Note au serveur : je mange du fromage et je bois de la bière

L’histoire aurait pu s’arrêter là. C’était sans compter un nouvel épisode de sexisme ordinaire -appelons un chat un chat- en terrasse cette fois. Je commande une bière.....

Note au serveur : je mange du fromage et je bois de la bière

Comme on dit chez nous, j’étais « sous l’eau ». Déjà parce que j’ai beaucoup de boulot -je ne vous fais pas un dessin, la rentrée c’est toujours un peu le merd***. Ensuite parce que j’ai repris mes activités extrascolaires -dont le yoga- de quoi m’occuper a minima deux soirs par semaine. Enfin parce que le peu de temps de « libre » que j’ai pu compter ces derniers jours, j’ai essayé de le passer avec Mister T. Manière qu’on ne finisse pas colocs vous voyez -notez que lui non plus ne compte pas ses heures en ce moment.

 

BREF. Nous avions besoin d’un break. Ca tombe bien, il y a deux mois, j’ai anticipé son anniversaire et décidé de nous embarquer pour Lille le dernier week-end de septembre. L’occasion d’un agréable dépaysement à une toute petite heure de Paris.

C’est donc sous un grand soleil que nous avons arpenté les ruelles pavées de la vieille ville, nous extasiant ça et là devant le beffroi, l’opéra, la Grand’Place, les maisons colorées à l’architecture flamande, les devantures de magasins de style art nouveau et art déco encore « dans leur jus ». Jusqu’à ce que la faim se fasse sentir. Et c’est à ce moment-là que…

Note au serveur : je mange du fromage et je bois de la bière

pâtisserie + gaufre à la vanille.

 

Que patatras. Par deux fois ce week-end, j’ai senti peser sur moi le regard tantôt surpris tantôt gêné de serveurs visiblement biberonnés aux clichés de genre. Ainsi, ce samedi soir, en nous apportant notre commande, le serveur me tend-comme de bien entendu- l’énorme salade commandée par… Mister T. « La salade donc, c’est pour… ». « Pour Monsieur ». Madame, elle, avait préféré commander un petit camembert aux truffes rôti au four. Ce qui n’a pas manqué d’étonner le dit serveur: « Ah et bien je suis désolée, je sers donc Monsieur en premier », a expliqué ce dernier déjà entièrement tourné vers moi, son assiette pour lapin entre les mains.

Si, sur le coup, l’anecdote prêtait plutôt à sourire, elle m’a en réalité agacée. Et pour cause: l’espace d’un instant, cette façon d’agir a presque réussi à me faire me questionner sur mon choix à la carte. Pire elle m’a de facto placée en position de « fautive », manquant de peu de me faire culpabiliser. Et c’est précisément cela, cet inconfort fugace face au regard de ce serveur qui m’a embarrassée, moi qui n’ai pourtant jamais collée ni rêvé du standard de la longue liane qui se nourrit de chou Kale -tu parles d’un fantasme.

L’histoire aurait pu s’arrêter là. C’était sans compter un nouvel épisode de sexisme ordinaire -appelons un chat un chat- en terrasse cette fois. Je commande une bière, il demande un café américain. Le serveur auquel nous avions passé la commande revient quelques minutes plus tard: il m’apporte le café et tend la bière à Monsieur. Décidément, encore raté.

Chez Meert en revanche, personne n’a sourcillé face à ma commande pâtisserie + gaufre à la vanille.

C’est la première fois que ce genre d’attitude me fâche autant. Je tique pourtant régulièrement au restaurant lorsque l’ont met d’office la carte des vins dans les mains de Monsieur. Est-ce être parce que ces deux maladresses se sont cumulées dans un court laps de temps ou parce que, cette fois, c’est le contenu de mon assiette (ou de mon verre) qui était directement -bien qu’inconsciemment- visé? Quoi qu’il en soit, je crois qu’on a encore pas mal de boulot…

Cela étant écrit, qu’on se le dise une bonne fois pour toutes: Messieurs les serveurs, je mange du fromage et je bois de la bière!

 

L’Express

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