Dans les petits villages, l'hôtellerie peine à survivre en Béarn et ailleurs

Entre 1997 et 2013, l'hôtellerie française est passée de 22 600 à 17 000 hôtels classés et non classés, tous indépendants. De 2010 à 2013, 1 900 établissements hôteliers ont définitivement fermé les rideaux.....

Dans les petits villages, l’hôtellerie peine à survivre en Béarn et ailleurs

 

Il reste aujourd’hui en Béarn 86 hôtels indépendants contre 97 en 2010, les hôtels de chaîne ayant progressé (17 au lieu de 15).

Dans les petits villages, l'hôtellerie peine à survivre en Béarn et ailleurs

À l’Auberge d’Ahusquy, Michèle Aguer a dû renoncer à l’exploitation hôtelière faute de pouvoir satisfaire à la mise aux normes européennes. (Ascencion Torrent)

 

En cinq ans, onze établissements – la plupart implantés en zone rurale – ont mis la clé sous la porte à l’instar de l’Hôtel des Pèlerins à Lembeye, début 2015. Ils s’y sont résignés pour des raisons diverses mais le plus souvent parce qu’ils ne pouvaient plus satisfaire aux normes européennes en tous genres.

Moins de contraintes pour les chambres d’hôtes

En 2011, la mort dans l’âme, Michèle Aguer, héritière de l’Auberge familiale d’Ahusquy, à Aussurucq, se résout à fermer la partie hôtelière exploitée depuis 1970 pour ne plus se consacrer qu’à la restauration. Des 15 chambres initiales, il n’en restait déjà plus que huit. “On avait dû condamner le deuxième étage parce qu’il ne répondait pas aux nouvelles normes de sécurité”. Celles-ci ont eu raison des derniers lits. “On me demandait d’installer des portes coupe-feu et des alarmes, de changer les moquettes, d’isoler la cage d’escalier et d’aménager un sas électrique. Il y avait 20 000 € à débourser en tout. Je comprends qu’il faille des normes mais il est aberrant d’exiger autant des petits que des gros établissements en épargnant les chambres d’hôtes et gîtes” s’insurge-t-elle. C’est d’ailleurs là l’une des raisons d’une conversion en “Villa” (tel Déréthé à Louvie-Juzon) de moindre capacité et à la réglementation beaucoup plus souple.

À L’Hôpital Saint-Blaise, Yvan Ferry avait jeté l’éponge deux ans plus tôt. À la tête de l’Hôtel des Touristes, acheté fin 2006, il concentre désormais tous ses efforts sur le restaurant Saint-Blaise. “Les normes m’ont porté un coup fatal. Des travaux m’auraient coûté 200 000 €! Trop lourd à assumer” explique le patron qui juge la pression administrative “peu cohérente” par rapport aux délais et aux possibilités de faisabilité. “On ne nous laisse pas le temps de souffler. Tout est toujours à refaire car les textes évoluent tout le temps. Du coup, on n’est jamais vraiment en conformité. On veut un vrai diagnostic et des normes clairement établies sinon ça crée du découragement et de la colère” maugrée-t-il.

Le vent de la fermeture

À Eaux-Bonnes, l’Hôtel de la Poste (16 chambres) sentit le vent du boulet après un avis défavorable annonciateur d’une fermeture administrative, finalement évitée de justesse parce que le repreneur s’est engagé à faire le nécessaire. “Du coup, l’hôtel reste ouvert. C’est une bonne chose pour la commune” avance Jacques Ricard, propriétaire du fonds depuis 1992.

En dix ans, on a vu campagnes et vallées se délester de la petite hôtellerie indépendante, abusivement mise à contribution selon certains exploitants. Ainsi, en vallée de Barétous, survit une seule affaire : l’Hôtel de l’Ours (2 étoiles et 15 chambres) dirigé par Anne-Cécile Banos. Pour tenir le coup, elle mise sur son propre site Internet, la centrale de réservation en ligne Booking “malgré ses 20 % de commission” et surtout le bouche-à-oreille d’une clientèle de cyclistes et pyrénéistes choyée.

Résister tient de l’héroïsme dans une conjoncture hostile aux structures de moins de 35 chambres. Seuil de rentabilité, difficultés de réinvestissement, poids des charges, avalanche de préconisations sans cesse réactualisées : autant d’écueils à surmonter sans compter l’éclosion d’offres d’hébergement venues bouleverser les modes de consommation touristique. ” Il faut que tout le monde prenne conscience qu’il y a un patrimoine à préserver et qu’il joue un rôle de lien social, affirme Yves Larrouture, propriétaire de l’Auberge du Relais à Bérenx et président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie Béarn et Soule. Le conseil départemental nous aide beaucoup. En 2014, il a accordé aux hôtels de zone rurale 225 886 € d’aides à la modernisation ou à la reprise “.

► Entre 1997 et 2013, l’hôtellerie française est passée de 22 600 à 17 000 hôtels classés et non classés, tous indépendants. De 2010 à 2013, 1 900 établissements hôteliers ont définitivement fermé les rideaux.

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