L'ex-chef des cuisines de l'Élysée raconte les caprices des présidents

Avant chaque vol, Bernard Vaussion accrochait une grande pancarte dans la cuisine: «Surtout n'oubliez pas la glace au café du président.»

L’ex-chef des cuisines de l’Élysée raconte les caprices des présidents

 

Parti à la retraite en octobre dernier, Bernard Vaussion a passé 40 ans dans les cuisines de la présidence de la République. Il publie Au service du palais (Editions du Moment) où il livre ses anecdotes.

L'ex-chef des cuisines de l'Élysée raconte les caprices des présidents

L’ancien chef des cuisines de l’Elysée, Bernard Vaussion

De Claude Pompidou à François Hollande, de Mouammar Kadhafi à Angela Merkel, tous ont un jour goûté aux plats de Bernard Vaussion. L’ancien chef des cuisines de l’Elysée publie le 5 juin prochain Au service du palais (Editions du Moment) où il raconte ses souvenirs. On y découvre que Nicole Bricq n’a pas été la seule à juger durement les cuisines républicaines.

La tarte qui fait honte à VGE

Valéry Giscard d’Estaing est strict quant à la confection des profiteroles: la pâte des choux doit être molle et non croustillante. Mais l’ex président de la République n’a surtout pas apprécié la confection d’une tarte aux pommes. Servie au roi marocain Hassan II lors d’un dîner, le dessert a été l’objet d’un courroux présidentiel. VGE a fait part de «sa honte» d’avoir vu une tarte «aussi médiocre». Au fort de Brégançon, raconte le cuisinier, le président ne fait pas autant de manières, déambulant dans les cuisines en maillot de bain, palmes aux pieds, à la recherche de biscuits Petits Lu.

Le caviar à la cuillère sous Mitterrand

Le cuisinier fait un bilan très dur du passage de François Mitterrand à l’Élysée: «L’expression gauche caviar se justifie pleinement», ironise-t-il. Bernard Vaussion narre «les goûts de luxe de la cour qui entoure François Mitterrand». «Un grand pot de caviar trône souvent à côté d’un plat de saumon fumé (…) les convives sont priés de se servir sans retenue». Michel Charasse le déguste «à la cuillère». «Vous allez voir, on va leur presser le citron aux Français», lance alors le ministre du Budget de l’époque.
Le grand chef parle d’un président «capricieux». «Le pain est jugé trop mou (il vient pourtant de la meilleure boulangerie de Paris), la garniture est jugée trop fade ou manque d’originalité. Il préfère souvent envoyer son chauffeur ou un garde dans une boulangerie: ‘Même pas capables de faire des sandwichs’», lance-t-il aux cuisiniers du palais.
Lors d’un déjeuner avec Anne Lauvergeon, celle-ci s’interroge sur la provenance des pétoncles en doutant de leur fraîcheur. «Encore du congelé», critique François Mitterrand.

De la viande de choix pour le chien de Chirac

La gamelle de Sumo, le bichon du couple Chirac, n’échappe pas à la surveillance de Bernadette Chirac. «Pas de croquettes, une nourriture fraîche, pas de conservation au frigo plus d’une journée, la viande doit être coupée en lamelles plutôt qu’en carrés», se souvient Bernard Vaussion. «Les recommandations changent fréquemment (…) il deviendrait plus difficile de s’occuper de Sumo que du président lui-même», estime-t-il. Ce dernier, plus simple, tient à faire bouillir son lait le matin, quitte à l’oublier sur le feu.

De la glace au café pour Sarkozy

Nicolas Sarkozy a un faible pour la glace au café. Le cuisinier doit toujours veiller à en avoir en stock. Y compris dans l’avion présidentiel. Mais il est arrivé au chef de l’oublier. Un aide de camp est aussitôt venu lui parler de cette «négligence». «On aurait cru qu’Air Sarko One (le surnom donné à l’avion présidentiel, ndlr) avait failli s’abîmer en mer (…)». Avant chaque vol, Bernard Vaussion accrochait une grande pancarte dans la cuisine: «Surtout n’oubliez pas la glace au café du président.»
Le patron des cuisines souligne enfin la rapidité avec laquelle les repas sont expédiés par le précédent locataire de l’Elysée, avec un record de douze minutes pour un déjeuner entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama.
Au service du palais, Bernard Vaussion – Christian Roudaut, Editions du moment, 16.95 euros

Le Figaro

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