Vous avez reçu une offre d’emploi en or. Et si vous n’en voulez plus ?

Vous pouvez dire non à un nouveau poste ou un nouveau rôle avec élégance – et garder tout de même des portes ouvertes

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MARGEAUX WALTER FOR THE WALL STREET JOURNAL

L’opportunité de vos rêves est à portée de main : un nouveau poste, des responsabilités plus importantes, une mutation dans une filiale majeure à l’étranger.

Que se passe-t-il si vous n’en voulez plus ?

Nos ambitions changent. Certains d’entre nous repensent leur relation à leur travail, faisant du reste de leur vie leur priorité, à la place de leur prochaine promotion. Pour d’autres, c’est le spectre d’une récession qui est source d’inquiétude car les derniers arrivés sont aussi les premiers à devoir partir.

« Cela fait un moment que nous avons l’impression de ne plus rien maîtriser », explique Daisy Dowling, directrice générale de Workparent, une société de conseil et de coaching qui s’adresse aux cabinets d’avocats comme aux clubs sportifs. « Il y a donc un vrai sentiment de : Mon Dieu, je dois faire ce qui est bon pour moi. Je ne vais plus me laisser bousculer par les circonstances. »

Pourtant, refuser une opportunité à laquelle vous avez postulé, ou dont vous rêviez, n’est pas pareil que dire «non» à d’une tâche inutile ou à une énième réunion aux aurores. Savoir que dire et comment le dire est un vrai casse-tête. Et parfois, cela relève d’une vraie crise d’identité.

« Est-ce que je suis une personne qui veut déménager à Londres ? Est-ce que je manque d’ambition ? Si je me rétracte, pourrai-je un jour rattraper le temps perdu ? », sont les questions que se posent ses clients, rapporte Mme Dowling.

Il est tout à fait normal de se confronter à toutes ces interrogations. Mais n’y mêlez pas votre patron ou votre responsable du recrutement. Une fois que vous avez fait votre choix, soyez sûr de vous et émotionnellement neutre. « Après plus de réflexion, j’ai réalisé que je devais me retirer du processus pour des raisons personnelles. Cela tombe mal pour moi », propose de dire Daisy Dowling.

Partagez quelques détails si vous le souhaitez : vous devez rester sur place jusqu’à ce que vos enfants terminent le lycée, votre conjoint à été récemment diagnostiqué avec un problème de santé. Ensuite, pivotez, conseille Mme Dowling. Comment pouvez-vous faciliter la transition ou aider à résoudre le problème de votre responsable ? Peut-être que vous ne pouvez pas déménager à Los Angeles à plein temps, mais vous pouvez vous y rendre une fois par mois pour aider à l’intégration du nouveau client.

Au début de l’année 2020, Raul Lorenzana s’est dit qu’il était temps d’évoluer et de gagner plus d’argent. Bien qu’il aimait son travail de gérant de restaurant en Louisiane, il s’est inscrit dans un programme de formation de son entreprise pour devenir directeur, une position hiérarchique supérieure qui demanderait à se déplacer souvent.

Arrive le Covid-19. Coincé à la maison, M. Lorenzana a découvert la joie de passer plus temps avec ses filles, âgées aujourd’hui de 3 et 13 ans, après des années de travail avec un emploi du temps surchargé et décalé comme celui d’un restaurant.

« Cette année-là nous a fait réaliser – m’a fait réaliser – le peu de choses dont nous avions besoin pour avoir une vie heureuse, confie-t-il. Avant cela, il fallait toujours en faire plus, donner le maximum. Mais il n’y avait jamais de chiffre final, jamais d’objectif. C’était juste plus. »

La famille a calculé combien elle avait vraiment besoin pour vivre. Raul Lorenzana a choisi de ne plus participer à la formation. Sa famille et lui ont déménagé à Houston pour se rapprocher de ses proches. Là-bas, M. Lorenzana a décliné plusieurs offres d’emplois pour en choisir une dont la rémunération était inférieure de 20 à 30% aux autres offres mais qui permettait des horaires plus souples.

Il a invité un recruteur à prendre le thé pour refuser, expliquant qu’il s’agissait d’une décision difficile liée à sa famille, et non à l’opportunité. Il a ensuite envoyé une lettre officielle à ses contacts dans l’entreprise, complimentant le processus et ses interactions avec le recruteur.

Il n’a pas regretté sa décision d’abandonner ses projets de progression, pour l’instant.

«  En réalité, j’en avais peur. Si je gravissais trop d’échelons – ce qu’on attendait de moi – comment pourrais-je être avec ma famille ?  », s’interroge-t-il.

Si vous le pouvez, retirez-vous dès le début de la procédure de recherche, ou mentionnez votre hésitation dès le départ, explique Paul Pompeo, un recruteur installé à Carlsbad en Californie. Faire part de vos inquiétudes pourrait vous rayer de la liste des candidats, mais il est également possible qu’en étant transparent, vous incitiez l’entreprise à modifier le poste de manière à ce qu’il devienne l’emploi de vos rêves . Selon lui, le pire résultat possible est que votre refus soit un choc total après plusieurs séries d’entretiens. Vous risqueriez alors de franchir un point de non retour avec l’entreprise, voire avec le secteur tout entier.

Christine Alemany a d’abord été agacée lorsqu’une candidate a décliné le poste qu’elle proposait au service marketing d’une entreprise de technologie, il y a plusieurs années. Mais la femme a été franche sur le fait qu’elle avait des doutes à l’idée de changer de secteur d’activité, et Mme Alemany affirme avoir apprécié son honnêteté. Selon elle, cela a permis de créer une relation de confiance entre elles, et elle lui a laissé la porte ouverte, en disant à la candidate de la recontacter si elle changeait d’avis.

Ce qu’elle a fait, et Christine Alemany s’est sentie à l’aise pour accepter son « oui ». Les deux femmes ont travaillé ensemble pendant plusieurs années, détaille Mme Alemany, qui dirige aujourd’hui sa propre société de marketing à New York.

Dire non à une opportunité peut être angoissant lorsque cela brise des aspirations de longue date. Pendant des années, Felami Burgess, professeur en sciences de l’information et de la communication et directrice de sa propre société de production, rêvait d’accéder à un poste de direction dans une autre structure. Après avoir passé une grande partie de la pandémie à prendre soin de sa mère, qui souffre de la maladie d’Alzheimer, elle a commencé à postuler à de nouveaux emplois au printemps. Rapidement, elle a passé quatre entretiens afin de superviser une organisation à but non lucratif en Pennsylvanie.

« Il s’agit d’un poste de direction et de leadership. Je peux le faire », se disait-elle. Mais, alors qu’elle préparait des présentations et devait partir de sa maison à New York pour rencontre le conseil d’administration, elle a commencé à s’inquiéter d’un déménagement dans le nouvel Etat, la possibilité de faire un burn-out et d’avoir moins de flexibilité pour s’occuper de de sa mère.

Le mois dernier, elle a rédigé une note à l’intention des directeurs, leur disant qu’elle ne pouvait pas continuer la procédure. Au moment de l’envoyer, elle avoue s’être mise à trembler puis à pleurer. Une opportunité comme ça se représenterait-elle ? Pour l’instant, elle s’accroche à la conviction qu’ il n’y a rien de mal à faire une pause dans sa carrière .

« Ce n’est pas grave de faire passer sa santé mentale et son bien-être avant tout le reste, avant l’agent, avant la position, avant les obligations, rassure-t-elle. Nous sommes évidemment libres de changer d’avis. »

Source L’Opinion

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