Les hôteliers parisiens n’ont besoin de personne pour pousser les clients chez AirBnB

Les hôteliers parisiens n’ont besoin de personne pour pousser les clients chez AirBnB

Il y a quelques jours se tenait le salon SIAL à Villepinte et de très et trop nombreux hôteliers parisiens se sont à nouveau « lâchés » avec des prix affolants : entre 500 et 600 € par nuit, hors petit déjeuner, dans des dizaines de 3* parisiens.

Les hôteliers parisiens n’ont besoin de personne pour pousser les clients chez AirBnB

SIAL, Nouvel An,… : tout est prétexte à prendre les clients pour des vaches à lait

Au palmarès des excuses de ceux qui défendent ce « c’est l’jeu ma pov’Lucette » : « la SNCF ou les compagnies aériennes en font autant », « c’est l’offre et la demande », « ça compense les jours où c’est vide »…

Un échantillon :

Les hôteliers parisiens n’ont besoin de personne pour pousser les clients chez AirBnB

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Ah ces p… d’avis client

Après avoir facturé 500 ou 600 € les 10 ou 11 m2, il ne faut pas s’étonner de prendre des avis calamiteux dans la foulée.

A ce niveau de prix, le client peut en effet être exigeant, il peut s’étonner de devoir porter ses bagages soi même, de ne pas avoir de room service, d’avoir une moquette ayant bien vécu, d’avoir du linge de toilette au grammage léger, d’avoir des joints de douche ou de baignoire ragoutant, d’avoir un distributeur de jus de fruits ou des couverts jetables au petit déjeuner, etc, etc, etc…

 

D’autres villes ont combattu l’égoïsme primitif

La compétition est rude entre les destinations en mesure d’accueillir de gros évènements : Paris, Londres, Barcelone, Berlin, Prague, Cannes, etc… et certains évènements ont déménagé, le coût global et exhorbitant étant quasiment toujours dans le top 3 des motifs de départ.

Les comportements manifestement abusifs de certains prestataires (transporteurs, VTC, salle de congrès, location de matériel, hébergements…) ont de facto un impact sur la facture globale d’un évènement : certes ce n’est pas l’organisateur qui paie 100% des frais, néanmoins ils impactent de plein fouet ceux que l’organisateur veut voir : les VI-SI-TEURS. Effrayer les visiteurs avec des pratiques de surfacturation systématique a un impact évident : il fait hésiter ou fuir les exposants, et sans exposants, le salon au mieux réduit son impact et au pire disparaît (dans une autre ville).

Hôteliers et organisateurs de salon sont donc sur le même bateau et devraient avoir le même objectif, celui de ne pas couler.

Quant aux abus pour le Nouvel An, au lieu de revenir à Paris, nombreux sont les touristes à privilégier d’autres capitales plus lointaines pour le même prix global (incluant le transport NDLR).

 

Parmi les hôteliers, des grincheux du tourisme

De nombreux hôteliers font penser à ces cousins grincheux qu’on ne voit qu’aux banquets de famille : ils arrivent en retard, moquent la décoration et les couverts, critiquent la qualité des ingrédients, assassinent le menu, s’essuient les mains sur la nappe et quand tourne la corbeille d’un hypothétique pourboire pour le personnel, râclent les pièces jaunes qui leur restent d’avant le passage à l’euro et s’étonnent de voir des grimaces face à tant de générosité.

Qu’ont-ils fait pour ce grand banquet du tourisme dont les invitations et la participation financière émanent des autres membres de la grande famille du tourisme que sont :

  • les institutionnels du tourisme, qu’ils soient locaux, régionaux ou nationaux
  • les attractions de tous type : musées, théâtres, expositions, foires, parcs d’attraction…
  • les grands magasins et les associations de commerçants
  • certains verticaux comme le monde de la mode
  • la mairie
  • les agents de voyage, qu’ils soient en ligne comme Expedia ou hors ligne
  • les voyageurs eux même qui racontent les plaisirs qu’ils ont pris à venir à Paris
  • etc…

Les hôteliers sont nombreux à se plaindre des commissions qu’ils paient aux OTAs alors qu’ils n’ont eux même aucune ou quasiment aucune action commerciale pro-active pour leur propre établissement. Alors de là à faire du marketing et du commercial pour la destination, faut pas rêver !

Le renouveau de l’hôtellerie parisienne et ses néo-4* aux chambres de 12 m2

Depuis quinze ans, les rénovations d’hôtels à Paris ont été nombreuses. Avec les normes de classement à peine laxistes, des 3* sont devenus 4* d’un coup de baguette magique, sans avoir touché à la superficie de la chambre ni des communs : un peu de déco, et hop le tour est joué. Trop de ces 4* ont des chambres de 12 à 14 m2 aux salles-de-bains où entrer à deux exige des talents de contorsionniste.

Côté petit-déjeuner, on trouve encore des buffets avec de purs produits industriels, du pain caoutchouteux, du jus de fruit bien reconstitué dans un distributeur imposant et moche, du café 1er prix, etc… Ça n’est pourtant pas difficile de trouver un bon boulanger dans Paris ! Ah oui mais ça coûte cher

Côté prix, nombreux sont ceux à osciller entre une centaine d’euros et 700 ou 800 € en fonction de l’occupation, comme s’il était normal de pratiquer des écarts de prix de 1 à 8, parfois plus.

