La Jeune Rue à Paris: perquisition fiscale et procédures judiciaires en série

Un projet qui s'effondre comme un château de cartes. La Jeune Rue, le projet pharaonique de Cédric Naudon, avait pour but de transformer un quartier entier de Paris en marché gastronomique et écologique.

La Jeune Rue à Paris: perquisition fiscale et procédures judiciaires en série

Je vous avais parlé l’année dernière de cette idée ambitieuse. Le projet gastronomique la Jeune Rue connaît de nouveaux revers. Après les impayés et les financements refusés, les procédures judiciaires s’accumulent et la Direction d’enquêtes fiscales perquisitionne.

La Jeune Rue à Paris: perquisition fiscale et procédures judiciaires en série

Un projet qui s’effondre comme un château de cartes. La Jeune Rue, le projet pharaonique de Cédric Naudon, avait pour but de transformer un quartier entier de Paris en marché gastronomique et écologique. Lancé en janvier 2014, le modèle a pris beaucoup de plomb dans l’aile. En novembre 2014 déjà, deux enquêtes révèlent des factures et des salaires impayés, des travaux interminables, des prêts bancaires refusés, un montage financier complexe… Dernier événement: mardi 17 mars, la Direction nationale d’enquêtes fiscales aurait perquisitionné les bureaux de Cédric Naudon, révèle L’Obs.

 

Fin 2014, le rêve tourne au cauchemar
Depuis la rentrée, la Jeune Rue ne cesse de faire face à des complications. En novembre 2014, Le Parisien et Le Monde dévoilent les salaires et factures impayés. Les travaux s’éternisent. Seuls deux établissements -sur 36 fonds de commerce- sont ouverts dans le quartier concerné, entre les rues du Vertbois, Volta et Notre-Dame-de-Nazareth. La Banque publique d’investissement (BPI) refuse un prêt de dix millions d’euros -partie majeure des 30 millions d’investissements nécessaires. Selon Cédric Naudon, “d’un commun accord’, la BPI n’est pas “entrée au capital”.
Le 30 janvier 2015, huit sociétés sont placées en redressement judiciaire, dont les restaurants Le Sergent recruteur et Le Pan. Le Tribunal de commerce de Paris se penche sur deux procédures judiciaires visant Cédric Naudon et sa société Off Holding (la holding qui gère ses 28 entreprises). Les comptes bancaires de cette dernière ont d’ailleurs fait l’objet de saisies conservatoires par décision de justice. La société ED Conseils, chargée de la communication de la Jeune Rue, a également engagé une autre procédure pour non-paiement de factures. Des sociétés de plomberie et de maçonnerie et un designer réclament aussi leurs dûs en justice. Et le service de presse reconnaît que 35 personnes sur 110 avaient été licenciées début décembre “en raison des retards du projet”.
Quatre autres sociétés gérées par Cédric Naudon, dont Synergies Conseil, Lea Invest et Polaris, ont été placées en liquidation.

 

Dénonciations, départs et poursuites
Mi-février, un collectif d’une vingtaine d’anciens salariés, aidés de l’avocat Patrick Tymen, dénoncent “un système de financement et de gestion d’une totale opacité dont la mise en place par Cédric Naudon semble avoir été volontaire”.
Le 10 mars, le site Gault & Millau révèle que le chef du Sergent recruteur, Antonin Bonnet, quitte son poste pour s’accorder “un temps sabbatique pour des projets personnels de réflexion et de voyage”. Il était l’un de plus fervents défenseurs de la Jeune Rue, au début.
Dernier rebondissement: ce mardi 17 mars, la Direction nationale d’enquêtes fiscales (DNEF) effectue une perquisition dans les bureaux de Cédric Naudon. Selon L’Obs, les ordinateurs ont été saisis. Le site estime à 4,95 millions d’euros le montant total des impayés de la Jeune Rue. Toujours selon le site, plusieurs établissements auraient assigné Cédric Naudon en justice. L’agence de presse Item, qui s’occupait de la Jeune Rue, nous a confirmé avoir lancé une procédure de recouvrement des impayés.

 

L’énigme Cédric Naudon
Toujours, la personnalité de Cédric Naudon est pointée du doigt. Personnage haut en couleurs qui affiche son goût pour le luxe, il affirme avoir fait sa fortune dans l’immobilier aux Etats-Unis. Cependant, aucune trace n’existe. Il a déjà monté des affaires au Canada -il est d’ailleurs toujours poursuivi par Bruno Gaccio- avant de lancer la Jeune Rue à l’aide d’une nébuleuse de sociétés.
“C’est cette gestion catastrophique, mêlée à la soif démesurée de reconnaissance de son dirigeant, qui a finalement mené La Jeune Rue dans l’impasse et conduit à la trahison des idéaux portés par ce projet, au détriment des petits producteurs, des consommateurs et des salariés”, avance le collectif d’anciens salariés, en février, dans un communiqué à l’AFP. La réalité est donc malheureusement bien éloignée du discours angélique sur la transparence et la vertu. L’admettre n’est pas, pour les salariés de la Jeune Rue, faire preuve d’amertume; mais la lucidité impose que ce triste constat, synonyme d’un irrémédiable gâchis, soit établi.”
A ce jour, seuls deux établissements (Anahi et Ibaji) ont vu le jour dans le quartier du Marais. Deux autres restaurants (Le Pan, Le Sergent recruteur) existent sous le “label” de la Jeune Rue. Or il semble aujourd’hui difficile d’imaginer les autres fonds de commerce ouvrir prochainement.

http://lajeunerue.com

Ulla Majoube

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