Quand les salariés se chargent de recruter

La cooptation est un mode de recrutement consistant à recommander une personne de son réseau pour un poste. On parle également de "recrutement participatif" ou "de parrainage". Cette méthode représenterait d'ailleurs 37% des recrutements de cadres en France selon l'Apex. Elle est en place chez GE RH Expert.

Quand les salariés se chargent de recruter

 

«Pour que la mayonnaise prenne dans une équipe, il faut que tout nouveau venu soit accepté par elle», observe Louis Privat, dirigeant et fondateur des Grands Buffets de Narbonne.

Quand les salariés se chargent de recruter

 

La cooptation est un mode de recrutement consistant à recommander une personne de son réseau pour un poste. On parle également de “recrutement participatif” ou “de parrainage”. Cette méthode représenterait d’ailleurs 37% des recrutements de cadres en France selon l’Apex. Cette méthode est en place chez GE RH Expert.

Aux Grands Buffets de Narbonne, ce n’est pas le patron qui décide de l’embauche, mais le personnel. Éprouvée depuis quatre ans, la formule semble gagnante: le chiffre d’affaires est aujourd’hui de l’ordre de 10 millions d’euros.
Ce n’est pas une coopérative et encore moins une société secrète… Pourtant, l’entrée d’un nouveau membre repose sur la cooptation. Le recrutement des salariés du restaurant les Grands Buffets de Narbonne (Aude) est pour le moins singulier: le dirigeant et fondateur Louis Privat laisse ses salariés choisir eux-mêmes leurs collègues… Et en saison estivale, ce sont pas moins de 140 contrats de travail qui sont recensés au service du personnel.
«Pour que la mayonnaise prenne dans une équipe, il faut que tout nouveau venu soit accepté par elle, résume Louis Privat. Et nos salariés sont les mieux placés pour savoir avec qui ils sont prêts à travailler.» Éprouvée depuis quatre ans, la formule semble gagnante puisque l’entreprise n’a pas freiné sa croissance et réalise aujourd’hui un chiffre d’affaires de l’ordre de 10 millions d’euros avec quelque 400 couverts servis chaque jour, un pic de… 1.400 couverts pouvant être atteint au plus fort de la saison, en août.
«En fait, je ne rencontre le salarié nouvellement embauché qu’une fois sa période d’essai terminée, poursuit Louis Privat. Là, je lui apporte un éclairage sur l’esprit de la maison et lui rappelle que ce n’est pas envers moi, mais vis-à-vis de l’équipe qu’il devra confirmer la promesse qu’il lui a faite lors de l’entretien.» Le dirigeant reconnaît que l’initiative est «plus difficile à dupliquer dans le cadre d’un recrutement pour un poste lié aux ressources humaines».
«Un CV peut être très intéressant mais si la greffe ne prend pas avec l’équipe, celle-ci sera moins performante. C’est une question de climat»
Louis Privat, dirigeant et fondateur des Grands Buffets de Narbonne.

 
Ce système de cooptation a été mis en place en 2009. Il s’agissait alors d’instaurer les notions de «gentillesse, politesse et solidarité». Une fois ces valeurs affirmées, encore fallait-il que les salariés les appliquent. «Un CV peut être très intéressant mais si la greffe ne prend pas avec l’équipe, celle-ci sera moins performante. C’est une question de climat», ajoute Louis Privat. La cooptation lui a semblé le meilleur moyen d’instaurer ce bon climat.

Représentant du personnel, Christophe Roussel (CFDT), qui est entré aux Grands Buffets en 2005, apprécie le degré d’autonomie accordé par la direction. «En plus de cette cooptation, on demande l’avis du personnel à l’issue de la période d’essai, dit-il. Faire le bon recrutement est un art difficile et nous apprécions d’y être associés. Sur la question du dialogue social, à ce jour, il est bon. Cela ne nous empêche pas non plus de dire les problèmes quand quelque chose ne va pas.»
L’esprit d’équipe, les Grands Buffets ne tentent pas seulement de l’insuffler par la seule responsabilité conférée à leurs salariés en matière de ressources humaines.

Avant chaque service, les équipes procèdent à un briefing mené par Philippe Roques. Ce dernier y répète quelques règles de «savoir-être» en salle. Chacun a alors quelques secondes pour aborder un point particulier. Il peut s’agir d’une table à redresser ou d’un client régulier à qui il faut souhaiter un bon anniversaire.
Dans la restauration, où la rotation du personnel, particulièrement en zone littorale, est la règle, les Grands Buffets de Narbonne se distinguent par une ancienneté moyenne de plus de cinq ans. Mais celle-ci a eu tendance à diminuer ces dernières années car l’effectif n’a cessé de croître, les nouveaux arrivés faisant baisser la moyenne. Certains salariés répondent présent depuis près de vingt ans.

Le Figaro 

Partgagez

Plus d'articles

Ecrivez-nous