Macron et le “travail de l’autre côté de la rue”: est-ce vrai que la restauration recrute?

Macron et le “travail de l’autre côté de la rue”: est-ce vrai que la restauration recrute?

Du travail dans la restauration, “je traverse la rue, je vous en trouve”: la suggestion de se réorienter lancée par Emmanuel Macron à un jeune horticulteur au chômage a suscité de nombreux commentaires dimanche. Mais est-ce la réalité? RMC a mené l’enquête.

Macron et le

Emmanuel Macron dit-il vrai? En conseillant à un jeune homme de 25 ans, chômeur, de se réorienter, le chef de l’Etat a provoqué de nombreuses réactions.

“J’ai 25 ans, j’ai beau envoyer des CV et des lettres de motivation, ça ne fait rien”, avait confié samedi au président ce jeune homme, venu au palais de l’Elysée à l’occasion des journées du patrimoine. “Vous voulez travailler dans quel secteur?”, l’interroge le président dans un bref échange capté par les caméras. “A la base, je suis en horticole”, répond le jeune homme.

Le président lui suggère alors de changer de secteur.

“Si vous êtes prêt et motivé, dans l’hôtellerie, les cafés et la restauration, dans le bâtiment, il n’y a pas un endroit où je vais où ils ne me disent pas qu’ils cherchent des gens. Pas un! Hôtels, cafés, restaurants, je traverse la rue, je vous en trouve!”, poursuit le président de la République en désignant d’un geste les rues alentour, et notamment le quartier de Montparnasse.

RMC s’est donc rendu dans ce quartier de Paris afin de vérifier cette déclaration. Première confirmation: dans le 14ème arrondissement, on ne peux pas rater les annonces placardées sur les vitrines des restaurants “Recherche serveur ou serveuse“.

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“On recrute mais…”

Didier, gérant d’une brasserie, confirme qu’il a du mal a recruter:

“J’ai besoin de deux profils, un temps complet et un temps partiel. Il ne faut pas non plus se leurrer, ce n’est pas un métier qui vend du rêve, avec des contraintes horaires spécifiques. On recrute activement des gens qui ont un petit bagage, mais le premier critère, c’est la motivation, de se donner à fond”.

Même constat pour Loïc, gérant d’une crêperie: si l’envie est essentielle, il faut aussi une curiosité pour ce métier. Donc pas question pour lui de recruter un jeune issu d’une formation en horticulture, comme celui qui a interpellé Emmanuel Macron.

“Ca ne sert à rien qu’il vienne postuler ici alors qu’il n’est pas passionné. C’est quelqu’un qui veut du travail au moins en rapport avec le travail de la terre et forcément, ça ne va pas le passionner de jouer le serveur ou de faire la cuisine. Oui, il y a du travail, mais pour les gens qui sont passionnés par le métier” explique-t-il derrière sa crêpière.

Le secteur de l’hôtellerie et de la restauration connaît une pénurie aiguë de main d’oeuvre. Selon l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie, la principale organisation du secteur hôtelier, il manquerait 50.000 contrats a durée indéterminée.

Mais alors, pour sortir du chômage, faut-il accepter de changer de métier? Les chiffres donnent plutôt raison au chef de l’Etat, dans les faits: sur le site de Pôle emploi, il y a en ce moment plus de 2,3 millions d’offres d’emplois, dont plus de la moitié, 58%, sont des CDI.

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Ces patrons qui n’arrivent pas à recruter

Avec parfois des réalités qui en disent bien plus long que tous ces chiffres. Deux exemples dont on vous parlait récemment sur RMC: la table d’Auberjeon, restaurant réputé dans l’Aude, qui a fermé avant la fin de saison faute de personnel ; et des viticulteurs de Champagne qui font appel à des Polonais parce qu’ils n’arrivent pas à recruter de saisonniers.

“Ce n’est pas la première fois que nous emploierons du personnel qui vient d’horizons très divers, explique sur RMC, le président des Indépendants de l’hôtellerie et de la restauration, Didier Chenet. Quand vous voyez le succès des émissions comme Top Chef où des jeunes diplômés, bac +3, qui reviennent finalement suivre une année de mise à niveau pour se lancer dans la cuisine… Qu’est-ce qui est péjoratif? Nous avons la diversité des métiers dans l’hôtellerie et la restauration qui fait que nous sommes capables d’accueillir les professionnels de tous les horizons”.

Sauf que ce n’est pas aussi facile que “de traverser la rue” selon Christine Brouh, secrétaire régionale du SNU-FSU Pole Emploi, qui le constate tous les jours auprès des demandeurs d’emplois:

“Il faut faire le deuil de son métier, le deuil des qualifications et des compétences que l’on avait, ainsi que celui d’une rémunération d’un savoir-faire passé.

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