L’hôtellerie retrouve sa clientèle à petits pas et prépare sa convalescence

 

L’hôtellerie retrouve sa clientèle à petits pas et prépare sa convalescence

 

 

Que ce soit à l’Ile du Gua de Narbonne ou dans les établissements de la société Hôtels Invest Sport, la reprise d’activité se fait au rythme des normes sanitaires. Pour autant, la volonté de rebondir est palpable.

 

 

Le Novotel de Narbonne a rouvert ses portes cette semaine.
Le Novotel de Narbonne a rouvert ses portes cette semaine. Photos Philippe Leblanc 

La sereine beauté du hall d’entrée compose désormais avec des consignes de circulation et des vitres en plexiglas. A Narbonne, le Clarion Suites Ile du Gua a rouvert ses portes dès le 11 mai, fort d’une expérience acquise durant la période de confinement. “Nous avons hébergé une vingtaine de médecins”, rappellent en effet Michel Amsellem, Fleur Bonturi et Valérie Schwenn. Un dispositif d’accueil clientèle “sans contact” fut ainsi mis en place bien en amont du déconfinement. “Nous disposons d’un système de coffres : le client compose le code et retire lui-même la clé de sa chambre, puis la dépose à son départ à un endroit spécifique.” Une fois la suite libérée, le personnel d’entretien attend 24 heures avant de la nettoyer avec une gamme de produits adaptée au contexte, équipé bien sûr de gants et de masques. “Nous comptons les remplacer par des visières, moins contraignantes dans le cadre d’une utilisation prolongée”, précisent les responsables.

Le restaurant du site, en revanche, n’a pu évidemment rouvrir que mardi. En apparence, pas de bouleversement majeur dans la salle… et pourtant. “Pour les tables de quatre personnes, nous fournissons à la demande un croisillon en plexiglas permettant d’isoler les convives les uns des autres. Quant à la carte, elle est consultable à l’aide d’un QR code.” Le soir même de la reprise, une dizaine de clients étaient au rendez-vous.

Le Novotel de Narbonne a lui aussi été contraint d’adapter sa déco. Outre le plexiglas de rigueur, un fléchage a été déployé au sol. Quant au restaurant, il propose pour sa part des cartes à usage unique. “Nous ne rentrons pas dans les chambres durant le séjour des clients”, ajoute la directrice Virginie Nowakowsky. “Nous fournissons bien sûr des compléments de serviettes et autres, mais nous invitons aussi les visiteurs à prendre le plus de précautions possible, notamment en prenant soin de jeter tous leurs déchets à la poubelle”. Il n’en reste pas moins qu’ici aussi, la désinfection demande du temps : “Habituellement, le nettoyage d’une chambre prend 20 à 25 minutes ; aujourd’hui, il faut compter un bon quart d’heure de plus”.

Le Novotel narbonnais présente cependant une particularité supplémentaire : il n’a rouvert que ce mardi, en même temps que son restaurant. Ce choix ne répondait pas à des contraintes sanitaires, mais à une stratégie de la société Hôtels Invest Sport à laquelle appartient l’établissement. “En fait, les hôtels n’ont jamais fermé”, insistent Jean-Louis et Emilie Zevaco, respectivement président et directrice générale d’HIS. “Mais nous nous sommes retrouvés sans client, et la priorité consistait à mettre nos équipes en sécurité”. La reprise de l’activité au sein des vingt hôtels que possède la structure en Occitanie (dont deux à Carcassonne, deux à Narbonne et un à Castelnaudary) s’est donc faite progressivement.

 

Plexiglas à la demande et menu par QR code, à la Brasserie du Moulin, le restaurant de l’hôtel Ile du Gua.
Plexiglas à la demande et menu par QR code, à la Brasserie du Moulin, le restaurant de l’hôtel Ile du Gua.

“Nous avons commencé à relancer des sites le mois dernier, au cas par cas, dès que nous considérions atteindre un seuil d’exploitation nous permettant non pas de gagner de l’argent, mais au moins de ne pas en perdre.” Au départ, la règle était simple : rouvrir un établissement par ville. A Narbonne, ce fut l’Ibis Budget. “Cette gamme répondait à des priorités tantôt sociales, pour des personnes ayant besoin d’être hébergées, tantôt économiques, afin d’accueillir des gens travaillant sur des chantiers.” Ce contexte a même poussé HIS à relancer son établissement de Castelnaudary une semaine avant le déconfinement.

“Nous sommes en train de construire un second hôtel là-bas, et les ouvriers demandaient un point de chute !” D’une manière générale, cette clientèle post-confinement comprend et accepte les adaptations des prestations. “Nous avons dû enlever pas mal de petites choses pour des raisons sanitaires, confie Emilie Zevaco. C’est dur pour nous car notre métier, c’est de recevoir et d’être généreux !” Ce qui explique pourquoi, au Novotel de Narbonne, la piscine est néanmoins accessible et chauffée.

Bref : beaucoup d’enthousiasme, en dépit d’un avenir qui demeure incertain. “En termes de fréquentation, nous sommes à 15 ou 20 % d’une année normale”, indique Jean-Louis Zevaco. L’Ile du Gua, de son côté, a accueilli une trentaine de clients depuis le 11 mai. “Ça reprend très timidement, poursuit Michel Amsellem. On sera sur une année en demi-teinte, il faut être prêt à l’affronter”. L’homme se réjouit toutefois du retour à petits pas d’une clientèle locale plutôt jeune, et mise aussi sur la reprise des séminaires (“40 % de notre chiffre d’affaires”). “Il faut positiver, et optimiser la moindre éclaircie”, confirme Jean-Louis Zevaco. Optimisme, donc, mais aussi patience : “On n’imagine pas un retour à la normale avant 2023”.

Lionel ORMIERES

 

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