Puis-je licencier un salarié qui a menti sur ses diplômes ?

On ne dit plus "mensonge" mais "enjolivement". Tricher sur son CV est devenu banal. Un classique mensonge par omission ou un travestissement de diplômes en passant par l'ajout d'expérience, rares sont les candidats à être 100% honnêtes sur leur parcours. La rumeur veut que même Rachida Dati, ancienne Garde des Sceaux, aurait falsifié ses diplômes. Elle aurait mentionné sur son CV un MBA de la prestigieuse école de commerce HEC jamais obtenu.

Puis-je licencier un salarié qui a menti sur ses diplômes ?

 

Du petit mensonge par omission au travestissement des diplômes, on est souvent tenté d’enjoliver la réalité pour mieux se vendre. Mais la manipulation reste risquée…

Puis-je licencier un salarié qui a menti sur ses diplômes ?

Pour la jurisprudence, les fausses informations fournies lors d’un recrutement peuvent avoir des conséquences sur le contrat de travail, qui varient selon l’importance de la tromperie. Le salarié qui ment sur un diplôme influence le choix de l’employeur. C’est une manoeuvre frauduleuse justifiant son licenciement pour faute. Cela est encore plus vrai pour les professions réglementées où l’obtention d’un diplôme est une condition d’exercice. L’employeur a deux mois à compter du moment où il découvre la tromperie (cette date doit être établie avec précision) pour engager la procédure disciplinaire. La faute grave n’est pas forcément retenue car il pourra être reproché à l’employeur de n’avoir pas vérifié les informations données à l’embauche. En revanche, une présentation “enjolivée” du CV n’est pas sanctionnée, la jurisprudence estimant que la simple mention dans un CV d’une expérience professionnelle imprécise, et susceptible d’interprétation, ne constitue pas une manoeuvre frauduleuse au sens de l’article 1116 du Code civil.

On ne dit plus “mensonge” mais “enjolivement”. Tricher sur son CV est devenu banal. Un classique mensonge par omission ou un travestissement de diplômes en passant par l’ajout d’expérience, rares sont les candidats à être 100% honnêtes sur leur parcours. La rumeur veut que même Rachida Dati, ancienne Garde des Sceaux, aurait falsifié ses diplômes. Elle aurait mentionné sur son CV un MBA de la prestigieuse école de commerce HEC jamais obtenu.

Evidemment, c’est tentant: l’objectif d’un CV est de taper dans l’oeil des recruteurs. Le candidat veut se présenter sous son meilleur jour. “Tout le monde le fait, assure Hoda_11 sur le Forum Doctissimo. On est tous dans l’obligation “d’enjoliver” la vérité, sinon on reste à la traîne, car c’est ce que les sociétés demandent”. “Si on laisse un CV avec des mois d’inactivité, on va nous reprocher de ne pas travailler – donc on est peut-être feignant. Mentir ne signifie pas inscrire n’importe quoi. Juste combler les trous, afin de montrer qu’on est actif et motivé à travailler”, poursuit Seb862.

Le phénomène s’est, en effet, banalisé en France car, contrairement aux pays anglo-saxons, les entreprises de l’hexagone vérifient encore rarement les parcours des postulants. Hormis dans les cabinets de recrutement ou certaines grandes entreprises, on ne se penche que sur les CV qui présentent des incohérences. La plupart des DRH compte sur l’entretien d’embauche pour analyser le discours des candidats et mettre le doigt sur les failles éventuelles.

Des risques professionnels … mais pas juridiques
Le tricheur ne risque pourtant pas grand chose sur le plan légal. Tant que vous n’essayez pas de vous faire passer pour un médecin, un avocat ou un expert-comptable, vous ne serez pas inquiété. Depuis la loi du 31 décembre 1992, la justice considère que l’employeur a le droit et le devoir de vérifier les informations présentes sur votre CV. S’il ne le fait pas, c’est lui qui est en tort. Une salarié qui a transformé un stage de quatre mois chez Renault en un emploi d’un an a même gagné son procès! Dans le moins favorable des cas de figure, si vous n’avez pas les compétences requises, vous ne serez pas gardé après votre période d’essai.

