Dans le hall du Henn-na Hotel (littéralement « Hôtel Étrange », en japonais), à Tokyo, la réceptionniste n’a pas la conversation facile. Et pour cause, c’est un robot !

Cette créature humanoïde au visage un peu figé dirige les clients vers un écran tactile, pour qu’ils s’enregistrent. Elle donne aussi les horaires du petit-déjeuner et numérise les traits de votre visage… Cela vous permettra d’ouvrir la porte de votre chambre, grâce au système de reconnaissance faciale de l’établissement.

À ses côtés des robots dinosaures accueillent également les voyageurs. Dans le hall, d’autres robots portent les bagages jusque dans les chambres, collectent les déchets, etc. Même les poissons dans l’aquarium de la réception sont des robots !

La réceptionniste du Henn-na est un peu figée. (Photo : capture d’écran Youtube)
Au Japon, les hôtels gérés par les robots ont la cote. (Photo : TripAdvisor)

À l’intérieur des chambres, encore d’autres petits robots vous attendent ! Ceux-là sont en forme de gros œufs. Appelés Churi-chan, ils se chargent d’allumer ou d’éteindre la lumière, de régler la température de la chambre ou de changer de chaîne à la télévision. Ils peuvent aussi répondre à des questions simples, sur le temps qu’il fera le lendemain par exemple, ou pour donner l’heure.

En tout, pas moins de 140 robots sont chargés du bon fonctionnement de l’établissement. Mais ces merveilles de technologie ne savent pas encore faire les lits ni gérer la sécurité… Ce sont des employés humains qui s’en chargent.

Pénurie de main-d’œuvre ( ou pénurie de motivation)

Au Henn-na Hotel, le prix de la chambre est bien moins élevé qu’ailleurs à Tokyo : 9 000 yens en moyenne, soit 68 €, petit-déjeuner inclus. Dans les beaux hôtels de la capitale nippone, c’est facilement deux ou trois fois plus cher.

Eh oui, car les robots ne réclament pas de salaires ni de congés et sont opérationnels 24 heures sur 24, tous les jours de la semaine. Mauvais pour la main-d’œuvre humaine ? Justement, le secteur des services en manque cruellement… Le taux de chômage au Japon est tombé à 2,8 % en avril 2017, du jamais vu depuis 1994.

Même dans l’aquarium du hall, les poissons sont des robots ! (Photo : capture d’écran Youtube)

Voici Churi-chan, le petit robot qui accompagne les clients lors de leur séjour dans un des hôtels Henn-na. (Photo : Issei Kato/Reuters)

Hideo Sawada, le créateur du concept de ces hôtels gérés par des robots, veut multiplier les établissements de ce type pour faire face à cette pénurie de main-d’œuvre, liée au vieillissement de la population. Il souhaite ainsi « améliorer la productivité et lutter contre la hausse du prix des chambres d’hôtels », comme l’expliquait le fondateur du groupe HIS (une des plus grandes agences de voyage du pays), au quotidien britannique The Guardian, en juillet 2015.

À l’époque le tout premier hôtel avec des employés robots venait d’ouvrir à Sasebo, dans un parc d’attractions du sud du Japon. Depuis, un deuxième établissement a ouvert à Tokyo et un troisième a vu le jour à Gamagori.

Écologique et économique

D’autres innovations permettent à l’établissement de réduire les coûts. L’ensemble du site a été pensé pour être économique et écologique. La brique et le bois comme matériaux de construction, l’agencement des bâtiments optimisant la circulation de l’air et l’emploi de panneaux solaires permettent de réduire la consommation énergétique de l’hôtel de 30 % par rapport à un hôtel classique.

Pour le moment, le modèle économique marche bien. Le groupe HIS veut développer son concept et espère ouvrir une centaine d’hôtels similaires dans les prochaines années.

Les Japonais, eux, s’habituent à la présence des robots dans leur quotidien. Une hôtesse humanoïde, Chihira Aico, conçue par Toshiba, a été installée en 2015 dans un grand magasin de Tokyo. Vêtue d’un kimono traditionnel, elle conseille et amuse les clients en leur proposant par exemple, de leur chanter des chansons.

L’hôtesse humanoïde Chihira Aico, conçue par Toshiba. (Photo : capture d’écran Youtube)