La cuisine est-elle encore un univers Macho?

Une "masterclass" de choix pour les futures cheffes, qui se retrouvent à manier des langoustines XXL. "Elles coûtent 8 euros pièce..." précise leur "mentor".

La cuisine est-elle encore un univers Macho?

 

C’était un peu la question au cœur du débat, ce lundi, au Centre d’excellence des métiers de l’hôtellerie. Invitée de marque: Stéphanie Thunus, cheffe étoilée du restaurant “Au Gré du Vent” (Seneffe). Pour elle, les mentalités ont bien évolué, depuis ses débuts. Aux filles de faire la différence, en cuisine, par leur force de travail et leur motivation. Girl power!

 

Face à ces jeunes étudiantes en cuisine, Stéphanie Thunus multiplie les conseils. “Ce métier est difficile, mais c’est d’abord une compétition contre soi même. Il faut travailler pour soi, apprendre apprendre apprendre. Tout noter dans un petit carnet, ça peut servir des années plus tard”. Ça lui arrive encore! Elle insiste également sur l’hygiène de vie, indispensable pour tenir “sur la longueur”. “Au début, je me souviens que je dormais une heure entre deux services. Pendant l’après-midi, je faisais une sieste pour être à nouveau en forme. Sinon, on n’a pas d’énergie, on a très mal aux jambes. Il faut prendre soin de soi, c’est indispensable”.

La cuisine est-elle encore un univers Macho?

Saint-Ghislain: La cuisine est elle encore un univers macho? – © Tous droits réservés

Coralie prend la parole. Elle s’inquiète des aspects pratiques de la vie de famille. Est-il possible de s’occuper de ses enfants et d’être cheffe de son restaurant? Un restaurant gastronomique, en plus? Comment aménager son temps quand on rentre tard presque tous les jours! “Tout est une question d’organisation. Si on veille à conserver toujours le même rythme, les enfants s’habituent. Ils comprennent que maman et papa doivent s’occuper des clients, qu’il y a du monde, que c’est comme ça (Ndlr : son mari gère avec elle le restaurant, il travaille en salle)”.

Après la présentation, les filles se disent “reboostées”. Certaines, qui pensaient s’orienter vers le service traiteur, semblent avoir changé d’avis. “Si elle le fait, pourquoi pas nous finalement?” Élèves de 6ème année, elles sont déjà toutes allées en stage. Avec les garçons, en cuisine, “ça se passe plutôt bien”, nous disent-elles. Même si parfois “il faut demander de l’aide, pour porter des casseroles, par exemple, car elles sont trop lourdes”. Mauvaise idée, glisse Stéphanie… Pour elle, s’imposer en cuisine, c’est aussi être indépendante au maximum. “Chaque fois que vous le pouvez, montrez que vous savez vous en sortir seule. Il faut porter une casserole de 20 kilos, passer la sauce? Montrez que c’est à votre portée. Et vous serez respectées!”

La cuisine est-elle encore un univers Macho?

Saint-Ghislain: La cuisine est elle encore un univers macho? – © Tous droits réservés

Stéphanie Thunus n’était pas venue les mains vides. “Je vais vous apprendre mon plat signature, la déclinaison de langoustines“, annonce-t-elle aux élèves. “Nous ferons aussi une soupe à l’oignon revisitée”. Une “masterclass” de choix pour les futures cheffes, qui se retrouvent à manier des langoustines XXL. “Elles coûtent 8 euros pièce…” précise leur “mentor”.

Claude Charlier, le coordinateur, tente de se faire tout petit. Il apprécie le sérieux avec lequel les jeunes filles suivent les conseils de Stéphanie Thunus. “Je les trouve beaucoup moins dissipées que lorsque nous leur donnons cours, héhé…”. En invitant une cheffe étoilée, il souhaitait donner un modèle à ses élèves, et surtout leur donner confiance dans leurs capacités. “Elles peuvent y arriver, j’espère que parmi elles il y a des grands de demain!”.

La cuisine est-elle encore un univers Macho?

La cuisine, un travail exigeant où la cheffe doit s’imposer – © Ronald Isaac – Députation Permanente de la Procince de Hainaut

 

Parmi les nombreuses récompenses qu’elle a déjà reçues, Stéphanie Thunus fut sacrée “Lady Chef of the year” (2014). Son restaurant a reçu la cote de 16/20 au Gault&Millau. Sans oublier la fameuse étoile décernée par le guide Michelin. “Mon plus beau souvenir, c’est lorsque mon fils de 5 ans est allé annoncer à son institutrice que j’avais eu l’étoile!”. Elle en a encore les larmes aux yeux.

RTBF

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