Le projet du parti Poétique, de la ferme de Gally et du Chef Alain Ducasse

Le projet du parti Poétique, de la ferme de Gally et du Chef Alain Ducasse

 

Le samedi 19 mai, le collectif Parti poétique et les Fermes de Gally inaugurent la Ferme urbaine de Saint-Denis. C’est aussi la première étape d’un projet qui s’appelle “Mieux !” : une académie de cuisine à Saint-Denis avec le chef Alain Ducasse, pour des jeunes en réinsertion, qui va voir le jour d’ici deux ou trois ans. Ils s’approvisionneront la ferme. Pour valoriser le bon, le sain et le local.

La dernière ferme maraîchère du 19e siècle encore en activité aux portes de Paris a été reprise par le collectif d’artistes Parti poétique, associé aux Fermes de Gally, pour y créer un projet entre agriculture, art et alimentation. Juste avant l’ouverture officielle au public ce samedi 19 mai, on a posé 5 questions à Jean-Philip Lucas du Parti poétique.

On a essayé de faire que cette ferme soit le plus possible à l’image de Saint-Denis : une ferme des cultures du monde.

Vous ouvrez demain la Ferme urbaine de Saint-Denis. C’est quoi ?

Il y a encore deux ans, cette ferme était exploitée par un maraîcher. C’était la dernière ferme maraîchère aux portes de Paris en activité. Avant, dans toute cette zone, Saint-Denis, la Courneuve, Bobigny, il y avait la “plaine des vertus“, la terre nourricière de l’Ile-de-France. Au fur et à mesure, avec la pression immobilière, toutes les terres ont été rachetées et on a construit dessus. En 1983, le maire de Saint-Denis a racheté la ferme pour protéger l’agriculteur et il s’est engagé à ne jamais construire sur cette parcelle. C’est un choix politique assez fort. Le terrain appartient toujours à la mairie. Mais il y a deux ans, l’agriculteur a décidé de prendre sa retraite. La ville a donc fait un appel à projets.

Avec le Parti poétique, une association créée en 2003, on travaille sur l’art et l’environnement et on est justement basés à Saint-Denis. On s’est dit que ce serait dommage que ce ne soit pas repris par des acteurs du territoire. Mais on n’est pas des agriculteurs, et le terrain fait quand même 3,7 hectares ! Donc on s’est associés avec les Fermes de Gally, et on a repris la ferme début 2017. La Ferme urbaine de Saint-Denis comprend deux projets : la Zone sensible (Parti poétique), une ferme de 1 hectare en permaculture, autour d’un projet “nature–culture–nourriture” et d’une programmation culturelle, et la Ferme ouverte (Fermes de Gally), pour le côté pédagogique et patrimonial.

©Jean Pierre Sageot

Donc vous allez perpétuer la tradition maraîchère ?

Il y aura des paniers de fruits et légumes pour les habitants de Saint-Denis et quelques restaurateurs franciliens, mais ce ne sera pas en grande quantité. En revanche, on a essayé de faire en sorte que cette ferme soit le plus possible à l’image de Saint-Denis. C’est l’une des villes les plus multiculturelles de France, il y a 135 nationalités différentes. Ce sera un peu une ferme des cultures du monde : en tout, on a planté plus de 120 espèces différentes de fleurs, légumes et aromatiques. On travaille notamment avec les anthropologues du CNRS et du Muséum d’Histoire naturelle pour faire un inventaire des recettes des habitants de la ville, de leurs pays d’origine, et ensuite réaliser des ateliers puis mettre en place une cuisine. On a par exemple des concombres du Mexique (de petits concombres qui ressemblent à des pastèques de 2 cm de diamètre), du gombo, huit espèces de tomates…

Une journée théâtre, des cinémas en plein air, une galerie d’art contemporain à ciel ouvert, une académie de cuisine par Alain Ducasse pour des jeunes en réinsertion…

Pourquoi mêler culture, nature et nourriture ?

Parce que ce sont des aspects qui ne vont pas toujours ensemble. On travaille beaucoup avec les écoles ou les maisons de quartier à Saint-Denis, et on a vu que pour les enfants, voir une œuvre d’art, c’est compliqué, c’est forcément au musée, ça leur fait peur. En mettant des œuvres à l’extérieur, ça permet de leur montrer que l’art n’est pas forcément là où on l’attend. C’est notre ambition : par la ferme, arriver à faire découvrir la culture aussi. Pareil avec la nature et la nourriture : on veut montrer que ce n’est pas ce qu’on achète lyophilisé au supermarché, ni ce qu’on trouve au McDo. Saint-Denis, c’est la ville où il y a le plus de diabétiques en France et un taux d’obésité très élevé. Il y a de vrais enjeux d’alimentation et d’habitudes locavores. Notre “centre de production d’art et de nourriture” sera un laboratoire de recherche à ciel ouvert, pour proposer autre chose, autrement.

©Jean Pierre Sageot

Que va-t-on découvrir lors de cette journée d’ouverture ?

Le 19 mai, ce sera encore un peu expérimental. C’est une première ouverture, mais ce n’est pas une inauguration officielle. On invite les gens à visiter la ferme gratuitement. Il y aura un food-truck qui proposera des légumes de la ferme, un concert de balafondans l’aprem. On va aussi faire venir 50 moutons de Clinamen, des bergers en Seine-Saint-Denis. Ce sera surtout une journée conviviale, pour venir boire un verre, avant une programmation culturelle plus soutenue.

Et les prochaines étapes ?

Le premier événement culturel aura lieu le 26 mai, avec une journée théâtre à la ferme, gratuite, des ateliers et des spectacles pour enfants, des concerts. De là, on organisera des cinémas en plein air pendant l’été, des banquets. On espère pouvoir inaugurer unegalerie d’art contemporain à ciel ouvert en septembre. Quand on aura créé une cuisine professionnelle, il va y avoir des résidences de recherche, des résidences de savoir-faire culinaires du quartier. La ferme est aussi la première étape d’un projet qui s’appelle “Mieux !” : une académie de cuisine à Saint-Denis avec le chef Alain Ducasse, pour des jeunes en réinsertion, qui va voir le jour d’ici deux ou trois ans. Ils s’approvisionneront la ferme. Pour valoriser le bon, le sain et le local.

Première ouverture de la Ferme urbaine de Saint-Denis
Samedi 19 mai 2018 de 10 h à 18 h
112 avenue de Stalingrad 93200 Saint-Denis
Pour plus d’informations, cliquez ici.

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