Alim'confiance: cinq questions sur l'appli qui note les restaurants selon l'hygiène

A partir de ce lundi, les résultats des contrôles d'hygiène dans l'alimentaire sont rendus publics sous forme de smileys. Seul le dernier niveau sera synonyme de fermeture.

 

A partir de ce lundi, les résultats des contrôles d’hygiène dans l’alimentaire sont rendus publics sous forme de smileys. Seul le dernier niveau sera synonyme de fermeture.

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Comment fonctionne le dispositif?

Quatre niveaux de notes sont attribués sur des étiquettes bleues ornées de smileys blancs en fonction des résultats des contrôles d’hygiène de chaque établissement: “Très satisfaisant”, “Satisfaisant”, “A améliorer”, “A corriger de manière urgente”. Selon les notes obtenues, des améliorations devront être apportées, rappelle sur franceinfo Fany Molin, à l’origine du projet au ministère de l’Agriculture et dans ce cas, “elles seront vérifiées à l’issue d’un nouveau contrôle, systématique”. La note peut donc évoluer.

Alim'confiance: cinq questions sur l'appli qui note les restaurants selon l'hygiène

Les mentions relatives à chaque niveau d’hygiène vont de “A corriger de manière urgente” à “très satisfaisant”. Capture d’écran/ministère de l’Agriculture

Alim'confiance: cinq questions sur l'appli qui note les restaurants selon l'hygiène

Les smileys sont visibles sur une carte, elle-même accessible via le site www.alim-confiance.gouv.fr et l’application pour smartphone “alim’confiance”. Des vignettes de format carte postale sont envoyées avec le résultat des contrôles à chaque établissement. Leur affichage en vitrine n’est pas obligatoire.

Quel critère d’hygiène pour quel smiley?

Les établissements notés “très satisfaisant” ne présentent pas de non-conformités “ou alors, elles sont dites mineures comme, par exemple, un restaurant qui aurait une poubelle avec un couvercle ouvert”, explique à L’Express un expert du ministère de l’Agriculture. Un niveau d’hygiène “satisfaisant” concerne des non-conformités moyennes, qui ne justifient pas l’adoption de mesures de police administrative. Exemple: “des produits d’entretien mal rangés”.

Le troisième niveau, “à améliorer”, indique que l’établissement a été mis en demeure de procéder à des mesures correctives. Une telle note peut être causée par “un entretien très insuffisant des locaux, des trous dans le sol, un carrelage cassé”, précise l’expert du ministère. “On va alors demander à l’établissement de faire des travaux.”

“La présence de nuisibles comme des rats, des souris ou des cafards peut entraîner une fermeture d’urgence”, poursuit-il. “Tout comme la présence de denrées alimentaires périmées.” C’est le quatrième niveau: ‘à améliorer de manière urgente’. Il induit un risque pour la santé publique.

A quelle fréquence les données sont-elles publiées?

55 000 contrôles d’hygiène sont effectués tous les ans dans toutes sortes d’établissements qui interviennent le long de la chaîne alimentaire. Ces résultats seront mis en ligne progressivement tout au long de l’année -chaque nuit- sur le site et l’application. Ils seront visibles pendant un an et disparaîtront ensuite de la carte.

Ce lundi par exemple, ce sont les résultats des contrôles du mois de mars qui ont été publiés. Seulement 1000 à 1500 adresses sont concernées.

Quel est l’objectif d’alim’confiance?

La mesure a connu une première phase d’expérimentation à Paris et Avignon, avec des contrôles menée de juillet à septembre dernier. A Paris, “seulement 34% des établissements ont obtenu un niveau d’hygiène ‘bon’. Un peu plus de la moitié (54%) ont obtenu un niveau ‘acceptable’ et 8% un niveau d’hygiène ‘à améliorer'”. A Avignon, 62% des établissements ont reçu la meilleure note.

“Les objectifs de cette mise en transparence sont doubles: améliorer le niveau d’hygiène dans tout le pays et informer les consommateurs”, indique à L’Express l’expert du ministère de l’Agriculture. “Ça permet aussi de valoriser les établissements qui travaillent bien.”

 

“Dans tous les pays, la mise en place de la mesure s’est toujours accompagnée d’une amélioration du niveau sanitaire des établissements”, assure le ministère de l’Agriculture dans un communiqué. En Europe, huit pays -Royaume-Uni, Pays-Bas, Belgique, Irlande, Danemark, Finlande, Lituanie, Norvège- ont déjà mis en transparence les résultats de leurs contrôles et deux autres Etats projettent de le faire -l’Allemagne et la Suède.

Pourquoi les professionnels du secteur sont-ils inquiets?

Manque d’uniformité dans les contrôles. Pour Laurent Fréchet, président des restaurateurs du syndicat professionnel GNI, la surveillance est nécessaire mais le fonctionnement d’alim’confiance n’est pas le bon. “Nous allons être vigilants sur l’objectivité des contrôles: il faut qu’ils soient uniformes, que des contrôleurs ne soient pas plus durs que d’autres”, explique-t-il à L’Express. “Ce n’est pas possible, en termes de statistiques, qu’il y ait deux fois plus de bons élèves à Avignon qu’à Paris”, cite-il en exemple.

Alim'confiance: cinq questions sur l'appli qui note les restaurants selon l'hygiène

L’appli alim’confiance, visible sur le site itunes d’Apple.Capture d’écran/itunes.apple.com

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Un sigle “anxiogène”. “Nous demandions simplement deux niveaux de notes: soit le restaurant est conforme, soit il ne l’est pas et il est fermé”, estime Hubert Jan, l’un des responsables du principal syndicat professionnel du secteur, l’Umih, contacté par l’AFP. Selon lui, même le sigle “satisfaisant” serait “anxiogène” pour les consommateurs. “Si le stockage, la manutention de la nourriture, la formation des personnels sont parfaits, une simple dalle de carrelage fendue peut justifier le passage de la mention ‘très satisfaisant’ à ‘satisfaisant’ comme l’ont montré les expérimentations menées à Paris et Avignon”, s’inquiète-t-il.

“Avec ces notations, on créé une zone d’ombre”, ajoute de son côté Laurent Fréchet. “C’est comme si on disait à un établissement jugé ‘satisfaisant’: ‘on te laisse ouvert mais on fait savoir à tout le monde que tu n’es pas au top’. Et puis, dans ce cas-là, on a qu’à afficher les permis de conduire au dos des taxis pour savoir combien de points ils leur restent.”

L’e-réputation des restaurants. Hubert Jan s’inquiète également de l’absence de protection des données numériques qui pourront être récupérées par les réseaux sociaux et autres guides gastronomiques en ligne. “Ils vont publier les smileys sur les fiches de restaurants, et nous serons marqués au fer rouge de façon indélébile”, regrette-t-il.

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