Quand l’hotellerie restauration est pratiquée par des passionnés, heureux de vivre et de donner du bonheur aux gens, cela se voit. Elle est serveuse à 68 ans, il est chef de cuisine à 62 ans, mais ils continuent de travailler pour garder la forme.

L'Hôtellerie Restauration ça Conserve!

Qui sont ces « tauliers » de l’hôtellerie restauration ?

Les habitués de la Rôtisserie St-Hubert du boulevard Laurier à Québec connaissent bien Louise Trépanier, 68 ans et serveuse.

Toujours souriante, cette femme travaillante dégage la joie de vivre autour d’elle. Pour l’employeur, son attitude positive contribue à l’esprit d’équipe.

Mme Trépanier travaille pour le Groupe Martin depuis 38 ans. Au cours de sa carrière, elle a occupé différentes fonctions. Elle a même été la patronne de l’un des patrons actuels de l’entreprise, Jean Martin, à l’époque où elle dirigeait un restaurant.

« Je les ai connus en culottes courtes! », lance Louise en riant.

Les fidèles gourmands du restaurant Chez Lévèque rue Laurier ouest à Montréal ont tous goutés aux plats de Michel Servières. Chef cuisinier de 62 ans, sa joie de vivre se ressent jusque dans les assiettes qu’il sert à ses convives.

Le sourire vissé sur le visage et plein d’humour, cet homme de poigne travaille pour le même employeur depuis 30 ans. Un exploit dans le domaine de l’hôtellerie restauration qui connaît une pénurie sans précédent en matière de personnel. Son caractère dynamique et franc du collier est une valeur sûre en cuisine. Un atout majeur pour la cohésion du groupe.

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Leur rythme de travail

Aujourd’hui, Mme Trépanier et Monsieur Servières ont ralentis la cadence. Elle travaille une quinzaine d’heures par semaine réparties sur trois jours. Quant à lui, après avoir travaillé 50 heures/semaine durant 20 ans il n’en fait « plus que 30 » aujourd’hui.

Madame Trépanier travaille dans un grand groupe. Elle à donc accès à un programme mis en place par son employeur.  Celui ci a pour but de favoriser le maintien à l’emploi des travailleurs plus âgés.

De plus, elle a mis des économies de côté en vue de sa retraite. Elle assure que travailler lui permet de se gâter et de rester active.

« J’aime aller au cinéma, je cuisine et je voyage un peu. J’aime profiter des petites choses de la vie que l’on n’a pas le temps de faire quand on travaille à temps plein. »

Monsieur Servières à bien profité de la vie. Il s’est beaucoup amusé mais à correctement assuré ses arrières afin de s’assurer une retraite paisible. Celle ci sera ponctuée par ses 3 passions : la chasse, la pêche et le jardinage.

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Travailler avec des jeunes

Nos deux « anciens » ne ressentent pas le choc des générations. Au contraire, ils sont heureux de pouvoir profiter de la présence de jeunes autour d’eux.

« Ils sont contents de me montrer leur savoir. Autant que nous le sommes de montrer le nôtre. Je dis toujours que travailler avec des jeunes, ça nous garde en forme. C’est vrai que c’est dur physiquement, mais je suis chanceuse, car j’ai une bonne santé. À travailler seulement 15 heures par semaine, je n’ai pas le temps de m’essouffler », raconte Louise Trépanier.

Monsieur Servières quant à lui est entouré exclusivement de « jeunes » qui pour certains sortent de l’école ou ont l’âge de ses enfants. Ils se chamaillent, se « chambrent », se racontent des niaiseries à longueur de temps.

La transmission du savoir faire, extrêmement utile pour la relève, se fait une ambiance de travail agréable et drôle. « Venir travailler est un pur plaisir, cela me garde alerte, et en grande forme. J’aime voir du monde, plaisanter et cuisiner, alors cuisiner en plaisantant : quel bonheur ! »

Avec un horaire allégé, Louise profite du plus beau des deux mondes. « Je ne travaille jamais les fins de semaine et les congés fériés. J’ai six semaines de vacances payées par année. Quand je n’aurai plus de plaisir à aller travailler, c’est là que je vais arrêter. »

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Des rêves à réaliser

Le revenu de Louise Trépanier lui permet de voyager à l’occasion et de magasiner de belles choses. Avec son pouvoir d’achat, elle contribue à faire rouler l’économie.

« J’ai des amis en Floride que je visite de temps en temps, mais mon rêve serait d’aller en Italie », indique celle qui a encore plusieurs projets en tête.

« J’ai encore beaucoup d’énergie », affirme-t-elle.

La plupart de ses amis sont à la retraite. Quand ils lui posent la question à savoir quand elle compte accrocher ses patins, elle répond « quand je serai prête. »

« Il y a des gens qui me demandent pourquoi je n’arrête pas pendant que je suis en santé. Mais moi, mon travail, ça fait partie de mon social. Tant que je vais pouvoir le faire, je vais continuer. »

Michel s’est fixé l’âge de 65 ans pour partir à la retraite. Il pourrait s’arrêter dès maintenant mais comme il le dit : « Je ne suis pas un homme d’argent, je n’ai pas besoin de gros moyens pour vivre et être heureux. Tant que le plaisir de travailler sera là, je serais là ! »

Quel avenir pour l’industrie ?

Le milieu de l’hôtellerie restauration est dur, la pénurie de main d’œuvre est croissante. De plus en plus de travailleurs, comme Louise et Michel, décident de rester sur le marché du travail. Par choix ou par obligation.

Selon les plus récentes données sur l’emploi publiées par l’Institut du Québec, le niveau d’activité des 55 ans et plus est passé de 29,3 % en 2007 à 34,2 % en 2017.

Les jeunes désertent peu à peu les bancs des écoles de cuisines. Les entreprises se doivent de retenir leurs employés qui souhaitent rester. Malgré leur âge, la pénibilité du travail et les horaires invraisemblables que nous connaissons tous en hôtellerie restauration.

Retenir ses employés passe par une bonne ambiance de travail. De bons managers motivants et compréhensifs. Et bien sur un salaire à la hauteur de l’expérience et des compétences de chacun.

Souhaitons à Louise et Michel, tout le bonheur possible au travail. Une excellente santé pour continuer à faire plaisir à leurs clients. Et une longue et paisible retraite quand ILS auront décidés de la prendre.

Lire le texte original du Journal de Québec.
Crédit photo pour Madame Trépanier : Jean-François Desgagnés
Crédit photo pour Monsieur Servières : Montréal info