Menaces sur l’Hôtellerie de Luxe Française
Pour le directeur de l’Hôtel Bristol à Paris, la menace est réelle depuis maintenant deux ans. Perte d’image de la France et de sa capitale auprès des clientèles asiatiques et du Golfe et concurrence directe d’AirBnB, il y a du souci à se faire…
Invité ce lundi de l’émission Europe-midi sur la radio Europé 1, Didier Le Calvez n’a pas mâché ses mots pour décrire l’inquiétude qui touche le secteur de l’hôtellerie de luxe… « Depuis deux ans, nous sommes confrontés à une concurrence déloyale de la part d’AirBnB, il y a une crise des palaces France » explique-t-il au journaliste de la radio.
Pourtant ce dernier s’étonne, à juste titre d’ailleurs. Paris a accueilli de nouveaux hôtels 5*Luxe comme le Peninsula, le Shangri La et attend encore à venir la réouverture du Crillon ou encore du Lutétia pour 2016. « Le marché est en souffrance », répond le directeur de l’hôtel Bristol.
La raison ? « Je reviens d’un congrès hôtelier aux Etats-Unis. L’image de la France n’est pas bonne. » Xénophobie, violences urbaines, ou encore les fortunés qui quittent la France « il y a un malaise sur l’image du pays ». Un malaise qui touche beaucoup le marché asiatique. « Les réseaux sociaux ne relaient que des images négatives sur Paris ».
« Avec la loi ALUR, on autorise une hôtellerie parallèle qui n’obéit à aucune règle. »
Conséquences de cette désaffection, une perte d’activité de 15 % et un emploi réduit de 10 %. Outre la désaffection de la destination, l’arrivée d’AirBnb cautionnée par le gouvernement français fait mal à l’hôtellerie locale. « L’hôtellerie française a fait de gros efforts pour se mettre aux normes et d’un autre côté, avec la loi ALUR, on autorise une hôtellerie parallèle qui n’obéit à aucune règle. »
Mais selon Didier Le Calvez, l’arrivée d’Uber aurait également des conséquences sur le marché locatif. « Aujourd’hui, il est impossible de trouver un appartement à louer à Paris dans le quartier du Marais. Pourquoi ? Parce que, pour un propriétaire, c’est plus intéressant de louer une semaine, un weekend, qu’un bail de location longue durée », explique le directeur du Bristol. Selon lui, 16 % du trafic d’AirBnB serait réalisé en France et occasionnerait un manque à gagner de 100 M€ en TVA.
Contrairement à d’autres pays, comme au Royaume-Uni avec Londres qui a durci sa position vis-à-vis d’AirBnB, « la France devrait obliger les propriétaires à déclarer les sommes perçues par la plateforme », explique Didier Le Calvez qui n’exclut pas des actions dans le futur contre AirBnB comme l’ont fait les taxis contre Uber.
