reçu mercredi, tout sourire, les compliments d’Anne Hidalgo sur la beauté d’une de ses citrouilles artisanales. Et reprendra, dans quelques jours, le chemin de l’école.

Malo Tresca

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