Le golf de Marrakech creuse son trou

A noter que Marrakech compte déjà 3 golfs, dont le Royal Golf qui a vu passer des célébrités comme Winston Churchill ! Au delà du golf, c'est plutôt une opération immobilière de grand luxe qui a foiré.

Le golf de Marrakech creuse son trou

 

La faillite du chicissime Samanah Country Club tourne à l’imbroglio politico-financier. Une enquête pour “escroquerie” est en cours à Paris.

Le golf de Marrakech creuse son trou

Domaine du Samanah Country Club, Marrakech.

Cela devait être le plus beau complexe touristique de Marrakech. Un golf de dix-huit trous au pied du mont Atlas. Cinq cents villas de grand luxe, avec piscines et jardins luxuriants. Un gigantesque hôtel cinq étoiles. Le Samanah Country Club, inauguré en 2009 par le frère du roi marocain, Moulay Rachid, par ailleurs grand amateur de golf, a déposé son bilan l’an dernier.

Le chantier n’a jamais été terminé et ses anciens propriétaires, les Français Alain Crenn et Richard Hennessy, sont visés en France par une plainte pour “escroquerie”, “faux et usage de faux”, “présentation de comptes non fidèles”, “abus de biens sociaux” et “confirmation d’informations mensongères”, déposée par les nouveaux propriétaires, Gaël Paclot et Daniel Boisson.

Le Parquet de Paris nous a confirmé qu’une enquête avait été confiée en août 2013 au pôle financier. L’instruction, un temps ralentie par le refroidissement des relations franco-marocaines, a repris son cours ces derniers mois.

Le golf de Marrakech creuse son trou

Le Samanah Country Club, à Marrakech

Héritier des cognac Hennessy

Entre le clan Crenn-Hennessy et Paclot-Boisson, chacun se renvoie la responsabilité des déboires du Samanah Country Club. “Nos clients ont vendu en 2011. Le club a fait faillite en 2014. C’est à Gaël Paclot qu’il faut demander pourquoi”, indique maître Jean Veil, qui défend les intérêts de Richard Hennessy. De son côté, Gaël Paclot estime que Hennessy et Alain Crenn lui ont dissimulé la situation véritable du golf au moment où il a racheté la majorité des parts avec Daniel Boisson pour 11,3 millions d’euros.

Le tribunal de commerce de Marrakech est allé en son sens le 10 février dernier, en estimant que le Samanah Country Club était en état réel de cessation des paiements dès le 1er décembre 2008, soit près de six ans avant qu’il ne mette officiellement la clé sous la porte. Mais, en juin, le tribunal de grande instance de Paris a plutôt donné raison aux avocats de Richard Hennessy en ordonnant la levée de la saisie conservatoire qui avait été pratiquée deux mois plus tôt sur tous les biens de l’héritier de la maison de cognac Hennessy, rachetée dans les années 80 par le groupe LVMH.

KMPG France dans le viseur

Est-ce que les difficultés financières du Samanah Country Club ont pu être dissimulées pendant plusieurs années ? C’est à cette question que doit répondre l’enquête en cours en France, qui vise aussi KPMG France. La juge d’instruction du pôle financier cherche en ce moment à savoir si le cabinet d’audit n’aurait pas pu embellir les comptes présentés en 2011 aux acheteurs. Elle dispose pour cela d’une centaine d’emails émis par KPMG France qui aurait cherché à faire pression sur les commissaires aux comptes marocains.

Voilà quelques semaines, elle a interrogé pendant deux jours l’un des associés de KPMG France. Contacté par nos soins, le cabinet d’audit a répondu qu’il était tenu au secret professionnel et ne pouvait faire aucun commentaire sur cette affaire.

Au Maroc, cette affaire agace considérablement les autorités du pays. La construction du Samanah Country Club s’inscrivait dans un vaste plan de développement du tourisme, qui a été érigé en priorité nationale par le roi Mohamed VI. En 2005, le gouvernement avait ainsi accepté de céder d’immenses terrains de 300 hectares aux promoteurs du golf de Samanah pour une bouchée de pain. Dix ans plus tard, ce projet phare est encore pour partie dans les sables.

A noter que Marrakech compte déjà 3 golfs, dont le Royal Golf qui a vu passer des célébrités comme Winston Churchill !
Au delà du golf, c’est plutôt une opération immobilière de grand luxe qui a foiré.

Caroline Michel

Partgagez

Plus d'articles

Ecrivez-nous