Tourisme: les grèves pourraient coûter jusqu’à un milliard d’euros

Tourisme: les grèves pourraient coûter jusqu’à un milliard d’euros

 

La grève perlée à la SNCF et celle d’Air France entraînent déjà des annulations de voyages et de réservations d’hôtels, déplorent les professionnels du secteur qui redoutent les conséquences en termes d’image pour la France.

 

Tourisme: les grèves pourraient coûter jusqu'à un milliard d'euros

 

Les professionnels du tourisme tirent la sonnette d’alarme. Alors qu’ils viennent de se remettre des conséquences des attentats et des grèves de 2016 contre la loi Travail, ils craignent que les grèves à répétition à la SNCF et chez Air France entre avril et juin fassent à nouveau fuir les touristes et la clientèle d’affaires. À la SNCF, les préavis concernent 36 journées réparties sur avril, mai et juin, au rythme de deux jours sur cinq. Les personnels d’Air France sont eux appelés à cesser le travail le 30 mars, ainsi que les 3 et 7 avril. «Cette concomitance de grèves est très mauvaise et préjudiciable en termes d’image pour les touristes étrangers», résume Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage. «La lecture que l’on en fait à l’étranger est que le climat social en France est dégradé, surtout avec un mouvement aussi long. L’impact est bien sûr difficile à mesurer, mais ces grèves incitent les touristes qui n’avaient pas encore réservé à orienter leurs vacances vers d’autres destinations», estime le représentant des agences de voyages françaises.

Annulations en série

L’effet se fait déjà ressentir chez les hôteliers. Dans le centre-ville de Lyon, le co-gérant de l’Hôtel du Théâtre, contacté par l’AFP, explique avoir déjà enregistré «quatre annulations pour mardi et quatre autres pour mercredi prochains, premiers jours de grève à la SNCF, sur un total de 24 chambres». À 200 kilomètres de là, dans le centre de Dijon, Pascal Lopez, gérant de l’hôtel deux étoiles Montchapet, ne peut que constater que «ça ne réserve pas comme d’habitude pour la semaine prochaine. Il est vrai que les clients réservent à la dernière minute mais on devrait être davantage rempli à l’horizon de cinq jours».

Tourisme: les grèves pourraient coûter jusqu'à un milliard d'euros

L’hôtellerie française, qui réalise en moyenne 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires chaque mois, anticipe «une baisse de 10% de taux d’occupation pour le mois d’avril, soit une perte de 150 millions d’euros», affirme Roland Héguy, président de la principale organisation du secteur, l’Umih. «Et l’on peut craindre des répercussions tout aussi fortes voire pires pour les mois de mai et juin, deux mois très touristiques, tant pour le tourisme de loisirs que celui d’affaires, juin étant le mois le plus fort de l’année à Paris pour ce dernier segment», redoute-t-il.

Jusqu’à un milliard d’euros perdus

Du côté des tour-opérateurs, «la difficulté va être de faire partir les gens», notamment le samedi 7 avril, jour de grève chez Air France et premier jour des vacances de printemps dans la zone A. «S’ils partent avec un jour de retard, les vacanciers vont demander à être remboursés, et le pire ce sera s’il y a aussi un impact sur leur retour. Ce sera compliqué de trouver d’autres vols, on est parti pour des litiges», prévient René-Marc Chikli, président du syndicat des tour-opérateurs (Seto). Selon lui, il y aura «indéniablement une perte de chiffre d’affaires» pour les voyagistes.

Selon Didier Arino, directeur du cabinet Protourisme, «le mois d’avril ne s’annonçait déjà pas très bien par rapport à l’année dernière, car les gens vont plutôt partir en mai en raison des ponts, ou alors ils se réservent pour des voyages plus lointains et plus coûteux cet été. Donc les grèves pourraient accentuer ce phénomène», estime-t-il. Selon lui, les grèves pourraient entraîner des pertes allant de 500 millions à un milliard d’euros à l’ensemble du secteur du tourisme.

Le Figaro

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