JE VENAIS D’UN PAYS RÉTROGRADE

Ça été pour moi une révélation, la preuve que tout était possible au Québec, j’ai compris qu’il y a des gens, des services, un système institutionnel qui sont là pour nous écouter et nous aider à développer nos projets.

À peine j’avais posé mes valises à Montréal qu’une impression me hantait, un message subliminal que j’essayais de refouler, mais ce message intérieur me disait que je venais d’un pays rétrograde. Et qu’est ce qui affecte plus la jeunesse, et l’espoir qui vient avec, que les idées rétrogrades ? C’était alors une évidence, j’avais passé la première partie de ma vie à lutter contre ce flux de pensées. Être tourné vers le passé qui nuit gravement à l’épanouissement de la frange la plus jeune et la plus fragile de sa population, car il faut réaliser que c’est dans les premières années de sa vie que notre être se construit.

LA FRANCE NE RECONNAIT PAS SES LACUNES

Le plus frustrant dans tout ça fut de constater que non seulement son propre pays n’est pas là pour nous soutenir, mais qu’en plus il se défend et nie cette constatation quotidienne. La France ne respecte pas sa jeunesse, c’est désormais une évidence. Il suffit de constater les carences de son système scolaire, la pédagogie déficiente qui sévit trop souvent dans ses établissements d’enseignement, et l’état du marché de travail pour en venir aisément à cette conclusion.

Avec le temps, 23 ans plus tard, on aurait pu croire que ma vision des choses a changé, puisque je ne fait plus partie des 18-35 ans, mais à chaque fois que je retourne dans mon pays natal, je suis stupéfait à quel point il n’est toujours pas adapté à sa jeunesse. Je le trouve dur, tranchant, dans le jugement, je trouve les gens agressifs et peu respectueux les uns envers les autres. Je trouve qu’il n’y a pas d’écoute, et peu d’empathie. Je trouve qu’il positionne ses valeurs de modernité à la mauvaise place, la modernité d’une société est, selon moi, sa capacité à intégrer les minorités, à placer les plus jeunes à des positions stratégiques, à valoriser l’inclusion des plus démunis, c’est ce qu’on appelle ici le progressisme.

LE QUÉBEC EST-IL UN ELDORADO ?

Mais alors, le Québec serait-il parfait ? Serait-ce l’Eldorado ? La destination finale où le bonheur est tellement pur et intense qu’on n’en revient jamais ? Vous savez très bien qu’il n’en est rien, le Québec, et le reste du Canada a ses propres défis, loin d’être parfait, il a ses défauts intrinsèques. Mais la différence majeure avec la France est qu’au moins, ici on est aligné dans la bonne direction, on regarde l’avenir sereinement sans se disputer sur cette orientation, c’est ce qu’on appelle ici le consensus, ah oui, ce fameux mot trop peu utilisé en France, et pour cause, la France est tout l’inverse, c’est une terre de débats, de combats de tous les instants. Et quel est le résultat, 23 ans plus tard ? Poser la question c’est y répondre me direz-vous.

COMMENT FONT LES JEUNES POUR SURVIVRE EN FRANCE ?

Je plains les jeunes Français, honnêtement je ne sais pas comment ils font pour survivre dans une telle ambiance morose. Et pourtant il ne faudrait pas grand chose pour que ça change, après tout, la France est un magnifique pays, il n’y a pas la guerre, c’est parmi les pays les plus riches du monde, alors comment se fait-il que ses plus jeunes concitoyens, ceux qui représentent l’avenir soient à ce point découragés, qu’ils décident aussi nombreux à le quitter ?

 

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