Paris 2024 : les acteurs du tourisme seront-ils prêts pour les JO ?

Dans un baromètre publié ce jeudi, le cabinet de conseil KYU révèle que le secteur de l’hôtellerie-restauration ne semble pas encore prêt à satisfaire la hausse de la demande liée aux Jeux Olympiques. Un constat chiffré qui détonne face au discours enthousiaste de l’Alliance France Tourisme.

A l’approche des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris (JOP), les acteurs du tourisme s’activent. Avec plus de 15 millions de visiteurs attendus, les Jeux pourraient mobiliser près de 62 000 emplois supplémentaires dans le secteur. Bien que ces chiffres puissent impressionner, Dominique Marcel, président d’Alliance France Tourisme (AFT), un groupe de réflexion regroupant les principaux acteurs du secteur, assure que les « entreprises et collaborateurs sont prêts ».

Les JO seront sans nul doute l’événement sportif du siècle à Paris. On nous promet 16 millions de visiteurs entre le 26 juillet et le 11 août 2024, à l’occasion des Jeux olympiques, puis du 28 août au 8 septembre, dans le cadre des Jeux paralympiques. Si nombre de groupes de restauration ont choisi de miser sur cet événement fédérateur, les questions ne manquent pas. Comment gérer la logistique pour que les restaurants soient livrés malgré les restrictions de circulation annoncées ? Comment accueillir ce flux de clients ? Avec quelle offre spécifique ? Et au final, comment profiter des JO pour accroître sensiblement son CA? Des éléments de réponse avec nos experts mais aussi les témoignages de chaînes et restaurateurs qui sont dans les starting-blocks…

Emploi, formation, logistique, gammes bleu-blanc-rouge… 
À 3 mois des Jeux olympiques, le CHR s’organise. Objectif ? Anticiper tous les sujets qui pourraient venir gâcher la fête et faire de cet événement majeur une réussite.

Plus 10 % de CA ? Plus 30 % ? Difficile de se prononcer mais à titre de comparaison, lors des JO de Londres, l’industrie hôtelière a enregistré des taux de remplissage de 70 à 75 % à une période où les villes se vident.
« C’est une chance pour la France que d’accueillir les JO, déclare Thierry Marx. Et quoi qu’il arrive, le business devrait être au rendez-vous à cette période estivale où normalement Paris est déserté pour les vacances et où pour ma part j’ai l’habitude de fermer mes restaurants… »

Quels gagnants?
Si tous ne seront pas concernés par cette manne financière, selon Food Service Vision, la restauration rapide et le travel retail (ainsi que les hôteliers) devraient être les grands gagnants de cette période. « En tant que gros acteur du travel retail (70 % de notre parc), nous espérons faire partie des gagnants car nombre de nos établissements sont bien placés pour accueillir les touristes », analyse Marianne Tanguy-Rossé, directrice marketing Delinéo, groupe qui exploite les enseignes La Croissanterie, Maison Pradier et Roberta Caffé. 

Logistique, le nerf de la guerre

Restrictions de circulation, zones de couleur, flux supplémentaires… La logistique des JO s’annonce un véritable casse-tête pour les distributeurs comme pour les enseignes.

Faire venir les denrées ou le personnel jusqu’à ses restaurants… « Oui, cela risque d’être un peu compliqué en termes de logistique, reconnaît Frédéric Levacher, DG de Quick. Mais malgré cela, je suis ravi que notre entreprise participe à ce bel événement. En parallèle des sujets de la livraison de nos restaurants et de la venue de nos employés, il se trouve que notre siège social est situé à 150 mètres du siège des JO et que nous avons aussi un restaurant à Saint-Denis. Côté siège, on sera sans doute amenés à accroître le télétravail, l’important est de continuer à fonctionner. » Avec son logisticien Stef, le groupe est en train de mettre en place des plans opérationnels très précis pour instaurer des livraisons de nuit ou augmenter leur rythme, en fonction des contraintes. Pour Areas qui lui aussi a dans son giron des restaurants situés en zone rouge, gare de Lyon par exemple, l’enjeu logistique est de taille. Le groupe œuvre avec son fournisseur principal Transgourmet pour revoir les plannings de livraison et réorganiser sa logistique. « C’est compliqué, concède Emmanuelle Cubizolles, car on ne sait pas encore vraiment combien de personnes viendront mais si le flux est là, nous devrons être capables de l’absorber.