Le danger est ailleurs: vous risquez en effet de vous griller auprès de toute votre profession. Ce milieu est en effet un monde clos, dans lequel les informations circulent très vite. Et les entreprises et les cabinets de recrutement communiquent ce genre d’informations gênantes entre elles. Plus votre mensonge est gros et plus les risques d’entacher votre réputation sont importants. Et vous pouvez ainsi être “black listé” par les principales entreprises du secteur.

Les mensonges les plus fréquents
– Mentir sur ses compétences professionnelles

Il y a mentir et mentir. Se rajouter un ou deux mois sur un CDD ou transformer un Deug en licence n’aura pas les mêmes conséquences que de transformer un stage en CDD. Pour certains, à l’instar d’Eric, le mensonge n’a pas été décelé “J’ai bien menti en rallongeant ma dernière expérience de 4 ans afin de pouvoir dire que j’étais encore en poste et c’est passé”, explique-t-il sur le forum Doctissimo.

Mais les recruteurs sont de plus en plus méfiants.
Des entreprises, poussées par l’ampleur du phénomène et les mensonges de plus en plus importants, commencent à passer les CV au crible en amont. “Je travaille dans un cabinet d’assurances où, une fois sur 20, on contrôle les CV. Je dois dire qu’on a eu de sacrées surprises!”, assure Baronnedelatroncheenbiais sur Aufeminin.com. D’autres attendent l’entretien pour vérifier la véracité de vos dires. “Il y a 15 jours j’ai eu un entretien où on m’a un contrôle de références, qui dois-je contacter pour tel emploi, celui là et celui là?” Elle voulait contacter tous les responsables de tous les boulots que j’avais pu faire!”, confie Miss Lily sur le même forum. Certains res recruteurs, habitués à ce genre de tricherie, sont très attentifs à la cohérence des dates. Et vérifient que les tâches que vous avez décrites ont été réellement effectuées. S’ils sentent que vous n’êtes pas sûrs de vous, pas de pitié ! Ils vous pousseront dans vos retranchements.

– Cacher une période d’inactivité

C’est l’un des “arrangements” les plus fréquents. La plupart des candidats mentent par omission, en ne mentionnant que les années de travail. Par exemple, un emploi de chargé de mission entre novembre 2006 et janvier 2009 devient sur le CV “2006-2010: chargé de mission dans telle entreprise”. Mais, comme pour les expériences professionnelles, les recruteurs rodés à ce genre de mensonge sont à l’affût de la moindre incohérence.

– Mentionner de faux diplômes

La course aux diplômes pousse certains candidats à mentir sur leurs études. S’inventer un cursus dans une grande école, un MBA à l’étranger ou transformer un Deug en master pour obtenir un entretien peut vous sembler tenant. Mais vous risquez d’être rapidement démasqué. Les grandes écoles ont toutes un annuaire des anciens, dans lequel votre recruteur pourra se plonger. Par ailleurs, si, par hasard votre boss est issu de cette école (ce genre de coïncidences arrive fréquemment), il vous posera nécessairement des questions précises auxquelles vous ne saurez répondre. De plus, dans certaines entreprises, on vous demande une copie de vos diplômes pour établir votre salaire.

– Le niveau de langues

Vous baragouinez trois mois d’anglais ou d’espagnol, n’avez pas dit un mot d’allemand depuis plus de dix ans, mais d’après votre CV vous êtes “fluent”? Faites attention car les recruteurs ont l’habitude de ce genre de mensonge et testent de plus en plus souvent les candidats. Rien de plus facile pour un recruteur de vérifier vos dires en vous posant une question dans la langue de Shakespeare ou de Goethe.

– Dissimuler son âge

De peur d’être discriminé, certains candidats rajoutent ou retranchent quelques années. Mais faites attention car les recruteurs auront vite fait de faire le calcul grâce aux dates de vos diplômes ou vos expériences professionnelles. Vous rajeunir de cinq ans, ce n’est pas grand chose -mais cela signifierait que vous avez eu votre bac à 12-13 ans. Peu crédible.

 

 

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