Le gouvernement dévoile ses mesures de soutien aux établissements de nouveau fermés

Le premier ministre Jean Castex débat avec Delphine Roux, restauratrice à Marseille, lors de l’émission Vous avez la parole sur France 2, le 24 septembre. Son établissement devra en principe fermer à partir 26 pour une durée de deux semaines.

Sans précédent ! C’est la première fois, depuis le début de la crise sanitaire, que des cafetiers et des restaurateurs sont aussi hostiles à une décision gouvernementale et l’expriment avec autant de force. Annoncée mercredi soir par Olivier Véran, l’Etat prévoit de fermer à nouveau et pendant 15 jours les bars de 12 métropoles. Ainsi que les restaurants de Guadeloupe et Marseille. Fermetures totales dans ces deux collectivités classées en zone d’alerte maximale. Et partielles dans les autres (à partir de 22 h, en principe), les préfets en fixant les modalités.

Une réaction hostile manifestée la fois dans la rue, avec des manifestations à Paris et à Marseille rassemblant des centaines de professionnels. Et dans les déclarations des organisations patronales. Umih, GNI, GNC et SNRTC ont publié, fait exceptionnel, un communiqué commun musclé.

Les quatre syndicats « dénoncent une mesure injuste, discriminatoire et incohérente et demandent le retrait immédiat de cette décision». Ils menacent même d’aller devant les tribunaux. Et assurent qu’ils« cesseraient tous travaux avec le Gouvernement jusqu’à nouvel ordre», si les mesures de soutien annoncées plus tard par Bruno Le Maire n’étaient pas à la hauteur de leurs attentes.

Le gouvernement ne pouvait trop tarder à tenter d’éteindre ce dossier inflammable. Il est revenu à Jean Castex lui-même, jeudi soir, sur la chaîne de TV France 2, de commencer à détailler ces nouvelles mesures. Le chômage partiel n’en est pas vraiment une, le gouvernement ayant déjà décidé de prolonger le dispositif. Contrairement à l’exonération des charges sociales pendant la fermeture. De même, le relèvement du fonds de solidarité à 10 000 euros.

La ville de Marseille a d’ors et déjà fait savoir que sa police municipale ne verbalisera pas les bars et restaurants qui resteront ouverts. Une certaine conception de la discipline républicaine à la Française…

Extraits de l’émission Vous avez la parole (24 septembre)

Delphine Roux, restauratrice à Marseille « Madie Les Gallinettes » (9 employés)

« C’est une mesure catastrophique, pour nous restaurateurs. On a lutté pendant deux mois et demi pour pouvoir survivre après le confinement du mois de mars. Ensuite on a réouvert, on nous a demandé de fermer à 23 h le soir, ce qui a arrêté toute l’activité économique de la ville et de la restauration.

Et aujourd’hui, on nous demande de fermer 15 jours de plus. Alors qu’on a pris des mesures, on a été des bons élèves, on a écarté nos tables. J’ai enlevé plus de 25 % des tables de ma clientèle, j’ai mis du personnel au chômage. Et là on ne peut pas durer comme ça, on est pas, nous restaurateurs, responsables de la propagation du virus à Marseille. C’est complètement aberrant, elle ne tient pas la route, cette mesure. On se sent complètement lésé, on se demande qu’est ce qu’on nous veut à nous, restaurateurs marseillais, on ne comprend pas.

Regardez, nos tables sont écartées, elles sont à plus de 1,5 m chacun. On a du gel hydroalcoolique. On sert avec des masques. Tout le personnel est équipé de masque, se lave régulièrement les mains avec du gel hydroalcoolique. Nos clients sont écartés, on a condamné énormément de tables. On ne comprend pas. Il n’y a pas plus de danger à venir manger chez nous qu’ailleurs. Les grandes surfaces sont ouvertes, les grands magasins. Tout est ouvert. Les mesures dans les écoles sont un peu allégées. Et nous, on nous demande de fermer. Cela ne se justifie pas. »

Jean Castex premier ministre

« Quand on a une flambée, une reprise de l’épidémie, on sait qu’on a des lieux plus particulièrement propices à la circulation du virus. Les bars et les restaurants, en particulier. On a une chance de se contaminer trois fois plus qu’ailleurs dans un bar, deux fois plus dans un restaurant.

Toutes les études dont nous disposons montrent, et d’ailleurs les pays étrangers agissent comme nous, que les restaurants sont un lieu possible de circulation virale.

La mesure qu’est décidée, à partir de samedi, c’est pour 15 jours. Et nous espérons bien, qu’à côté de toutes les autres mesures que nous prenons à côté, nous pourrons réouvrir dans 15 jours.

Vous avez dit : je n’y suis pour rien. Et je vous approuve totalement. Donc, nous allons indemniser la perte du chiffre d’affaires que vous allez subir pendant cette période. Vous pourrez refaire appel au chômage partiel, ce qui ne vous coûtera rien. En plus, nous avons décidé d’exonérer vos charges sociales correspondant à la période où vous serez fermé. Et nous avons décidé d’augmenter le fonds de solidarité pour couvrir vos charges fixes jusqu’à 10 000 euros pendant cette période.

Il n’est pas question que vous subissiez les conséquences de ces mesures sanitaires indispensables.»

Les collectivités territoriales concernées par les fermetures

11 métropoles situées dans la zone d’alerte renforcée

Ce sont les zones où le taux d’incidence dépasse les 150 cas pour 100.000 habitants et où le taux d’incidence chez les personnes âgées dépasse le seuil des 50 cas pour 100.000 habitants.Ce second niveau concerne onze métropoles en France  :
Paris, Lyon, Lille, Toulouse, Bordeaux, Saint-Etienne, Rennes, Rouen, Grenoble, Montpellier et Nice

Les bars de ces onze métropoles devront fermer plus tôt. Les préfets fixeront les heures de fermeture. Avec 22 heures comme plafond, selon les consignes du gouvernement.

Les restaurants ne sont pas concernés par ces fermetures anticipées.

Les bars devront fermer à 22h00 à Paris. Les restaurants qui ne servent « pas d’alcool sans nourriture » ne seront pas concernés par cette restriction anti-Covid, a précisé la préfecture de police dans un message transmis vendredi aux maires d’arrondissement.

1 département et 1 métropole situés dans la zone d’alerte maximale

Pour l’atteindre, il faut dépasser trois seuils. Une incidence de 250 contaminations pour 100 000 habitants. De plus de 100 contaminations pour 100 000 s’agissant des seules personnes âgées. Et l’occupation d’au moins 30 % des lits de réanimation par des patients Covid.

Seules la Guadeloupe et la métropole Aix-Marseille entrent dans cette catégorie, la dernière avant le passage en « état d’urgence sanitaire ».