JO : comment gagner du temps?

Photo DR

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Avec le rush annoncé à l’occasion des JO, la question du gain de temps en cuisine prend tout son sens. Parmi les clefs du succès, le fait de faciliter la prise de commande mais aussi de miser sur des recettes simples et rapides à réaliser. Avec un maître-mot : anticiper…

La bonne gestion de l’offre pendant les JO passe par l’anticipation. Chez Matsuri, la chaîne de restaurants nippo-californiens reprise récemment par Adrien de Schompré, l’excellence opérationnelle est de mise. Au cœur du tout nouveau concept de l’enseigne, le célèbre kaïten (tapis tournant), symbole de convivialité et de découverte culinaire, a en effet plus que sa place. Unique en France, ce tapis tournant concentre l’offre de restauration qui défile au déjeuner, permettant au client de trouver son bonheur sans aucune attente. « Cela demande de bien travailler la mise en place du service, le mix des produits et permet aux clients de déjeuner ou dîner en gérant au mieux leur temps,précise Adrien de Schompré, c’est aussi l’occasion pour le client de tester différentes recettes et de constituer son repas au gré de ses envies. »
Les études le montrent, parmi les irritants principaux, on trouve le fait de faire la queue.

JO : cap sur l’apero

Le Cafferitivo de Del Arte

Le Cafferitivo de Del Arte

Les événements sportifs sont propices à booster la consommation d’apéros dînatoires lors d’afterworks conviviaux. Pendant ou après les épreuves, en terrasse ou pas, on fait ou refait le match en profitant de la fin de journée. Charge aux restaurateurs de s’organiser pour proposer une offre dédiée.

L’afterwork a la cote ! Et devrait être encore boosté par les JO, rappelle Bernard Boutboul, président Gira : « L’événement est une opportunité extraordinaire de développer d’autres moments de consommation que le déjeuner ou le dîner, notamment l’afterwork. Planches de charcuterie et de fromages bien de chez nous, mezze et anti-pasti à la mode française… Ces moments de partage ont aussi le vent en poupe parce qu’ils sont économiques car on ne dîne pas derrière. » Pour séduire le convive, particulièrement les 25-35 ans, l’originalité ne manque pas, avec des planches thématiques comme Au Corsaire à Chambéry (sea food, espagnoles, savoyardes, asiatiques) ou des offres de 6 huîtres et deux verres de blanc au Polpo à Levallois-Perret. Et ça marche, selon Gira, les bars/brasseries/restaurants ont enregistré une croissance valeur de 25 % sur l’afterwork entre 2022 et 2023…

Tout le monde s’y met !
Les brasseries misent depuis quelques années sur le business des événements sportifs. Les chaînes ne sont pas en reste. 

Offre et restaurants aux couleurs des JO

Photos DR

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Croissants bleu-blanc-rouge, burgers inédits, macarons bien français… Certaines enseignes vont lancer des produits aux couleurs des JO, d’autres vont animer et décorer leurs points de vente. Objectif, passer en mode festif.

Dans l’ADN de La Croissanterie… Le croissant. L’enseigne, qui a travaillé une offre spéciale pour chacune de ses marques, a donc décidé de le revisiter pour l’occasion. Elle dévoilera ainsi une gamme de croissants sandwichs qui, au même titre que la baguette ou le béret, représente parfaitement la France pour les étrangers. « Comme nous ne sommes pas partenaires officiels, nous n’avons pas le droit de communiquer directement sur les JO, explique Marianne Tanguy-Rossé, nous avonsPhoto DR

donc travaillé avec un avocat pour savoir ce qu’il était possible de faire. Nous proposerons aussi une tarte “bleu-blanc-rouge”. » Pour son enseigne Maison Pradier dont l’axe fort est la pâtisserie, le groupe a choisi de remettre à l’affiche ses trios de petits choux lancés pendant les élections et qui avaient connu un franc succès, des produits eux aussi bleu-blanc-rouge et très instagrammables. Enfin, pour sa marque italienne Roberta Caffé, Délinéo lancera un dessert vert, blanc et rouge aux couleurs du drapeau italien. 

Pascale Benhaïem-Komlos.

Source Tendances Restauration

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