 

Le “YIELD”, nouveau rite liturgique

Dans un monde laïc et matérialiste, le profit instantané est devenu LA religion du moment. Le yield est l’osculatoire des temps modernes, cet objet qu’il faut baiser frénétiquement et à toute heure pour assurer son ascension au paradis.

Le yield, c’est comme le chocolat : un plaisir subtil quand on déguste un grand cru, ou juste une goinfrerie quand on le dévore déguisé en Nutella dégoulinant d’huile de palme.

 

La pré-autorisation à tort et à travers

Bien évidemment, pas de yield qui se respecte sans une utilisation obsessionnelle de la pré-autorisation, sans aucun respect pour le client a qui on raconte des calembourgs sur “ça dépend de la relation que vous avez avec votre banque” pour justifier l’injustifiable et parfois illégal : prendre une pré autorisation à J-10 ou J-15 pour une réservation flexible annulable sans frais jusqu’à J-2 est purement et simplement illégal. Quand rien n’est indiqué dans les CGV, prendre une préauto est illégal, point-barre !

Les hôteliers parisiens n’ont besoin de personne pour pousser les clients chez AirBnB

Et quand par fainéantise on refait le coup de la préauto au check-in puis on redemande la carte du client au check-out, on a en fait bloqué 3 fois la somme sur la carte de paiement du client. Le client qui voyage peu ne se rend pas compte de la supercherie. Celui qui voyage beaucoup voit sa ou ses cartes de paiement bloquées pour plafond atteint ou provision insuffisante sans aucune raison. Le client n’est pas banquier et ce n’est pas son rôle que d’être la marionnette de l’hôtel.

Cet article de 2012 est toujours d’actualité : Du bon usage de la pré-autorisation

 

L’hôtellerie, un emblème de l’ancien monde

Dans un monde de l’entreprise obsédé par l’OPEX qu’imposent les géants du web au lieu du CAPEX qui a gouverné le monde depuis des siècles, l’hôtellerie est une des industries qu’on ne peut pas OPEXiser à outrance : la rentabilité des murs d’un hôtel se compte en décennies, pas en mois ni en année. Quant à la valeur du fonds de commerce qui peut facilement atteindre 6 fois le CA à Paris, on se doute bien qu’il ne va pas s’amortir rapidement.

On pourrait donc se dire qu’être hôtelier à Paris, c’est agir sur le long terme, c’est s’inscrire dans une dynamique de marathon par équipe. A-t-on déjà vu un marathonien faire varier sa vitesse de 1 à 8 ? C’est pourtant ce que les ayatollahs du yield nous assènent ! Comme s’ils allaient pouvoir tenir ce rythme sur la durée !!!

 

Haro sur Airbnb

A les écouter, tout est « la faute à AirBnB », ce vilain trublion qui permet à de très vilains propriétaires de gagner de l’argent.

La fiscalité de l’économie collaborative commence enfin à se réguler. Les autorisations administratives sont désormais la règle à Paris. On peut donc dire que les choses sont en train de se régler et vont prochainement atteindre un point d’équilibre.

AirBnB ne paie pas beaucoup d’impôts en France, à l’instar de Booking, Expedia, Amazon, Apple et même Total, un groupe pourtant bien français qui sait « optimiser » comme on dit dans les milieux avertis. On ne peut quand même pas reprocher à ces acteurs d’utiliser les outils d’optimisation que la loi leur offre ! Ceci dit, quand on voit le poids des impôts/taxes/cotisations/etc qui pèsent sur les français et sur les entreprises françaises, faire des « économies » sur ce sujet est un principe de bon sens !

Dans un contexte de croissance du nombre des visiteurs et de taux de remplissage élevés dans Paris, il faut une dose conséquente de mauvaise foi pour accuser AirBnB de piquer les clients des hôtels. Sans AirBnB, jusqu’où iraient nos braves égoïstes ? 800 € la nuit en 3* pendant le SIAL ? 1.000 € ? 1.500 € ?

Les co-propriétaires des immeubles où sévit AirBnB subissent de vrais dommages et de vrais désagréments, eux ! Et on ne parle pas des gens qui ne parviennent plus à se loger dans Paris à l’année par pénurie de biens en location : pour ceux qui sont nés dans Paris (et pas qu’eux d’ailleurs), le désagrément d’habiter en banlieue est QUO-TI-DIEN !

Conclusion

A la campagne, on comprend que pour récolter de beaux fruits au fil des ans, il faut prendre soin de son verger, de sa terre, de son irrigation, et le protéger de la maraude ou des oiseaux. A Paris, on pense « presque » que les fruits poussent dans des cageots, bien rangés par taille et la queue toujours en l’air…

TOUS les acteurs du tourisme sont sur le même bateau et personne ne peut tirer la couverture à soi, surtout quand il n’a participé à rien dans la promotion de sa ville. Même si la pilule peut être dure à avaler, il va bien falloir que les hôteliers parisiens se mettent à travailler main dans la main avec AirBnB, Expedia, les musées, la mairie, etc…

“TendanceHotellerie” ainsi que le lien https://suiv.me/10446 vers sa source ou le QR Code accessible à l’adresse https://suiv.me/10446.qr. 

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