Le prix des hôtels bat des records Olympiques

90 euros la nuit cet été, 1 363 euros l’été prochain… le des hôtels s’envole pendant les JO de Paris

D’après le relevé que nous avons effectué auprès de douze établissements sélectionnés aléatoirement, en Île-de-France et en région près des lieux de compétition, les tarifs entre cet été et août prochain sont multipliés en moyenne par plus de six.

À l'instar des locations entre particuliers, les tarifs hôteliers pour la période des JO à l'été 2024 connaissent déjà de très fortes hausses (illustration). LP/Olivier Lejeune
À l’instar des locations entre particuliers, les tarifs hôteliers pour la période des JO à l’été 2024 connaissent déjà de très fortes hausses (illustration). LP/Olivier Lejeune

Les particuliers qui envisagent de mettre leur logement en location pendant les Jeux olympiques ne sont pas les seuls à vouloir profiter de l’aubaine. À un an de la compétition, les professionnels du secteur espèrent eux aussi tirer profit au maximum de l’événement qui doit accueillir entre 15 et 20 millions de touristes. Cela se voit dans les prix proposés pour louer une chambre double.

D’après les offres que nous avons relevées dans différents hôtels, en comparant les tarifs pratiqués la nuit du 5 au 6 août 2023, et à la même date en 2024, la différence est colossale. Sur les douze établissements que nous avons sélectionnés aléatoirement à Paris, en petite et moyenne couronne ainsi qu’en province (parfois à d’autres dates en fonction des dates de compétition), le prix proposé pour la même chambre est en moyenne multiplié par 6,6. Le plus spectaculaire ? L’hôtel Paris Vaugirard, un établissement trois étoiles situé dans le XVe arrondissement de la capitale, qui propose une chambre à 90 euros cet été, contre 1 363 euros l’été prochain. Soit un tarif multiplié par plus de quinze !

« Chacun est libre de ses tarifs »

« Il est certain que lorsque l’on propose des prix multipliés par 8, c’est excessif, estime Frank Delvau, le président de l’Umih (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) Paris Île-de-France. Ce n’est même pas entendable. Après, il est normal de payer plus cher pendant une période comme les Jeux olympiques car c’est évidemment une période très inflationniste. »

Quelle serait donc l’augmentation raisonnable ? « Je ne donnerais pas de prix, poursuit-il. Chacun est libre de ses tarifs même si des règles de bonne conduite doivent s’appliquer. Mais tout comme avec Airbnb, où les prix proposés par les particuliers explosent, la politique du yield management (qui consiste à faire varier les prix en fonction de la demande des consommateurs) s’applique ! Et il me semble que les hôteliers augmentent moins leurs prix que les particuliers sur les plates-formes. »

Impossible de le vérifier mais la hausse moyenne de notre sélection hôtelière (X 6,6) correspond à peu près à celle qu’a comptabilisée le courtier en assurances Réassurez-moi. Il a en effet comparé les prix des locations sur Airbnb pendant les JO, du 26 juillet au 11 août 2024, avec la même période en 2023 en Île-de-France : certains logements voient leurs tarifs multipliés par trois, quatre, voire six.

Chez Accor, l’un des partenaires de Paris 2024, on explique qu’un peu plus d’un tiers des 650 hôtels du groupe présents dans les villes hôtes des Jeux ont proposé des prix bloqués au comité d’organisation. « Cette partie de l’inventaire est entièrement gérée par Paris 2024 directement pour les demandes BtoB », souligne Patrick Mendes, le directeur général Europe & Afrique du Nord d’Accor.

Quid des autres hôtels du groupe, qui ont ouvert la réservation au grand public depuis le 27 juillet ? Les établissements parisiens Ibis et Mercure de notre sélection ont boosté leurs prix par cinq entre les deux périodes estivales. « Nous avons partagé des recommandations et celles-ci sont suivies, malgré le risque d’un très fort niveau de demande sur certains établissements, poursuit-il. Nous regardons quotidiennement les prix appliqués par nos hôtels. Si nous voyons une situation non conforme, l’équipe de l’hôtel et son propriétaire sont contactés pour suggérer d’aligner les tarifs à nos recommandations mais ils restent les seuls décisionnaires, Accor n’étant pas propriétaire des hôtels. »

Ailleurs, d’autres professionnels justifient volontiers cette augmentation. « Nous nous sommes appuyés sur le prix de nos concurrents directs, qui affichent déjà complet pour cette période et qui proposent des chambres bien plus chères que les nôtres », explique ainsi la direction de l’hôtel Moderne à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), dont le tarif 2024 est affiché à 720 euros la nuit, contre 84 en 2023. « C’est surtout le prix de notre emplacement, à 10 minutes à pied du stade de France (qui accueillera les épreuves d’athlétisme). Les soirs de concert au stade, nous avons l’habitude de multiplier les tarifs par trois ou quatre ». Cet établissement deux étoiles affiche déjà 35 % de réservations pour la période du 25 juillet au 11 août 2024. « Les tarifs peuvent encore évoluer en fonction de la demande », assure la direction.

« Certains hôteliers attendent encore pour ouvrir leurs réservations »

Au cabinet de la ministre du Tourisme Olivia Grégoire, on a bien conscience de cette frénésie des prix. « Une des pistes de travail pour calmer le jeu est d’élargir notre charte d’engagement aux hôteliers, en plus des meublés touristiques loués par les particuliers », explique-t-on. En clair, si à l’automne le secteur signe cette charte, une alerte pourra être apposée — par exemple sur des sites de réservations comme Booking.com — en cas de prix jugés disproportionnés. « Les annonces qui restent aujourd’hui disponibles sont aussi celles qui proposent des prix très élevés et n’ont donc pas trouvé preneur, analyse Frank Delvau. Certains hôteliers que je connais mais aussi des grandes chaînes attendent encore pour ouvrir leurs réservations pour l’été prochain. Quand ceux-là vont se mettre sur le marché, l’offre sera plus abondante et les prix baisseront sûrement. »

Le responsable de l’Umih Paris Île-de-France évoque ainsi les prix pratiqués pour la Coupe du monde de rugby qui aura lieu à Paris en septembre, plus raisonnables selon lui. « Les stades sont pleins et les hôtels de la région ont un très bon taux de remplissage, assure-t-il sans donner de chiffres. Les tarifs font du x3 pendant cette compétition. Le risque, en pratiquant des prix trop élevés, c’est de ne plus retrouver après les clients qui viennent régulièrement et qui n’ont pas pu payer les tarifs proposés pendant les JO. »

Source Le Parisien

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